Siem Industries a annoncé hier qu’il n’était plus candidat à la reprise de la SNCM. L’information, révélée dans la matinée par nos confrères de France 3 Corse, a été confirmée ensuite par le groupe norvégien. Celui-ci a semble-t-il décidé de jeter l’éponge pour plusieurs raisons. D’abord, l’absence d’assurances quant aux 440 millions d’euros réclamés à la compagnie par l’Europe : 220 millions au titre de la recapitalisation de la société lors de sa nationalisation en 2006, et 220 autres liés aux aides publiques sur le service complémentaire assuré par la SNCM entre 2007 et 2013 dans le cadre du contrat de délégation de service public pour la desserte des ports corses depuis Marseille. Mais l’élément déclencheur du retrait de Siem semble être l’éviction de Marc Dufour. Lundi, le Conseil de surveillance n’a, en effet, pas renouvelé sa confiance au président du Directoire, grand artisan du plan de redressement de la compagnie. Ce projet, auquel Marc Dufour est parvenu à faire adhérer les syndicats - prouvant au passage qu’il était possible de faire bouger les lignes dans une entreprise que l’on croyait jusque là définitivement sclérosée – comprenait une vaste restructuration de la compagnie, avec 500 suppressions de postes notamment, ainsi que le renouvellement de la flotte. Une lettre d’intention avait été signée en ce sens au mois de mars avec les chantiers STX France de Saint-Nazaire, pour la réalisation de deux nouveaux navires équipés d’une propulsion au GNL, avec une option pour deux autres.
« Marc Dufour et le plan qu’il a porté étaient un élément essentiel du projet »
Seulement voilà, l’actionnaire majoritaire de la SNCM, Transdev (société commune de la Caisse des Dépôts et de Veolia), était opposé au plan de redressement et à l’investissement dans une nouvelle flotte. Alors que la lettre d’intention signée avec STX France est arrivée à échéance fin avril, Transdev est parvenu, lundi, à renverser Marc Dufour. Bien que soutenu par les représentants des salariés et le président du Conseil de surveillance, Gérard Couturier, le patron de la SNCM n’a pu se maintenir en raison de l’abstention des représentants de l’Etat actionnaire, qui ont dès lors fait pencher la balance en faveur des votes de Transdev et Veolia. Le successeur de Marc Dufour devrait être connu à l’issue du prochain Conseil de surveillance, le 28 mai. Quoiqu’il en soit, cette éviction porte un coup très rude aux espoirs de la compagnie et de ses salariés, qui ne croient pas aux paroles d’apaisement de l’actionnaire majoritaire, et de moins en moins à la crédibilité des promesses de soutien du gouvernement. Dans ce contexte, il n’est donc malheureusement pas étonnant que Siem renonce à son projet de reprise. « Marc Dufour et le plan qu’il a porté étaient un élément essentiel du projet. Le départ de Marc Dufour est un choix des actionnaires différent de celui que Siem envisageait », a expliqué à France 3 Corse Christian Garin, représentant en France du groupe norvégien, qui a également évoqué pour justifier ce retrait « une absence de réponse sur les pénalités », en clair les sommes réclamées par l’Europe.