Depuis quatre ans, trois fois par semaine, un navire assurait la liaison entre Montoir-de-Bretagne et Gijón, en Espagne. Une « autoroute de la mer », comme on l’appelait, qui s’était progressivement inscrite dans le paysage économique et générait un trafic satisfaisant, atteignant ses objectifs initiaux d’environ 100.000 pièces de fret transportées depuis son lancement, en septembre 2010 (voir notre article sur la fermeture de la ligne). En plus des routiers, cœur de cible du service, les navires exploités par LDLines sur cette liaison accueillaient également des passagers, appréciant d’éviter un long trajet en voiture entre la France et l’Espagne. Ce n’était pas le grand luxe mais les bateaux étaient récents, plutôt bien équipés et les services offerts à bord largement suffisants pour une quinzaine d’heures de traversée, effectuée essentiellement de nuit.

Le Norman Asturias, l'un des deux navires qui étaient exploités sur la ligne (© : LDLINES)
C’est ce que nous avons pu constater en embarquant à bord du Norman Atlantic pendant l’une de ses dernières rotations entre Montoir et Gijón. Car, si l’on a beaucoup parlé des conséquences de l’arrêt du service pour les transporteurs routiers, de nombreux touristes regrettent également la fin de l’autoroute maritime transgascogne.
Comment se passait le voyage côté passagers ? C’est ce que raconte Kévin Izorce dans le reportage qui suit :
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8 septembre 2014 : Le port de Saint-Nazaire est en grande partie implanté sur le territoire de la ville de Montoir-de-Bretagne, à quelques minutes des chantiers navals STX France. C’est le point de départ des deux ferries de LD Lines, les Norman Asturias et Norman Atlantic qui effectuent des rotations vers Gijón, au nord de l’Espagne, et Rosslare, en Irlande. La zone d’embarquement jouxte les terminaux de fret où l’on trouve, pêle-mêle, des centaines de voitures neuves, des montagnes de conteneurs et des tronçons d’avions Airbus. Sans transport en commun à proximité, un taxi ou de solides chaussures de marche sont nécessaires pour rejoindre la gare maritime, au pied du pont de Saint-Nazaire.

Le Norman Atlantic à Montoir (© : KEVIN IZORCE)

Embarquement des voitures (© : KEVIN IZORCE)

Le Norman Atlantic à Montoir (© : KEVIN IZORCE)
La traversée est, de toute façon, majoritairement utilisée par des camions et des passagers motorisés. Quelques piétons s’y aventurent néanmoins, à l’image de ce groupe de sexagénaires venu accompagner une amie partant en randonnée sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Après l’enregistrement, une navette dépose les passagers sur le navire. L’appareillage s’effectue en tout début de soirée.
Pour beaucoup, l’un des moments le plus marquant est bien entendu le départ de Saint-Nazaire. D’un paysage industriel et portuaire on passe rapidement à une côte découpée, boisée et bordée de criques plongées dans la lumière d’un soleil couchant.

L'appareillage (© : KEVIN IZORCE)

L'appareillage (© : KEVIN IZORCE)

L'appareillage (© : KEVIN IZORCE)

Passage sous le pont de Saint-Nazaire (© : KEVIN IZORCE)

Le navire longe les chantiers STX France (© : KEVIN IZORCE)

Sortie de l'estuaire de la Loire (© : KEVIN IZORCE)

Sortie de l'estuaire de la Loire (© : KEVIN IZORCE)

Le Norman Atlantic en route pour Gijón (© : KEVIN IZORCE)

