Samedi, à 13h02, les 20 concurrents du Vendée Globe se sont élancés des Sables d’Olonne pour la grande aventure, un tour du monde en solitaire de 24.000 milles, sans escale et sans assistance. Pas moins de 300.000 spectateurs ont assisté au départ de cette course hors du commun. 85 jours de mer, 85 jours d’épreuves où les skippers vont, notamment, naviguer dans le grand sud et devoir éviter les icebergs provenant de l’Antarctique. Dès la première nuit, le Vendée Globe a enregistré son premier abandon, celui de Marc Guillemot. A 17h45, le skipper de Safran appelait son équipe à terre pour l’informer d’un choc et d’un bruit, aussitôt suivis d’une gîte brutale. Après avoir sécurisé son bateau, Marc Guillemot a décidé de rentrer aux Sables afin de diagnostiquer l’avarie. Après son arrivée à 3h du matin, hier, son équipe technique a constaté, après examen de la coque, une rupture de la quille. Ne pouvant réparer, Safran a été contraint d’abandonner. Ce lundi, il ne reste donc plus que 19 concurrents en lice, dont 11 Français et une seule femme, Samantha Davies, pour écrire le septième acte de cette saga incroyable qui tient les médias et le public en haleine tous les quatre ans, comme l’explique notre confrère Gilbert Dréan dans les colonnes du Télégramme :
La sixième édition remportée par Michel Desjoyeaux, seul double vainqueur de l'épreuve, avait été fertile en émotions fortes et en rebondissements. Il en va ainsi depuis la création de l'épreuve en 1989. Il serait étonnant que la septième échappe à la règle.
Des rires et des larmes
«Le Vendée Globe, ce sont des rires et des larmes un peu comme la vie de tous les jours. C'est une aventure pleine de contrastes», dit Jean Le Cam qui y retourne avec des étoiles dans les yeux malgré un chavirage au Horn et un sauvetage miraculeux par Vincent Riou, il y a quatre ans. Dans les interviews et conférences de presse au pas de charge ces jours derniers, les marins, à commencer par les favoris, répètent en boucle que «dans le Vendée Globe, il faut d'abord terminer», que «cette course est une aventure avec sa part d'inconnu.» Un discours récurrent qui est une manière d'exorciser leurs craintes, leur hantise de la casse. Il est vrai que les écueils et les dangers (OFNI, growler, cétacé) devant leur étrave sont nombreux et qu'il faudra allier du talent, de la volonté et aussi un peu de chance pour les déjouer.
Entrer dans la légende
La statistique est implacable: en moyenne, un concurrent sur deux est contraint à l'abandon sur une casse mécanique. Boucler le Vendée Globe est déjà une belle victoire mais le remporter c'est à coup sûr entrer dans la légende de la voile. Et comme ses prédécesseurs, le vainqueur aura le droit à un retour triomphal et à sa plaque, façon Hollywood Boulevard, sur le remblai des Sables. Michel Desjoyeaux avait décroché son deuxième succès dans le Vendée en 84 jours 03h 09'. Pour cette édition, le directeur de course, Denis Horeau avance l'hypothèse d'un tour bouclé par le vainqueur en 76 jours. Elle est jugée peu réaliste par les coureurs qui estiment qu'il faudra déjà cravacher pour descendre sous la barre symbolique des 80 jours. Compte tenu du scénario météo du départ, il n'y aura pas de round d'observation. Les 20 solitaires, impatients d'être enfin seuls, vont attaquer sur un rythme soutenu cette course hors normes qui s'est muée en régate planétaire. Lequel de ces 20 audacieux reviendra en vainqueur à Port Olona? Le plateau est homogène et le jeu très ouvert. Une certitude, cette septième édition du tour du monde en solitaire sans escale couronnera un très grand marin.
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