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Il y a deux ans, les chantiers STX France de Saint-Nazaire livraient le plus gros paquebot de leur histoire. Sans doute aussi le plus innovant, et clairement le plus complexe, tant d'un point de vue technique que dans le management du projet. L'accouchement du Norwegian Epic, commandé en septembre 2006 et livré en juin 2010, se fit d'ailleurs dans la douleur : des relations difficiles avec le client, la compagnie américaine NCL, alors en pleine restructuration suite à sa reprise en main par Apollo Management à l'été 2007, l'annulation en 2008 d'un sistership dont la construction venait de débuter, d'importantes modifications souhaitées par l'armateur lors de la construction, de véritables challenges techniques pour un paquebot imaginé pour casser les codes de la croisière, un mystérieux pyromane sévissant à bord durant l'achèvement, et pour finir un bateau livré alors qu'il n'était pas encore totalement terminé... Pour les équipes de Saint-Nazaire, le « C33 », comme on l'appelait au chantier, fut un projet parfois cauchemardesque. Et il en reste aujourd'hui, quand on en discute dans l'estuaire de la Loire, un certain « traumatisme ». Le Norwegian Epic en construction en 2009 (© : STX FRANCE - BERNARD BIGER) Le Norwegian Epic en construction en 2009 (© : STX FRANCE - BERNARD BIGER) Le Norwegian Epic en construction en 2009 (© : STX FRANCE - BERNARD BIGER) Le Norwegian Epic en essais mer (© : STX FRANCE - BERNARD BIGER) Le Norwegian Epic en achèvement en 2010 (© : MER ET MARINE - V. GROIZELEAU) Le Norwegian Epic quittant Saint-Nazaire le 17 juin 2010 (© : STX FRANCE - BERNARD BIGER) Le Norwegian Epic arrivant à New York, où il a été baptisé le 2 juillet 2010 (© : NCL) Un navire bouleversant les codes de la croisière Pourtant, même s'ils n'en prennent pas toujours la mesure, les Nazairiens ont signé, avec le Norwegian Epic, l'une de leurs plus belles réalisations. Car ce mastodonte, long de 329 mètres de long et 153.000 tonneaux de jauge est, au final, une très belle réussite. Le pari était pourtant risqué et, lorsque les anciens dirigeants de NCL ont lancé le projet Freestyle 3 en 2006, d'aucun affirmaient dans le monde de la croisière, sur un ton plus ou moins humoristiques, qu'ils avaient « fumé la moquette » ! L'objectif affiché était de construire un navire géant bouleversant les codes de la croisière. Déjà, avec son concept Freestyle (pas de code vestimentaire imposé, pas de placement fixe à table, démultiplication de l'offre de restauration...) lancé au début des années 2000, NCL avait apporté une liberté sans précédent à ses clients par rapport aux standards classiques des paquebots. Mais avec le projet F3, il s'agissait d'aller encore plus loin. Non seulement en proposant encore plus de formules de restauration (21 au total), mais aussi en initiant une nouvelle approche en termes d'animations et de spectacles. L'exemple le plus frappant est le Spiegel Tent, un restaurant sous chapiteau de cirque au centre duquel se produisent durant le dîner des artistes et acrobates. On notera aussi l'énorme toboggan du pont piscine, le Spice H2O en gradins sur l'arrière, ou encore la présence d'un Ice Bar, sans parler de la grande discothèque, avec ses lits à baldaquin au bord de la piste de danse et sa décoration très « exotique ». Le Spiegel Tent sur le Norwegian Epic (© : NCL) Le Spiegel Tent sur le Norwegian Epic (© : NCL) L'Ice Bar du Norwegian Epic (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU) L'Ice Bar du Norwegian Epic (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU) Le Spice H2O du Norwegian Epic (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU) Le Spa du Norwegian Epic (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU) L'un des 21 restaurants du Norwegian Epic (© : NCL) L'un des 21 restaurants du Norwegian Epic (© : NCL) Si le traditionnel grand théâtre, qui devait initialement être supprimé, a finalement été rajouté par Apollo, cet espace accueille des spectacles peu conventionnels, comme le fameux Blue Man Group. Mais, alors que le futur Epic allait disposer du plus important complexe de suites en mer (60 sur 2109 cabines) et proposer des studios, spécialement conçus pour les personnes voyageant seules, la plus grande révolution fut sans nul doute l'adoption d'un audacieux design de cabines avec cloisons incurvées et disparition du bloc sanitaire fermé, qui a fait couler beaucoup d'encre à la sortie du bateau. Côté cabines, on notera aussi que ce fut une petite révolution pour l'équipage (1730 personnes) puisque la quasi-totalité des personnels ne partagent plus leur cabine mais dispose d'un logement privatif. Enfin, le Norwegian Epic s'est évidemment distingué par sa silhouette très atypique, avec ses lignes cassées, sa poupe droite et son imposante « casquette » surmontant la passerelle. Un ensemble qui, lorsque les premières vues du navire ont été dévoilées, a fait bondir les puristes ! Aujourd'hui, beaucoup se sont habitués à ces lignes si particulières, qui font également de ce vaisseau une pièce unique dans le secteur maritime. Un studio sur le Norwegian Epic (© : NCL) Cabine sur le Norwegian Epic (© : NCL) Toujours est-il qu'en 2007, lorsqu'Apollo a audité NCL, qui était alors déficitaire, le nouvel investisseur a dit-on été effrayé par l'ampleur des changements introduits par le concept F3, perçu comme trop novateur pour le marché. Un coup de poker considéré comme particulièrement risqué pour un projet à 1.47 milliards d'euros. Il fut donc décidé d'annuler la construction du D33 mais, comme celle du C33 était déjà lancée, il n'était plus possible de faire machine arrière à un coût raisonnable. Les nouveaux patrons de NCL ont donc fait rectifier un certain nombre de choses - ce qui n'a pas été sans mal avec le chantier - mais ont été contraints de mener à bien l'achèvement de l'Epic, qui a été livré avec l'essentiel de ses innovations. Et c'est tant mieux car, si cela n'avait pas été le cas, l'industrie de la croisière serait passée à côté d'un fantastique navire.

