Éric Bothorel, député LREM des Côtes-d’Armor, lui-même ancien bénévole à la station de Loguivy-de-la-Mer (22), souhaite que le financement de la SNSM soit l’objet d’une discussion plus large, et qu’il donne lieu à une solution « soutenable et pérenne ».
Le drame des Sables d’Olonne a mis en lumière l’action de la SNSM, mais aussi la précarité de son budget de fonctionnement. Faut-il taxer les plaisanciers ?
C’est une réaction que l’on peut comprendre dans l’émotion. Ce drame a permis de mettre en lumière et en évidence la singularité que représente aujourd’hui la SNSM, et son dispositif de sauvetage en mer. Tous ceux qui l’ignoraient savent désormais que la SNSM fonctionne essentiellement grâce au bénévolat. Et si son financement provient pour partie de l’État et des collectivités, ce sont surtout les donations qui la font vivre. Alors en effet, assez spontanément, on se dit qu’il leur faut plus d’argent. Un semi-rigide, un canot tous temps, ce sont des sommes conséquentes. Demain, il y aura demain des flottes à renouveler. Mais faire payer uniquement les plaisanciers, cela revient à prendre le problème par un seul bout.
C’est-à-dire ?
La SNSM apporte son secours à bien plus de monde qu’aux plaisanciers ! Elle intervient auprès de toute la population qui évolue sur l’eau, y compris les pêcheurs à pieds, les kitesurfeurs, les kayakistes… ! Donc taxer les plaisanciers, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. Pour qu’une loi soit robuste, il faut qu’elle soit égalitaire : il n’y a pas de raison qu’une catégorie soit plus pénalisée que d’autres. Si on rajoute à cela que, parmi les plaisanciers, il y a des gens qui ont de petits moyens, et que l’on vit le ras-le-bol fiscal depuis des années : pour moi c’est typique de la fausse bonne idée.
Comment faire, alors ?
Il faut y réfléchir d’une façon ou d’une autre. Cela peut être un prélèvement sur la prime d’assurance, une taxation sur l’éolien… On pourrait jouer sur la fiscalité des équipements de sécurité des bateaux : ne serait-il pas légitime de baisser la TVA sur les équipements de sécurité ? Ou bien de penser, sur le modèle de l’écoparticipation, à une « secours-participation » lors de l’achat de n’importe quel équipement maritime ? Et puis aider la SNSM, ce n’est pas uniquement en lui donnant de l’argent : c’est aussi en évitant de porter des recours abusifs contre elle lorsqu’elle veut agrandir un local, par exemple ! À Pleumeur-Bodou, il y a une station qui ne sait pas encore où elle mettra ses équipements cet hiver… Donc prenons le temps de réfléchir à tout cela, pour trouver une solution équitable, soutenable, et surtout pérenne. C’est la meilleure garantie que l’on puisse donner à la SNSM d’avoir de la visibilité et de la stabilité dans son financement.
Un article de la rédaction du Télégramme