11 jours 05h03'54'' : c'est le temps qu'il a fallu à Sébastien Josse et Charles Caudrelier, à la barre de leur Mod70, pour parcourir 5.952 milles (parcours théorique : 5 450 milles) depuis Le Havre à une vitesse moyenne de 22,12 noeuds.
Caudrelier : « Des bateaux usants »
Dans une petite brise d'est, le duo de « Groupe Edmond de Rothschild » a coupé la ligne d'arrivée mouillée à Itajaí. Josse (38 ans) et Caudrelier (39 ans) ont réalisé une course pleine de maîtrise, aidés à terre par leurs routeurs Jean-Yves Bernot et Antoine Koch, prenant les commandes dès le contournement de la Bretagne pour ne plus jamais les lâcher. Sidney Gavignet et Damian Foxall (« Oman Air Musandam ») ont tout tenté pour revenir en vain -ils étaient atttendus vers 24h-. Un beau duel qui n'a malgré tout pas fait oublier qu'ils n'étaient justement que deux bateaux dans cette classe. Cependant, certains étaient dubitatifs sur le fait que ces bateaux puissent être menés en double sur l'Atlantique : Sébastien Josse et Charles Caudrelier ont fait un pied de nez à ces sceptiques. Déjà vainqueurs de l'Armen Race et la Route des Princes l'été dernier -mais en équipage-, les deux hommes, qui se connaissent très bien, ont su tirer profit de leur connaissance approfondie du Mod70. « La météo nous a aidés à la performance : il n'y avait pas trop de mer, les enchaînements se sont bien faits et ça a permis d'aller vite avec parfois des moyennes à 30 noeuds. Avec Sébastien, on n'a pas fait trop de bêtises, on a bien navigué. Par contre, ces bateaux sont usants. On a beaucoup tiré sur les bonshommes et on est crevé. C'est de la conduite incessante. Tu ne peux pas lâcher la barre. Les derniers jours ont été un peu compliqués et la seule frayeur que l'on s'est faite c'est le retour d'"Oman" », plaisantait Charles Caudrelier, quelques heures avant l'arrivée à Itajai.
Josse : « On a failli chavirer »
Un retour que les deux hommes ont su maîtriser et contrôler. Une fois pied à terre, le stress est un peu retombé : « Notre première satisfaction, c'est d'être arrivés à Itajai, a déclaré Josse. On s'est fait une grosse frayeur au large de Gibraltar : je me suis endormi et nous avons failli chavirer par l'avant. J'ai eu le réflexe de tirer la barre, le flotteur a planté dans l'eau. Le bateau est heureusement retombé du bon côté », a-t-il ajouté. De son côté, le duo franco-irlandais a eu du mal à suivre. A l'arrivée, les visages creusés des deux hommes étaient particulièrement éloquents, révélateurs des énormes efforts déployés. « On a du respect l'un pour l'autre, il y a entre nous une énorme complicité, a ensuite lancé Caudrelier. C'est un peu une histoire de couple ». Dans les autres classes, la bagarre fait toujours rage à tous les étages.
Un article de la rédaction du Télégramme