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Son rire enjoué n’a pas changé. Toujours aussi communicatif. Le public des Sables-d’Olonne non plus n’a pas bougé d’un iota. Qui répond toujours présent, quel que soit le temps, pour accueillir les marins. Tous les marins, les premiers comme les derniers. Ce mardi matin, malgré la pluie, le ciel plombé et le froid, les Vendéens étaient là pour fêter Jean-Luc Van den Heede, le marin chouchou des Sablais.

 

Jean-Luc Van den Heede : Le vieil homme et la mer

 

Un chouchou de 73 printemps, pesant 90 kg et mesurant 1,90 m. Un ancien prof de maths à Lorient qui, il y a fort longtemps, a choisi de sécher définitivement les cours pour parcourir le monde. À la voile. À l’endroit, à l’envers, avec ou sans escales, celui que l’on surnomme VDH a bourlingué sur toutes les mers du globe. Dans son sillage, on note dix passages du cap Horn. Six dans le bons sens, quatre à l’envers. « Je suis mieux en mer que dans un Ehpad », lâche-t-il d’un énorme éclat de rires.

Sept mois en mer, seul

Sur ce tour du monde en 4L, long et interminable, avec un bateau selon lui « épouvantable à barrer », le marin d’Amiens n’a même pas eu le temps de s’ennuyer. « Les journées passent tellement vite, vous ne vous imaginez même pas… ». On a effectivement du mal à imaginer qu’on puisse passer sept mois en mer, seul, sans être touché par la mélancolie. Sans que le spleen ne s’invite de temps en temps à bord.

 

Comme 17 autres skippers, français et étrangers, VDH avait largué les amarres le 1er juillet dernier des Sables-d’Olonne, port de départ et d’arrivée du Vendée Globe, célèbre grande course disputée sur des monocoques de 18 mètres, très rapides. Sur son Rustler 36, « le bateau de monsieur tout le monde », long de 10,77 mètres, pesant 8 tonnes, l’Amiénois est revenu à son point de départ après très exactement 211 jours, 23 h 12’ 19’’ de mer, a à peine 5 nœuds. Soit 9 km/h de moyenne.

100 jours de moins qu’il y a 50 ans

Un tour du monde escargot si l’on compare avec les 74 jours et 3 heures d’Armel Le Cléac’h, lauréat du Vendée Globe 2016. Mais 100 jours de moins que Sir Robin Knox-Johnston, vainqueur en 1968 d’une course identique. Malgré une belle frayeur dans l’océan Pacifique où, roulé par une vague, il a chaviré et abîmé sérieusement son mât, envisageant un moment d’abandonner au Chili, VDH dit ne jamais avoir eu peur. 

 

Jean-Luc Van den Heede : Le vieil homme et la mer

 

« Le mental fait la différence », affirme-t-il. L’expérience aussi. Honnête, il admet avoir été très déçu par la course. Notamment ce manque de communion et d’échanges entre les marins. En revanche, la navigation à l’ancienne, au sextant, sans GPS, sans électronique, lui a plu. Beaucoup. « Même si, avec ces bateaux lourds et lents, on subit toujours la météo ».

Oui, à 73 ans, j’arrête… À moins qu’on trouve une idée encore plus géniale que cette course-là

Mises à part les liaisons avec les radios amateurs qui lui communiquaient la météo et le classement, VDH n’a eu que très peu de contact avec la terre. De fait, il ne s’est pas du tout intéressé à la marche du monde. « Les gilets jaunes ? C’est un peu comme les bérets rouges, c’est ça ? ». On lui a dit que la France avait gagné la Coupe du monde de foot. « Je le savais mais c’était contre qui en finale ? ».

 

Jean-Luc Van den Heede : Le vieil homme et la mer

 

La Golden Globe Race n’est pas terminée. Il reste encore quatre skippers en course. Le dernier, le Finlandais Tapio Lehtinen, est en approche du cap Horn. A 14 000 km de la Vendée. VDH, lui, a bel et bien bouclé la boucle. Sa sixième. Sa dernière… « Oui, à 73 ans, j’arrête… À moins qu’on trouve une idée encore plus géniale que cette course-là ». Jean-Luc Van den Heede en maison de retraite, ce n’est pas pour tout de suite !

Un article de la rédaction du Télégramme

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