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Une propulsion hybride qui allie le gaz naturel liquéfié et le vent. Une coque en forme de foil symétrique de 199 mètres de long, pour une largeur de 49 mètres, soit juste ce qu’il faut pour franchir les nouvelles écluses du canal de Panama. Une capacité de 6500 voitures, une réduction de 60% de la consommation de 80% des émissions polluantes. Un roulier futuriste est en train d’être créé à Ålesund, capitale de la région du Sunnmøre, temple norvégien de l’innovation navale. Le concept s’appelle Vindskip, le « bateau du vent » en norvégien, et il a été développé par Terje Lade, qui l’a breveté. Depuis quatre ans, il réfléchit à une nouvelle façon d’utiliser le vent pour faire avancer un navire de commerce.

 

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© LADE AS

(LADE AS)

 

L’aspiration du vent apparent

 

La révolution de son concept, c’est que, contrairement aux différents projets utilisant le vent « propulsif » avec des apparaux de type voile de kite, il est basé sur le vent apparent. Celui-ci est la somme vectorielle du vent réel et du vent relatif, qui est créé par le propre mouvement du bateau. Il est à la base du principe des ailes d’avion ou des foils sur les voiliers de course : une forme aérodynamique permet de « récupérer » ce vent relatif pour le transformer en propulsion auxiliaire grâce à l’effet d’aspiration qu’il crée. Cette aspiration s’effectue dans le sens longitudinal de la marche du mobile. S’il y a des angles de vent plus favorables que d’autres, le vent relatif n’agit plus uniquement quand le navire se trouve face au vent ou vent arrière. Ce qui laisse davantage de possibilités que la voile de kite, qui ne fonctionne qu’à certaines allures de vent portant. Et, selon les calculs de Terje Lade, tout navire marchant à 16 nœuds, quel que soit son cap, génère une aspiration correspondant à 45% de sa vitesse.

 

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© CA MARCHAL/ AERO-HYDRODYNAMICS OF SAILING

VS: vitesse du navire ; VT : vent réel ; VA : vent apparent (CA MARCHAJ, AERO-HYDRO DYNAMICS OF SAILING)

 

Une propulsion Rolls-Royce spécifiquement créée

 

Dans le cas du Vindskip, le foil géant se trouvera entre les deux coques. La passerelle sera équipée d’un « cruise control » qui va intégrer l’apport de l’énergie éolienne avec celui créé par une propulsion GNL classique, pour garantir une vitesse commerciale.  Rolls-Royce a développé, spécifiquement pour le projet, un système propulsif  gaz-électrique combinant des moteurs GNL et son générateur attelé hybride HSG. Avec une tension fixe et une fréquence stable, le HSG permet de faire travailler la machine et l'hélice à des vitesses différentes sans perte de rendement. L’officier de quart disposera également d’un routage météo intégré, qui en développant des algorithmes, indiquera en temps réel la route idéale pour optimiser le vent apparent.

 

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© ROLLS ROYCE

(ROLLS-ROYCE) 

 

Wallenius Wilhemsen est entré dans le projet

 

Le rêve de Terje Lade, commencé sur logiciel de modélisation de dynamique des fluides et testé en soufflerie, est en train de prendre une dimension bien plus concrète. La société de classification DNV GL a validé le concept après avoir réalisé des analyses et des tests de stabilité. L’armement norvégien Wallenius Wilhelmsen vient d’entrer dans le projet.

 

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© LADE AS

(LADE AS)

 

En avril, le concept ship va faire son premier essai en bassin des carènes. « Le projet sera totalement élaboré au dernier trimestre 2015 », explique Terje Lade. L’ingénierie et la construction dureront entre deux et trois ans. « Pour exploiter le premier navire, un armement sera créé ad hoc et une société de management l’armera », détaille l’inventeur qui voit déjà son navire « naviguer en 2019 ». Dans la région du Sunnmøre, où l’innovation a toujours eu une longueur d’avance ? ce ne serait pas étonnant.

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