Alors que les difficultés d’approvisionnement en gaz naturel liquéfié (GNL) font peser sur la France une menace de pénurie avec la baisse des températures, la Fédération nationale des mines et de l’industrie CGT tire la sonnette d’alarme. « Le risque de pénurie du gaz pour cet hiver est tel que dès la première pointe de froid, les industriels seraient conduits à l’effacement ! Avec toutes les conséquences sur l’économie et l’emploi. Si le ministère vient de prendre des mesures d’urgence, après une concertation dans laquelle la FNME CGT a largement contribué, elles ne peuvent l’être que pour l’hiver 2014-2015 et ne sont pas suffisantes », affirme le syndicat. Celui-ci réclame l’ouverture d’une enquête parlementaire sur la règlementation dans le secteur de l’énergie, cause selon lui de la situation actuelle.
Depuis la privatisation de Gaz de France, lors de son rapprochement avec Suez en 2008, l’ex-entreprise publique n’est, en effet, plus soumise aux mêmes obligations pour maintenir des stocks suffisants en cas d’aléas climatiques. Dans un environnement très concurrentiel, le groupe n’a d’autre choix que d’agir suivant les règles d’un marché devenu totalement instable et imprévisible. Ainsi, le gaz naturel liquéfié est soumis à une très forte spéculation, doublée d’une demande importante de l’Asie, qui fait flamber les prix dans cette région du monde. Par conséquent, de nombreux navires ont été détournés vers l’Est, où leur cargaison se vend plus cher, alors que les terminaux méthaniers européens voient leurs stocks réduits, les opérateurs y réservant des capacités les plus faibles possibles afin d’éviter des immobilisations et, ainsi, mieux valoriser le GNL.
A cela, s’est ajoutée une problématique de maintenance du terminal de Skikda, qui a réduit les importations de GNL vers la France, l’Algérie étant son fournisseur historique. Tant et si bien que le sud de l’Hexagone fait face à une situation très tendue, GRTgaz ayant été obligé d’opérer des transferts depuis le nord du pays et de puiser, chose exceptionnelle à cette saison, dans les stockages souterrains. Et l’hiver n’en est qu’à ces début, tout épisode froid et durable faisant peser un risque sur la distribution, avec en pareil cas un possible effet boule de neige sur les approvisionnements en électricité, puisque si le gaz vient à manquer, il y aura report énergétique. Cela, alors que dans le Nord-est de la France, le charbon nécessaire au fonctionnement des centrales thermiques fait lui-aussi l’objet d’un marché très tendu, du fait d’une très forte demande en Allemagne, portée notamment par la décision de ce pays de sortir du nucléaire.
Dans ces conditions, FNME CGT appelle à ce que la « nation prenne la mesure de la situation », via notamment une commission d’enquête. La fédération souhaite que les parlementaires étudient les conséquences de la dérèglementation du prix du gaz (hors résidentiel) et appelle à ce qu’il n’en soit pas de même pour l’électricité l’hiver prochain. « Pour la FNME-CGT, le premier risque de rupture d’approvisionnement et d’augmentation des prix est la déréglementation ».
- Voir notre article sur la faiblesse des approvisionnements en GNL