Comme nous le savons tous, l’Union Soviétique fut une pionnière dans les recherches géophysiques et sismiques dans l’Arctique dès le début des années quatre-vingt. Possédant un important budget pour la recherche, l’URSS allait commander plusieurs navires dans les chantiers des pays du « bloc de l’Est ». Et en 1985, le chantier polonais de Stettin emportait la commande de neuf navires de recherche géophysique arctique d’une jauge brute de 2850 tonneaux. Le premier de cette série connue sous le nom de série « B93 » fut l’Akademik Fersman mis en service en 1986. Puis le rythme des lancements était soutenu pour que le dernier soit livré en 1988. Il s’agissait de l’Akademik Nemchinov. Ces neuf navires étaient destinés à la flotte basée à Mourmansk.
C’est en 1991 que Louis Dreyfus Armateurs faisait l’acquisition de cette unité pour sa filiale CGG. Et après de grosses transformations réalisées à Gdansk, il prenait le nom de CGG Sirocco. Ces dernières consistaient à installer du matériel électronique de dernière génération tant pour la navigation que pour la recherche sismique et créer un centre opérationnel destiné aux scientifiques. Les emménagements prévus pour loger 56 personnes – équipage de conduite + scientifiques – furent à l’occasion rénovés. Sur l’arrière du navire modifié, le pont fut couvert pour protéger les treuils servant à enrouler les quatre « flûtes » d’une longueur de 6000 mètres destinées à collecter les signaux acoustiques envoyés par les 6 lignes de huit canons à air. En mer, les « flûtes » étaient écartées l’une de l’autre d’une distance de 100 mètres, soit une surface de réception des signaux de près de 2 km2. A l’origine long de 81,90 mètres, le CGG Sirocco ressortait du chantier polonais avec une longueur hors-tout de 84,40 mètres. Son moteur de propulsion Zgoda sous licence Sulzer de 6 cylindres en ligne d’une puissance de 3090 Kw était par ailleurs remplacé par un MaK-Caterpillar de 8 cylindres du type 8M32C plus puissant et développant 4950 Kw. Il entraîne une hélice à pas variable. Côté puissance électrique, elle est produite par un alternateur attelé de 1200 Kva ou par deux diesel-alternateurs de 500 Kva.
Le CGG Sirocco est alors emmené dans différentes parties du monde à la recherche de gisements pétroliers ou gaziers. Il possède une autonomie de 12000 milles nautiques, ou de 60 jours en ce qui concerne les réserves de vivres pour le personnel embarqué. En 1994, après trois ans d’activité pleine pour la Compagnie Générale de Géophysique, le CGG Sirocco est racheté par ROSGEO – Russian State Geological Company – via la société Sevmorneftegeofizika de Mourmansk et retrouve son nom d’origine, à savoir Akademik Nemchinov tout comme son port d’attache.
Chaque année depuis cette date, il effectue durant la saison estivale des missions en zone arctique.
Les huit autres livrés entre 1986 et 1988 sont les Akademik Fersman basé à Nakhodka ; Akademik Shatskiy en attente à Bremerhaven depuis 2017 ; Akademik Gubkin devenu Zephyr I et basé à Nakhodka; Akademik Lazarev basé à Mourmansk; Akademik Selskiy devenu en 1997 après de grosses transformations en navire sismique le Geo Pacific qui est désarmé à s’Gravendeel depuis 2016; Akademik Namyotkin devenu l’Akademik Nametkin puis complètement transformé en navire de recherches sismiques en 1996 pour devenir le Geo Arctic. Redevenu l’Akademik Nametkin il est basé à Mourmansk; Akademik Nalivkin devenu le 011 au sein de la flotte de l’état de l’Azerbaidjan en 1995 puis enfin l’Akademik Kreps totalement transformé en navire de recherches sismiques en 1995 et devenu l’Orient Explorer sous pavillon russe.
Texte : Marc OTTINI

L’Akademik Fersman lors de ses essais en mer en 1986 (© SOVIET MERCHANT SHIPS)
En avril 2013, l’Akademik Lazarev dans une version légèrement modifiée à Bremerhaven. A l’origine, tous les navires étaient peints en blanc (© MARC OTTINI)
L’Akademik Nemchinov – ex CGG Sirocco – en attente de transit du Canal de Suez au mouillage à Ismaëlia en juin 2009 (© MARC OTTINI)