C’est l’un des dix plus grands yachts du monde et le plus imposant réalisé jusqu’ici en Italie. Un peu plus de quatre ans après sa mise sur cale, le 1er septembre 2010 au chantier Fincantieri de Muggiano, près de La Spezzia, l’Ocean Victory a été livré le 5 décembre. Commandé fin 2009 par Camper & Nicholsons International, mandaté par l’un de ses clients, ce superbe bateau de 140 mètres de long pour 20 mètres de large est basé sur un design imaginé par Espen Oeino (Monaco) et, pour ses luxueux espaces intérieurs, par le cabinet Alberto Pinto, basé à Paris. Présenté par Fincantieri comme l’un des navires de grande plaisance les plus avancés en matière de sécurité, l’Ocean Victory dispose notamment d’une plateforme hélicoptère élévatrice avec hangar interne, un garage à tenders immergeable, 10 grandes portes de bordé, une pièce d’observation sous-marine située sous la ligne de flottaison, six piscines et un Spa de plus de 300 m². Les espaces intérieurs, dont aucune image n’a été diffusée, pas plus d’ailleurs que pour les extérieurs, dont les seules vues disponibles sont celles des spotters (voir quelques clichés sur Marine Traffic) font, par ailleurs, largement appel aux technologies liées à la domotique.
L'Ocean Victory (© : ERMINIO OTTONE - MARINE TRAFFIC)
Une superbe référence pour le groupe italien
Pour Fincantieri, l’achèvement de l’Ocean Victory est un évènement de première importance. « Un navire de 140 mètres est toujours quelque chose de spécial. Mais, sur le marché des méga-yachts, qui représente par définition, pour l’industrie navale, le sommet du luxe et de l’innovation, un tel succès ne réside pas seulement dans les chiffres et la taille. En fait, l’Ocean Victory, nous a mis à l’épreuve tous les jours et à tous les points de vue. Compte tenu du résultat, je peux dire avec fierté que nous avons été capables de relever ce défi d’une excellente manière. Ce navire témoigne de la plus haute expression de la technologie italienne », estime Giuseppe Bono, directeur général du groupe italien. Grand spécialiste des paquebots, où il a notamment conforté ces dernières années sa place de leader sur le segment des unités haut de gamme (Seabourn, Regent Seven Seas, Silversea, Oceania, Viking Cruises, Ponant…), Fincantieri parvient donc à percer sur le marché des méga-yachts.

Le paquebot de luxe Silver Spirit, livré en 2009 (© : FINCANTIERI)
La haute couture de la construction navale
Un vrai tour de force car ces navires constituent la haute couture de la navale. Concentrant le meilleur de ce que l’industrie offre en matière de technologies, ces bateaux sont à la fois très complexes techniquement et nécessitent le plus haut degré de finition, avec l’emploi des matériaux les plus nobles et le recours à des fournisseurs et artisans de haute volée. Les standards sont, il n’est pas inutile de le rappeler, bien plus élevés que ceux de la croisière, ce qui explique notamment les délais de construction, très longs par rapport à ceux des paquebots. Ainsi, il aura fallu cinq ans pour mener à bien le projet Victory alors que, par exemple, seulement trois ans se sont écoulés entre la commande et la livraison du paquebot Royal Princess (330 mètres de long, 141.000 GT de jauge, 1780 cabines et suites), achevé au printemps 2013 par Fincantieri. Un écart calendaire significatif que l’on retrouve même chez les compagnies de luxe les plus réputées de l’industrie de la croisière. A titre d’exemple, le Seven Seas Voyager (223 mètres, 54.000 GT, 369 suites) de Regent Seven Seas a été commandé en juillet 2013 et sera livré à l’été 2016, alors que le nouveau fleuron de Seabourn (210 mètres, 40.350 GT, 302 suites), dont le contrat a été signé en janvier 2014, entrera en service à l'été 2016.
Au-delà des aspects techniques, les relations avec le client sont également très importantes dans cet univers et influent régulièrement sur le déroulement du chantier. Les grands yachts, ce sont en effet de riches armateurs dont il faut satisfaire les exigences très fortes et gérer les caprices, ce qui dans ce genre de projet peut être l’un des principaux challenges.

Le Serene, livré en 2011 (© : FINCANTIERI)
Diversifier l’activité
Alors que la construction de paquebots demeure cyclique et que l’autre grande activité de Fincantieri, le naval militaire, n’est pas suffisante pour remplir ses huit chantiers en Italie, le constructeur cherche à se diversifier. Les très grands navires de plaisance, marché qui ne connait pas la crise et a continué de croître ces dernières années, sont au cœur de cette stratégie. Après la livraison en 2011 de son premier méga-yacht, le Serene, un magnifique bateau à peine moins grand (134 mètres) que l’Ocean Victory, Fincantieri prouve donc sa capacité à percer sur ce segment de marché très concurrentiel, où les grandes références mondiales sont allemandes et néerlandaises. « Cela confirme que nous sommes capables de soutenir la compétition sur le marché très complexe des grands yachts. Les raisons de ce succès sont non seulement technologiques, mais résident aussi dans la cohésion d’une équipe, formée par Fincantieri, l’armateur, les designers, les fournisseurs et les représentants de la société de classification (Lloyd’s Register pour l’Ocean Victory, ndlr), qui travaillent chaque jour avec compétence et engagement. L’expertise, l’enthousiasme et l’unité sont la garantie de la réussite d’une aventure qui a commencé il y a seulement quelques années », affirme Gionanni Romano, directeur de Fincantieri Yachts.

Le concept Fortissimo (© : FINCANTIERI)
Des concepts innovants pour séduire de nouveaux clients
Le constructeur italien, qui s’est lancé à la fin des années 2000 sur le segment des très grands navires de plaisance, entend poursuivre son développement sur ce marché. A cet effet, il a notamment développé avec des architectes de renom différentes concepts de navires. Ainsi, en 2012, plusieurs designs innovants ont été dévoilés : Virage88, un yacht de 88 mètres dessiné par Andrew Winch, Fortissimo, un 145 mètres capable d’atteindre 35 nœuds et dessiné par Ken Freivokh (et qui a fait partie des finalistes pour les International Yacht and Aviation Awards 2014), ainsi qu’Armonia, une unité de 142 mètres dessiné par Andrea Vallicelli.

Le concepty Armonia (© : FINCANTIERI)
Alors que les études avec les grands designers se poursuivent en vue de séduire de nouveaux clients sur le marché « traditionnel » du yachting, Fincantieri travaille également sur le segment des navires d’expédition. Le constructeur italien, en collaboration avec Studio Sculli, a ainsi dévoilé en 2013 Esprit Large 109, un yacht d’exploration de 109 mètres doté de 8 cabines (16 passagers), armé par 36 membres d’équipage et conçu pour naviguer sur toutes les mers du globe, y compris en zones polaires.


Enfin, Fincantieri cherche à se développer sur la maintenance et la rénovation des grands yachts. Il a, à ce titre, réalisé à Trieste, en 2012, l’arrêt technique de l’Eclipse, l’un des plus grands navires de plaisance du monde (162 mètres).

L'Eclipse en cale sèche à Trieste en 2012 (© : FINCANTIERI)