 

 

 

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© NCL

 

Le Norwegian Epic (© : NCL) « Un bateau unique par sa conception et son ambiance » Aujourd'hui, deux ans après sa livraison, le Norwegian Epic a fait ses preuves. Certes, le concept des cabines, très innovant, n'a pas plu à tout le monde. Certains défauts ont pu être corrigés, mais d'autres, comme un certain manque de place pour circuler dans les cabines standard, sont structurels (NCL a d'ailleurs décidé de revenir à des cabines conventionnelles sur ses prochains paquebots). Moyennant quoi, ces chambres sont des plus agréables et leurs cloisons incurvées comme leur décoration en font des lieux très intimistes et cosy. Et, si leur configuration est rédhibitoire pour une petite partie de la clientèle (moins de 10% selon les études) attachée aux cabines classiques, elles ont aussi trouvé de véritables adeptes, notamment chez les jeunes. Le Norwegian Epic, qui est exploité dans les Caraïbes l'hiver et en Méditerranée l'été, accueille d'ailleurs un public à la moyenne d'âge plus basse que d'habitude. Et il s'est clairement forgé, en deux ans, une vraie réputation et même, à entendre certains habitués, une véritable affection. « Les retours des clients sont extrêmement positifs, notamment sur l'ambiance, la restauration et le rapport qualité/prix. Le Norwegian Epic a trouvé une clientèle de fidèles, certains passagers venant à bord trois ou quatre fois par an ! », explique Cédric Rivoire-Perrochat, directeur général d'Echos du Large, agent en France de NCL, qui embarque pour la première fois, cet été, des passagers à Marseille sur le Norwegian Epic. Le Teppanyaki, l'un des 21 restaurants de l'Epic (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU) La discothèque du Norwegian Epic (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU) Le Norwegian Epic (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU) Le Norwegian Epic (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU) Pour ce passionné de paquebots, qui a navigué sur une multitude de navires de différentes compagnies depuis plus de 15 ans, « c'est un bateau unique, d'abord parcequ'il est le seul de son genre, mais aussi par sa conception et son ambiance. Le Norwegian Epic a vraiment lancé une nouvelle tendance sur les animations et la façon de vivre à bord d'un paquebot. La clientèle est beaucoup plus jeune que la moyenne habituelle dans l'industrie de la croisière et le navire est parfait pour faire la fête. L'atmosphère y est vraiment très agréable, avec des gens souriants et une ambiance très festive. L'équipage a de très bonnes conditions de vie et ça se ressent. Ils sont très professionnels, efficaces et agréables ». Tout l'été, le Norwegian Epic est exploité sur des croisières d'une semaine en Méditerranée, au travers desquelles il fait escale à Cannes, Barcelone, Naples, Civitavecchia (Rome), Livourne (Florence/Pise) et Marseille, le port français où il embarque des passagers tous les samedis jusqu'au 1er septembre . ____________________________________________ - Voir notre reportage sur le Norwegian Epic Le Norwegian Epic à Marseille (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

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