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Après de longues semaines de bataille entre les actionnaires de la SNCM, c’est finalement Transdev qui a gagné hier soir. L’actionnaire majoritaire (66% du capital), société regroupant la Caisse des Dépôts et Veolia, a réussi à faire débarquer Marc Dufour, président du Directoire et principal artisan et défendeur du plan d’avenir de la SNCM, qui prévoit notamment le renouvellement de sa flotte. Un plan qui semble désormais compromis.
Le Conseil de surveillance qui s’est tenu hier a décidé, après vote des représentants des actionnaires, de ne pas reconduire le Directoire actuel dans ses fonctions. Si la position des six représentants de Transdev et celle des représentants des salariés actionnaires (9% du capital) étaient toutes deux connues, on ne savait pas quelle attitude, forcément décisive, allaient avoir les trois représentants de l’Etat (25% du capital).  
 
 
L’abstention de l’Etat actionnaire libère la voie à Transdev
 
 
Ceux-ci ont choisi de s’abstenir, laissant donc la voie libre à Transdev. Il s’agit là de la continuation d'une posture adoptée lors des dernières joutes entre actionnaires et de la récente tentative d’éviction du président du Conseil de surveillance, Gérard Couturier, soutien de Marc Dufour.  
Quelques minutes seulement après l’annonce de la sortie de Marc Dufour, le secrétaire d’Etat aux Transports, Frédéric Cuvillier, a justifié cette prise de position en précisant  qu’ « il ne s'agit ni d'un vote de défiance ni d'un vote d'indifférence à l'égard du Directoire » mais qu’ « il était important de mettre un terme à la quasi paralysie qui menaçait la société ».Une abstention, qui au-delà de toute considération quant à la stratégie économique de la compagnie,  paraît quand même bien commode après des mois de très forte mobilisation, voire d’ingérence, du gouvernement dans le brûlant dossier de la SNCM, dont on craint toujours les répercussions sociales à Marseille. 
 
 
La schizophrénie de l’Etat 
 
 
La schizophrénie de l’Etat, à la fois actionnaire et client de la SNCM, a été encore compliquée par les récentes échéances électorales. Et a parfois mené le gouvernement à effectuer des déclarations pour le moins surprenantes, notamment dans le cadre du contentieux qui oppose la compagnie à la Commission européenne au sujet du remboursement de 440 millions d’euros d'aides indûment perçues. La somme que Transdev identifie comme l’obstacle principal au redressement de la situation financière de la SNCM et qui justifie son opposition systématique à tout projet d’avenir. Une somme que l’Etat a, dans un premier temps, annoncé ne pas vouloir recouvrir. Ce qui est juridiquement impossible. Mais qui a pu nourrir des espoirs. On a ensuite vu de nombreuses manifestations de soutien ministériel au plan de redressement élaboré avec les salariés, notamment au moment du choix des chantiers STX France de Saint-Nazaire pour la potentielle construction de quatre nouveaux navires. Ce même plan industriel que l’Etat a choisi d’enterrer hier en s’abstenant.
 
 
Transdev ne veut « ni liquidation ni fuite en avant »
 
 
Et maintenant ? Le patron de Transdev, Jean-Marc Janaillac, a tout de suite voulu jouer l’apaisement. Il annonce que la compagnie devra connaître le nom du remplaçant de Marc Dufour lors d'un prochain Conseil de surveillance, prévu le 28 mai. Le nom de Pierre Fa, dernier patron de SeaFrance, a circulé sans qu’on ne connaisse la crédibilité de cette information.
« Nous souhaitons permettre à la SNCM de se construire un avenir, qui ne soit ni la liquidation, ni la fuite en avant. Nous allons donc désormais pouvoir travailler sereinement dans l'intérêt de la compagnie, de ses salariés et de ses clients » poursuit Jean-Marc Janaillac. « En l'état actuel de sa trésorerie, et compte tenu des prévisions qui ont été communiquées, la question n’est pas de placer la SNCM en redressement judiciaire, mais de réunir l’ensemble des conditions qui lui permettront d’assurer son avenir ». Enfin, il annonce vouloir « engager un travail avec l'ensemble des parties prenantes afin de construire un projet industriel reposant sur un diagnostic réaliste de la situation économique et juridique de la compagnie ».
 

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