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Sur l’immense baie vitrée de la passerelle, la route du navire se dessine sur une flèche vectorielle. Au bord de l’ « écran », un porte-conteneurs apparaît avec sa route, son cap, sa vitesse. Il se trouve en réalité à 5 milles, mais le système du bord l’a pris en compte grâce à son AIS, l’a matérialisé, puis l’a projeté sur le « théâtre d’opération » en indiquant à l’officier de quart des recommandations sur la route à prendre.

 

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© ROLLS ROYCE

L'ensemble de l'environnement et les paramètres du navire sont projetées en réalité augmentée et en temps réel (ROLLS-ROYCE)

 

La réalité augmentée et le « big data » font leur entrée dans la passerelle du futur, baptisée « oX Bridge Concept »,  imaginée par les ingénieurs de Rolls-Royce et du centre de recherche finlandais VTT. Et le résultat est assez spectaculaire, transformant la passerelle en centre de contrôle de l’ensemble du navire, de son environnement et même de son équipage. L’ergonomie est servie par les derniers développements technologiques permettant la modélisation d’objets en temps réel.

 

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© ROLLS ROYCE

Visualisation de l'approche d'un remorqueur sur un porte-conteneurs (ROLLS-ROYCE)

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© ROLLS ROYCE

Navigation dans les glaces (ROLLS-ROYCE)

 

« Nous avons commencé notre projet en nous intéressant aux grandes évolutions technologiques actuelles, notamment dans le domaine de l’interaction utilisateur-machine. Pour cela, nous nous sommes notamment intéressés à l’industrie aéronautique, civile et militaire, qui utilise depuis longtemps la réalité augmentée dans les cockpits d’avion », explique Iiro Lindborg, le chef du projet oX bridge concept chez Rolls-Royce.

Les ingénieurs ont analysé l’ensemble des facteurs d’informations parvenant à un homme de quart sur un navire : le radar et l’anticollision, les obstacles naturels et notamment la glace, les alarmes, les mouvements de l’équipage sur le pont lors des manœuvres, les mouvements de grues lors des ravitaillements de plateformes, les passages de remorques… Puis ils ont réfléchi à la meilleure manière de faciliter le travail des marins en leur donnant accès facilement et pertinemment à ces informations via des solutions de réalité augmentée, qui permettent de s’affranchir des contraintes de visibilité et de distance. Plus de problème pour distinguer ce qu’il se passe de nuit, par temps de brouillard ou sous l’étrave d’un immense porte-conteneurs. « Dans les passerelles actuelles, il y a encore beaucoup de possibilités d’amélioration en termes de sécurité et c'est ce que nous avons essayé de faire en travaillant sur ces concepts ». oX, outre de la redondance, prévoit ainsi un système de « compensation automatique » : l’avarie est analysée en temps réel, sa cause isolée et « compensée » par la mise en œuvre d’un mécanisme alternatif.

 

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Détection et compensation d'une avarie (ROLLS -ROYCE)

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Application à la manoeuvre sur un remorqueur (ROLLS-ROYCE)

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Visualisation des marins sur le remorqueur et le navire remorqué (ROLLS-ROYCE)

 

« Il existe déjà beaucoup de solutions techniques en matière de réalité augmentée. Par exemple, l’industrie automobile a déjà intégré, dans certains navigateurs, un système d’information du conducteur permettant la détection des piétons. Ce genre de système peut facilement être transposé à l’industrie navale, même si cela n’a pas encore été fait », poursuit Iiro Lindborg.

Le groupe Rolls-Royce en est convaincu : l’avenir du shipping, notamment dans un cadre réglementaire et environnemental de plus en plus strict, passe par l’ergonomie de la passerelle. Sa nouvelle passerelle « Unified Bridge », qui marque une nouvelle approche en la matière, vient d’être installée sur le ravitailleur de plateforme Stril Luna.

 

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Futur poste de manoeuvre (ROLLS-ROYCE)

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Les futures consoles s'adapteront automatiquement au profil de leur utilisateur (ROLLS-ROYCE)

 

Le concept oX poursuit cette logique : « nous entrons dans une période vraiment passionnante en matière de transport maritime, dans laquelle la technologie et en particulier l’utilisation pertinente des Big Data  va forger la nouvelle génération des navires », s’enthousiasme Mikael Makinen, président Marine chez Rolls-Royce. « Dans les 20 prochaines années, nous pensons que ces systèmes intelligents seront au centre de notre industrie, du type de navires que nous allons construire et des compétences que devront développer les marins ».

La planification de la mise en place de cette nouvelle donne n’est pas encore précise, même si le groupe se fixe l’horizon 2025-2030 pour la sortie des premières unités. « Nous avons vu un grand changement de mentalité dans le secteur naval par rapport à l’arrivée des nouvelles technologies. Là où traditionnellement notre industrie intégrait les grandes évolutions dix ans après tout le monde, nous voyons désormais une introduction beaucoup plus rapide des concepts innovants », explique Iiro Lindborg. « Mais, évidemment, la particularité de la construction de bateaux va nécessiter des vérifications et validations propres à notre industrie avant que ces nouveaux systèmes puissent être installés. Cette marinisation peut prendre du temps. C’est pour cela que nous allons d’abord travailler sur simulateur pour développer le concept ».

Dans ce monde ultra-connecté, la part de la terre prend une place de plus en plus prépondérante. Ainsi, dans le modèle développé spécifiquement pour les ravitailleurs de plateformes, toutes les opérations sont supervisées depuis un centre des opérations qui donne des instructions à toutes les parties prenantes dans les opérations de manutentions. « La commande à distance des équipements à bord des navires est désormais très répandue. Rolls-Royce a déjà des centres de contrôle à Alesund, en Norvège, et Rauma, en Finlande, où beaucoup de navires et leurs systèmes de propulsion sont monitorés en temps réel », dit le groupe.

 

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L'entrée dans la zone de sécurité de la plateforme est surveillée par la station côtière, la position finale du PSV est projetée (ROLLS-ROYCE)

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Planification d'une opération de manutention de conteneurs (ROLLS-ROYCE)

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Représentation en temps réel de l'environnement de la manoeuvre (ROLLS-ROYCE)

 

Serait-ce un premier pas vers des navires sans équipage, contrôlés à distance ? Rolls-Royce a déjà planché sur le sujet et plusieurs concept-ships ont été dessinés. « Nous avons bien sûr toujours cela à l’esprit, mais ce n’est pas notre seul but. Nous voulons d’abord faire évoluer les compétences des personnes travaillant à bord ou dans les centres à terre. Avant d’en arriver aux navires sans équipage, il va falloir développer des solutions qui n’existent pas encore. Il faut d’abord que les utilisateurs puissent faire confiance aux systèmes automatiques avant de pouvoir en arriver à des navires autonomes ». 

 

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Concept de navire sans équipage (ROLLS-ROYCE)

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(ROLLS-ROYCE)

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