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C'est plus qu'une tendance : les sites internet de location de bateaux entre particuliers ont le vent en poupe. « C'est un phénomène de société », confirme Édouard Gorioux, le cofondateur de Click & Boat, l'une des quatre principales plateformes françaises (*) spécialisées dans ce secteur. Issu de la finance, le Finistérien a créé sa start-up il y a un an et demi. Et revendique aujourd'hui 10.000 membres. « Les mentalités ont évolué et le contexte économique a changé. Tous les secteurs de l'économie voient arriver ce type de plate-forme de mise en relation directe, à moindre coût... Alors pourquoi pas le nautisme ? ». Sous la houlette de jeunes entrepreneurs rompus aux modèles économiques collaboratifs, ces start-up ont de réelles perspectives de développement. « Nous nous sommes clairement inspirés du concept d'Airbnb, le site de référence pour la location immobilière entre particuliers », explique-t-il. Pour « répondre à un besoin : en France, la durée moyenne d'utilisation d'un bateau par son propriétaire est de dix jours par an ». 

 

Contact direct et économie

Lorsqu'on met en face ce que cela coûte à l'année - place de port, assurance, entretien... - « louer son bateau une quinzaine de jours par an peut permettre à un propriétaire de rembourser ces frais », assure Édouard Gorioux. C'est en tout cas ce qui a décidé Pierre Paulet. Ce « jeune » retraité quimperlois est propriétaire d'un voilier et d'une vedette, basés en Corse, où il passe la moitié de son temps. « Mes revenus ne sont plus les mêmes. Louer ma vedette me permet de garder mon voilier », explique-t-il. Ce qui le rassure, « c'est d'avoir un contact direct avec la personne qui va louer mon bateau. La mer, c'est une communauté ». Et l'aspect économique : « Un loueur professionnel vous prend 50 % de la location. Click & Boat, 11 %... Chez un loueur professionnel, ma vedette serait à 1.000 € la journée ; là, je peux la proposer à 1.500 € la semaine ». Locataire d'un voilier pour une semaine de cabotage entre Groix et Belle-Ile, Tanguy Leterrier lui aussi a apprécié le contact direct. « J'ai eu une relation privilégiée avec le loueur-propriétaire, qui connaît bien son bateau, vous répond au téléphone si besoin, vous envoie la météo. C'est un plus non négligeable », explique ce Parisien de 27 ans. « Je voulais un bateau pour naviguer en couple. Les bateaux les plus petits disponibles en location " classique " sont généralement plus grands, donc plus chers ». Principal inconvénient selon lui : « Le service est encore peu développé, il est donc plus facile de trouver des informations sur Internet sur la qualité de prestation d'un loueur classique, que celle d'un propriétaire ayant loué deux fois son bateau... ».

 

 

Un cadre législatif qui peut évoluer

Click & Boat compte un millier de propriétaires inscrits, dont certains sont à la fois loueurs et locataires. Quelques tendances se dessinent sur les utilisateurs de ces plateformes : la moyenne d'âge des locataires est de 35-45 ans ; celle des propriétaires, 55 ans. On trouve autant de bateaux à moteur que de voiliers à louer. Quant au cadre législatif, « il peut encore évoluer », reconnaît Édouard Gorioux. La location entre particuliers se généralisant, de nouvelles règles, voire de nouvelles taxes, pourraient être édictées. En attendant, « c'est une activité légale. Le propriétaire-loueur doit déclarer ces revenus, mais tant que le produit de la location se limite à couvrir ses frais d'entretien, il n'est pas imposable ».

 

 

 

Se démarquer

Le secteur est porteur, la concurrence s'annonce rude. Mais chacun y va de sa spécificité : élargir les supports nautiques (voile légère, kite-surf...), développer les services et garanties (assurance à la journée, sécurisation des paiements, évaluations...), le contact sur les pontons... Click & Boat s'est démarqué par exemple en lançant en décembre une application mobile. Ses créateurs ne doutent pas de la viabilité économique de leur entreprise. « Nous nous rémunérons sur les transactions, à hauteur de 13,5 % », explique Édouard Gorioux. La start-up compte aujourd'hui une dizaine de collaborateurs. Basés à Paris, mais représentés dans une vingtaine de ports aujourd'hui, « nous comptons nous développer dans le reste de l'Europe. Et notamment en Italie et en Espagne, où le marché du nautisme est sensiblement le même qu'en France ».

(*) Boaterfly, Click & Boat, Sailsharing et Sam Boat.

 

 

Un article de la rédaction du Télégramme

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