Un rapport parlementaire de 60 pages sur les sociétés militaires privées, rédigé par les députés Christian Menard et Claude Viollet, a été remis cette semaine à la commission de la Défense de l'Assemblée nationale. Les auteurs, qui se sont rendus sur plusieurs théâtres d'opérations (Algérie, Libye, Djibouti), ont constaté que les sociétés privées dans le domaine de la défense sont en passe de « devenir un acteur incontournable de la sécurité internationale ». « Près de 1500 sociétés militaires privées sont actives à travers le monde », poursuit le rapport en estimant le chiffre d'affaires global de ce secteur d'activité autour de 200 milliards de dollars par an. Un paysage largement dominé par les sociétés anglo-saxonnes, et, souligne le rapport, une présence française « faible ». Ce que les auteurs attribuent à une mauvaise image, notamment en raison de l'association à des pratiques de mercenariat ou des dérives de certaines sociétés américaines. Or, il n'y a « rien de commun entre les prestations d'ingénierie » proposées par les sociétés françaises et « l'action jadis de Bob Denard et ses associés », notent les rapporteurs. Le ministère de la Défense recense actuellement une dizaine d'entreprises françaises spécialisées « solides », dont la principale, Geos, compte 480 agents. Face à ce phénomène grandissant, notamment utilisé dans les menaces dites asymétriques, le rapport recommande la création d'un modèle français de SMP, dont les activités seraient autorisées et encadrée par la loi et qui soutiendrait « les valeurs qui sont les nôtres ». « Bien entendu, il faut une définition précise et raisonnable de ce que les armées peuvent externaliser et cela exclut par avance les actions de force mais couvre le soutien et la logistique ». La piraterie, pionnière de la protection privée Et comme terrain d'expérimentation, les rapporteurs ont pensé à la piraterie. En effet, ils doutent du « caractère soutenable du déploiement » des équipes de protection embarquée de la Marine nationale. « Le secteur privé offre une réponse complémentaire ». Et ils estiment que les armateurs français pourraient se tourner vers l'offre britannique, faute d'un cadre juridique permettant aux Français de concourir. Une position partagée par Armateurs de France, qui se félicite des propositions des deux députés. « Depuis 2008, les armateurs opérant des navires français bénéficient de la protection de la Marine nationale pour prévenir les risques d'attaques pirates . Malgré cela, l'insécurité des membres d'équipage augmente dans des zones à risques qui elles-mêmes s'étendent chaque jour un peu plus, tandis que les militaires français sont mobilisés sur de nombreux autres théâtres d'intervention. Armateurs de France est attaché à la primauté du régalien et au soutien efficace de la marine nationale. Néanmoins, lorsque les circonstances l'obligent et que la marine nationale refuse la mise à disposition d'équipes militaires embarquées, les armateurs doivent rechercher une alternative pour répondre à la demande des équipages d'être protégés contre les attaques de pirates. Dès lors, le recours à des personnels de protection privés sérieux doit pouvoir être envisagé dans un cadre juridique clair. En conséquence, Armateurs de France souhaite que les préconisations du rapport parlementaire soient suivies d'effet dans les plus brefs délais afin que le pavillon français reste une garantie de sécurité pour ses équipages ».
Piraterie : Les armateurs soutiennent le rapport parlementaire sur la protection privée
Par
Caroline Britz
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16/02/2012

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