La CGG , société de services géophysiques , a annoncé le 4 novembre un plan de 190 suppressions d’emplois sur son site de Massy en Essonne, où travaillent 850 salariés, et 112 dans sa filiale Sercel de fabrication d’équipements ( 930 salariés), implantée à Nantes, Saint Gaudens, Les Ulis et Toulon, ces deux derniers sites étant amenés à fermer définitivement. Ces suppressions de postes s’ajoutent aux 130 intervenues ces deux dernières années à Massy sans plan de sauvegarde de l’emploi. L’entreprise justifie ce plan par la crise sévère du marché géophysique mondial, déclenchée notamment par la baisse du prix du pétrole. Elle a déjà supprimé près de 2500 emplois dans le monde en deux ans. CGG a déjà transféré, en contrat « offshore » dans sa filiale Suisse, CGGI, son personnel embarqué sous contrat de droit français.
82 postes sont également menacés chez l’armateur Louis Dreyfus avec lequel CGG exploitait 6 de ses 11 navires de prospection géophysique, dont elle a annoncé l’arrêt prochain. Avec les emplois induits, on peut donc craindre la disparition de plus de 1000 emplois en France.
La crise du marché de l’exploration pétrolière et minière n’est pas la seule cause. Après avoir mené depuis 2006 une stratégie de croissance externe notamment dans la marine au prix d’un endettement devenu insupportable, face au retournement du marché, l’entreprise se replie sur les domaines supposés porteurs dans l’avenir, en particulier l’imagerie du sous-sol. Elle se désengage progressivement de l’acquisition géophysique Terrestre puis Marine, secteurs jugés trop coûteux en capitaux, et peu rentables.
Avec ce plan de restructuration, c’est l’avenir de l’entreprise en France qui est en danger. Les suppressions d’emplois ciblent notamment les services possédant la maitrise technique des activités Marine ou assurant le développement de technologies transverses pour les différentes lignes de produits du Groupe. Réduite au seul périmètre du centre d’imagerie des données de Massy, recentré sur le marché local, la base française pourrait subir de nouvelles coupes dans un proche avenir.
En deux ans CGG aura dilapidé plus de 2 milliards de capitaux, évanouis dans les dépréciations opérées en 2014 et 2015. Le plan proposé qui n’est pas clairement financé à ce stade, coutera 200 millions de dollar, pour un retour sur investissement non précisé. Ce n’est pas aux salariés de payer la note pour ces stratégies hasardeuses !
Le Syndicat National de la Géologie et de la Géophysique (SNGG CGT) appelle les salariés à se mobiliser pour refuser ces suppressions d’emploi massives. Il faut maintenir les activités qui font de CGG une compagnie intégrée de Géophysique, maitrisant toutes les étapes de la chaine industrielle : De la fabrication d’équipement jusqu’à l’imagerie du sous-sol et l’étude des gisements, en passant par l’acquisition de données. Seule stratégie reconnue capable à long terme de pérenniser l’emploi et 70 ans de savoir-faire technologique. En parallèle, il exige un plan de sauvegarde de l’emploi de haut niveau.
Depuis 2 ans, le SNGG-CGT et ses représentants au Comité d’Entreprise ont alerté sur la situation fragile de l’entreprise sur le plan financier et actionnarial, dans un secteur historiquement cyclique. L’entreprise est exposée à une prise de contrôle boursière et un démantèlement. La tentative de rachat par Technip en décembre 2014, contre laquelle les salariés s’étaient déjà mobilisés l’a démontré. L’objectif sous jacent de ce plan n’est-il pas de préparer une prise de participation de ce type ?
La responsabilité de l’Etat, actionnaire principal au travers de BPI France et de l’IFPEN, est donc engagée. Peut-il laisser s’opérer la destruction de centaines d’emplois dans une filière industrielle de rang mondial , exportatrice, hautement technologique, ayant des liens commerciaux et industriels avec les pays producteurs de pétrole? Veut-on laisser le marché de l’acquisition marine à des acteurs low-cost, moins soucieux des exigences environnementales et des normes de sécurité ? Veut-on préserver la filière Géosciences en France, sa recherche, ses filières de formation et ses débouchés ?
Nous demandons que des solutions soient recherchées pour préserver les activités de CGG et les emplois, notamment en mobilisant les banques et les institutions financières publiques pour adosser l’entreprise sur le long terme , fournir des garanties bancaires pour refinancer la dette , et en développant les partenariats industriels avec les acteurs de la filière géophysique française.
Communiqué du SNGG-CGT, 10/11/2015