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Environ 150 millions de tonnes se trouveraient dans l’océan. Un chiffre qui pourrait quadrupler pour atteindre 600 millions de tonnes en 2040, indiquait une étude publiée dans la revue Science, en juillet 2020.

Comment faire pour réduire cette pollution ? Quatre amis, jeunes officiers de marine marchande ou ingénieurs, fondent Plastic Odyssey. Ils veulent traiter le problème à sa source. Loin de se lancer dans la collecte des plastiques en mer, qui coulent au fond de l’eau et sont de toute façon rapidement dégradés en microparticules, ils proposent de mettre en œuvre des technologies « low-tech » et « open-source » pour les récupérer et les valoriser en amont.

Ils développent donc des machines peu chères capables de trier les plastiques avec un spectromètre, de les recycler en les chauffant pour les mouler en objet durables (brique, plaque, mobilier, canalisation…), d’en tirer de l’énergie par pyrolyse pour produire du carburant ou de les compacter pour les revendre à des usines de recyclages. L’idée est de s’adapter aux besoins de petits entrepreneurs locaux et de consolider un réseau de recyclage ou de poser les bases d’une économie du recyclage de plastique.

Un premier prototype

Hébergée à Concarneau dans les locaux du Fonds Explore Roland Jourdain, Plastic Odyssey lance en 2018 un petit prototype. Un catamaran de 6 mètres qui utilise du plastique comme combustible, en réalisant de la pyrolyse à bord.

Le démonstrateur fait le tour de France, mais il faut passer à la vitesse supérieure. Simon Bernard, l’un des cofondateurs, rêve d’un navire ambassadeur, d’une « Calypso du plastique ». Il s’agira de parcourir le monde pour fréquenter les points chauds de la pollution plastique, mener des actions pédagogiques, faire office de démonstrateur pour promouvoir l’intérêt des machines, mais aussi récolter les bonnes idées et soutenir les entrepreneurs.

 

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© JULIEN CARPENTIER

(© : JULIEN CARPENTIER)

 

Un ancien navire océanographique transformé

Dans un premier temps, il est question de construire un catamaran de 25 mètres, mais le projet, financé grâce à des partenaires, oblique vers la transformation d’un navire d’exploration existant. En octobre 2019, Plastic Odyssey acquiert le Victor Hensen, un ancien navire de recherche océanographique construit en 1975. Le navire de 39 mètres de long pour 9.4 de large est convoyé de Hanstholm (Danemark) à Boulogne-sur-Mer et l’équipe se met en quête d’un chantier pour le transformer.

Plastic Odyssey ambitionne alors de se lancer dans son périple autour du monde à l’automne 2020. Mais il doit faire face à plusieurs déconvenues. Avant même que les travaux commencent, chez Damen, à Dunkerque, de l’amiante est trouvé à bord. Il nécessitera des opérations lourdes. Néanmoins, le bateau est largement transformé et réaménagé avec notamment l’ajout d’un pont casquette. Il abritera un atelier de recyclage avec neuf machines de valorisation du plastique fabriquées à Marseille, dont un bac de lavage, un broyeur, un compacteur, une extrudeuse, une presse hydraulique ou encore une pyrolyse et un four à plaques.

Bientôt le début de l'expédition

Le bateau est remis à l’eau avec une nouvelle livrée et tous les feux semblent passer au vert après un chantier compliqué par la pandémie. Mais arrivé dans la dernière ligne droite, un ballast à l’arrière du navire est ausculté et il s’avère qu’il est dans un état catastrophique. Il faut le remplacer. Il n’y a plus de place chez Damen et c’est chez Eiffage, à Saint-Nazaire, qu’il faudra réaliser cette délicate opération. Le bateau y est arrivé le 16 janvier après un cabotage le long des côtes de la Manche et de Bretagne sud.

Avec toutes ces péripéties, le départ a dû être repoussé mais il tient toujours. Si tout se déroule comme prévu, les travaux à Saint-Nazaire dureront trois mois, suivis de quelques mois pour les essais et la mise en service. Commencera ensuite un long périple. Plastic Odyssey, qui vient de signer un nouveau partenariat avec CMA CGM, doit réaliser un tour du monde de trois ans à travers 30 pays. La première escale devrait avoir lieu en Egypte. Par la suite, dans chaque pays, Plastic Odyssey va chercher des solutions pertinentes proposées par des entrepreneurs et les soutenir pour tester, prototyper et développer leurs propositions de traitement des déchets plastiques.

© Un article de la rédaction de Mer et Marine. Reproduction interdite sans consentement du ou des auteurs.

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