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Dans une étude publiée en janvier, IHS Markit annonce la stabilité de la demande en matières premières de la Chine. Avec une croissance atone, le marché des vracs secs pourrait voir les taux de fret baisser. Un article de Ports et Corridors.

Dans son analyse publiée le 28 janvier, Liz Gao, consultante chez IHS Markit, affiche un optimisme mesuré pour le marché des vracs secs en 2022. D’une part, la pandémie de la Covid 19 et ses différents variants, et, d’autre part, les jeux Olympiques d’hiver pourraient ralentir la croissance économique de l’Empire du milieu.

Une croissance de 5,4% en 2022

Au cours du dernier trimestre de 2021, la croissance économique de la Chine s’est limitée à une progression de 4%. Un chiffre en retrait par rapport au trimestre précédent qui affichait une augmentation de 4,9% et surtout en forte baisse par rapport au même trimestre de 2020 qui s’est établit à 6,5%. Et, selon IHS Markit, la croissance économique du PIB de la Chine devrait être de 5,4% en 2022. « La Chine a besoin de stimulation pour conserver son taux de croissance », indique le rapport de IHS Markit.

Attendre le deuxième trimestre

En 2022, la demande en Chine est prévue de rester stable avec des périodes de baisses pendant les Jeux Olympiques. Une situation générale qui pèsera sur le marché des vracs secs. Sur le court terme, IHS Markit adopte une position plus pessimiste tant que la liste des navires sous ballast en Atlantique ne désemplie pas. La situation devrait s’améliorer au deuxième trimestre pour l’analyste de IHS Markit.

Le marché des vracs secs entre optimisme et attentisme

L’analyse du marché des vracs secs pour 2022 par IHS Markit reste fragile. D’une part, des éléments militent en faveur d’une amélioration. La capacité de la flotte pour les vracs secs reste encore limitée par rapport aux principaux marchés comme les minerais de fer, le charbon ou encore les produits agroalimentaires. Une situation qui pourrait s’aggraver si l’industrie du conteneur continue de « piocher » dans la flotte de vraquiers pour suppléer au manque de cale. D’autre part, le cabinet de consulting note le risque de voir les consommateurs revenir à des achats de services plus que de biens de consommation, comme cela était le cas avant la pandémie. 

Les stimuli du gouvernement chinois

« Avec une volonté du gouvernement chinois pour une stabilité de la croissance économique en 2022, l’industrie du vrac sec peut s’attendre à une amélioration du marché à la fin du trimestre », indique le rapport de Liz Gao. Au début de l’année, la politique du gouvernement chinois d’avoir des Jeux Olympiques d’hiver sans pollution a amené les autorités à réduire la production sidérurgique. Les hauts fourneaux ont été obligés de réduire la production pour éviter des alertes de pollution comme a pu le connaître le principal centre sidérurgique chinois de Tangshan. « Cette baisse de production a ralenti la demande en matières premières », souligne le rapport de IHS Markit. En 2021, globalement, les importations de minerais de fer ont perdu 2,8%. Néanmoins, sur le mois de décembre, les importations de minerais de fer ont progressé de 3% pour reconstituer les stocks.

Des échéances électorales en 2022

Le début d’année est toujours plus timide avec le Nouvel an chinois. Le gouvernement chinois devrait annoncer dans les prochains jours un paquet pour stimuler la construction immobilière. Cela doit permettre de relancer la production sidérurgique et donner un nouvel élan à la croissance économique. Selon les analystes de IHS Markit, avec la tenue en 2022 du Congrès national, Pékin ne peut pas se permettre d’afficher une baisse de sa croissance. Dans ces conditions « IHS Markit prévoit que le marché chinois des minerais de fer sera aidé par le gouvernement au moins jusqu’au troisième trimestre ».

Charbon : arbitrer entre le domestique et les importations

Du côté du charbon, les tensions diplomatiques avec l’Australie et les intempéries en Indonésie ont limité les importations en 2021. Au plus fort de l’hiver, le gouvernement chinois a encouragé les mineurs locaux à augmenter leur production pour faire face à la demande en chauffage. Alors, la production de charbon en Chine a atteint un pic avec 385 millions de tonnes extraits en 2021, limitant par la même le recours aux importations.

Une stabilité des importations en 2022

Le paradoxe du charbon demeure entier. La Chine se positionne comme le principal importateur mais aussi le plus gros producteur. En décidant de puiser dans ses ressources nationales, le pays peut avoir un effet de levier ou baissier sur le marché des vracs secs. Pour l’analyste de IHS Markit, après les Jeux Olympiques d’hiver, la production sidérurgique devrait reprendre et la consommation de charbon augmenter. Cependant, la mise en place de mesures par le gouvernement indonésien d’interdire l’exportation de charbon en janvier pourrait avoir des incidences sur le marché. L’appétit chinois en charbon pourrait alors se tourner de nouveau vers la production nationale et donc limiter le recours à des importations. Pour les analystes, les volumes d’importation de charbon devraient se stabiliser en 2022. Néanmoins, cette stabilité reste fragile. Il suffit d’un incident logistique depuis un pays producteur comme le Brésil, l’Indonésie ou l’Australie pour que le recours aux ressources domestiques prennent le dessus, réduisant l’appel à des importations.

Soja : une croissance attendue de 1%

Ensuite, le marché des vracs secs dépend aussi de la demande en soja et autres produits agroalimentaires. La Chine pèse environ 60% du marché international du soja. Or, avec la peste porcine intervenue en 2018, une grande partie du cheptel chinois a été abattu, réduisant ainsi la demande en soja, nourriture destinée aux porcs. Les effets de la peste porcine se dissipent. Le pays devrait retrouver le chemin des importations de soja pour nourrir le cheptel reconstitué. Alors, selon les différents analystes, les importations de soja en Chine devrait atteindre 101 Mt en 2021/2022, soit une croissance de 1% par rapport à 2020. En 2021, les importations de soja en Chine se sont réalisées principalement depuis les États-Unis quand ceux en provenance du Brésil ont perdu 10% à 58 Mt.

© Un article de la rédaction de Ports et Corridors. Reproduction interdite sans consentement du ou des auteurs.

 

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