Le Norman Atlantic en route pour Gijón (© : KEVIN IZORCE)
A bord, une longue colonne d’escaliers et un corridor longeant le garage permettent de rejoindre la réception. Pour passer la nuit, deux solutions s’offrent aux passagers : des cabines classiques à quatre couchettes, équipées d’un petit bloc sanitaire, ou, et c’est un peu plus agité, les fauteuils, canapés et banquettes du pont.
Le restaurant buffet ferme son accès dès 20h15, surprenant quelques passagers qui se pressent et jouent des coudes dans la longue file d’attente. Le navire propose un espace salon, où l’on peut manger sur le pouce sandwichs ou pilons de poulets épicés. A bord, même si le Français est relativement bien compris, on parle principalement Anglais et Espagnol.
« C’est très agréable de venir visiter la France en passant une nuit en mer » confie une famille espagnole rentrant d’un séjour en Bretagne. « Nous voulions visiter cette région car nous sommes des Asturies et donc de culture celte. L’année prochaine, nous voudrions aller au festival Interceltique de Lorient, en espérant que la ligne reprenne d’ici là ! Sinon, par la route, c’est beaucoup trop long et fatigant ».

Les espaces intérieurs du Norman Atlantic (© : KEVIN IZORCE)

Les espaces intérieurs du Norman Atlantic (© : KEVIN IZORCE)

Les espaces intérieurs du Norman Atlantic (© : KEVIN IZORCE)

Les espaces intérieurs du Norman Atlantic (© : KEVIN IZORCE)

Les espaces intérieurs du Norman Atlantic (© : KEVIN IZORCE)

Les espaces intérieurs du Norman Atlantic (© : KEVIN IZORCE)

Les espaces intérieurs du Norman Atlantic (© : KEVIN IZORCE)

Les espaces intérieurs du Norman Atlantic (© : KEVIN IZORCE)

Les espaces intérieurs du Norman Atlantic (© : KEVIN IZORCE)

Les espaces intérieurs du Norman Atlantic (© : KEVIN IZORCE)

Cabine (© : KEVIN IZORCE)
Sur les dernières traversées proposées par le navire, les camions se sont raréfiés, probablement lié à l’incertitude sur le sort de la ligne ou, déjà, au redéploiement logistique vers la route consécutif à son arrêt. Même si les passagers ayant réservé pour une traversée après le 16 septembre, date programmée de la suspension de la ligne, seront remboursés, certains ont dû organiser leur séjour. « Nous nous sommes décidé à partir en août en lisant la presse » explique Roland, un Nazairien retraité partant pour quelques jours de vacances vers Bilbao. « Lorsque nous avons vu que la ligne allait s’arrêter, nous nous sommes décidés. C’est toujours comme ça, on savait que ça existait, ça fait longtemps qu’on voulait partir mais on ne le faisait pas. L’arrêt a été le déclic ! ».

Fin de soirée au large des côtes françaises (© : KEVIN IZORCE)

De nuit dans le golfe de Gascogne (© : KEVIN IZORCE)
L’arrivée sur Gijon, après 16h de traversée dans le golfe de Gascogne, replonge les passagers dans une atmosphère industrielle puisque le port asturien est lui aussi quelque peu éloigné du centre. A nouveau, une navette accompagne les piétons en ville, à proximité de la plage.
Un important groupe de motards débarque quant à lui pour se lancer dans une randonnée à deux roues à travers l’Espagne. L’un d’eux, conscient de l’arrêt de la ligne, sourit : « Je vais écrire à la compagnie pour qu’ils continuent. Après tout, il va bien falloir rentrer chez nous un jour ! ».

Au petit matin à l'approche de Gijón (© : KEVIN IZORCE)

Au petit matin à l'approche de Gijón (© : KEVIN IZORCE)

Au petit matin à l'approche de Gijón (© : KEVIN IZORCE)

Au petit matin à l'approche de Gijón (© : KEVIN IZORCE)

Au petit matin à l'approche de Gijón (© : KEVIN IZORCE)

Arrivée à Gijón (© : KEVIN IZORCE)

Arrivée à Gijón (© : KEVIN IZORCE)

Arrivée à Gijón (© : KEVIN IZORCE)

Arrivée à Gijón (© : KEVIN IZORCE)

Arrivée à Gijón (© : KEVIN IZORCE)

Arrivée à Gijón (© : KEVIN IZORCE)

Le Norman Atlantic à Gijón (© : KEVIN IZORCE)

Arrivée à Gijón (© : KEVIN IZORCE)

Arrivée à Gijón (© : KEVIN IZORCE)