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Un géant français du parapétrolier ? Ce n’est pas pour tout de suite, mais les lignes semblent bouger dans ce secteur sérieusement secoué par le ralentissement économique et la baisse des investissements des grandes majors pétrolières. Technip, un des leaders mondiaux en ingénierie pétrolière, a ainsi affiché ses ambitions en formulant, le 10 novembre dernier, une offre de rachat du groupe franco-américain CGG, spécialisé dans la géophysique et l’acquisition de données sismiques. Cette offre publique d’achat valorisait CGG à 1.5 milliard d’euros (8.3 euros l’action soit au-dessus du cours actuel). Les deux groupes ont fait savoir hier que cette transaction n’a pas eu lieu, CGG déclarant laconiquement que « les conditions n’étaient pas réunies pour y donner suite ».

 

CGG à la peine depuis un an

 

Que se passe-t-il en coulisses dans ces deux grands fleurons industriels, tous deux côtés à la bourse de Paris et dans lesquels l’Etat a des parts, via la Banque Publique d’Investissement (7% pour CGG, 5% pour Technip) ?  Les temps sont durs pour CGG, notamment pour son activité sismique dans un marché où le prix du brut marque le pas et où l’offre mondiale est en surcapacité. En décembre 2013, le groupe a présenté des mesures de réduction de sa flotte de navires d’acquisition sismique, dont une partie est gérée par l’armement français Louis Dreyfus Armateurs via une filiale commune, GeofieLD. Au cours de l’année 2014, ce sont des fermetures de  plusieurs sites et le licenciement de 10% de son effectif, soit 1000 employés, qui ont été annoncés. Ses autres divisions, Sercel, qui conçoit du matériel sismique et SSI&B, une gigantesque bibliothèque de données sismiques, ne parviennent pas à compenser les mauvais résultats. CGG est endetté (2.7 milliards de dollars) et son action a perdu 60% depuis le début de l’année.

 

CGG dit « ne pas être à vendre »

 

Pour autant, depuis les différentes annonces sur cet  éventuel rachat, CGG fait savoir « qu’il n’est pas à vendre », qu’il n’a besoin de s’adosser à un groupe et que le refus de l’offre de Technip a été unanimement décidé par les membres du conseil d’administration. De son côté, Technip laisse planer le suspense sur la suite des évènements. Après cette « offre non sollicitée », le groupe pourrait-il envisager une opération hostile ? Pour l’instant, l’heure est à l’apaisement. Technip indique ainsi souhaiter « un dialogue constructif avec le conseil d’administration de CGG au sujet de son projet qui repose sur une logique stratégique et industrielle forte ».  Une annonce qui intervient alors qu’exactement au même moment, le groupe parapétrolier américain Halliburton vient de racheter, pour des raisons sans doute proches, le groupe Baker Hughes.

 

Un projet commun sans la division Acquisition

 

Ce projet industriel, Technip l’a déjà imaginé. « Il porte sur l’intégration et le développement au sein de Technip des activités de réservoir et de traitement de données, ainsi que d’équipements sismiques ». Deux des trois activités de CGG seraient donc visées par ce projet : Sercel pourrait rejoindre la filiale robotique Cybernetix, rachetée par Technip en 2012 à CGG, ainsi que la filiale de données SSI&B, qui se porte bien. L’acquisition, en revanche, n’a pas vocation à faire partie de ce projet : « Technip envisage un renforcement puis une séparation de la division Acquisition de CGG. Pour ce faire, Technip s’attachera d’abord à développer les atouts et les talents dont cette division dispose aujourd’hui, afin qu’elle puisse devenir un acteur pérenne de premier rang dans une activité qui présente des caractéristiques qui lui sont propres ».

Le projet semble ficelé, Technip se dit « confiant dans le fait que son projet peut être réalisé dans des conditions qui sont créatrices de valeur pour ses actionnaires, tout en lui permettant de maintenir la solidité de son bilan et une notation de crédit à son niveau actuel». Reste à savoir comment les choses pourraient évoluer. Et à quel point l’Etat –Massy, siège de CGG,  est le fief de Manuel Valls-, pourrait influencer dans un sens ou dans un autre l’émergence de ce nouveau groupe. Technip explique simplement ne pas être en mesure d’indiquer si cette opération se concrétisera.

 

Pour mémoire, la flotte de CGG exploitée par GeofieLD  sous pavillon français se compose des CGG Alizé, CGG Amadeus, Geo Celtic, Geo Carribean, Geo Coral, Oceanic Challenger, Oceanic Phoenix, Venturer, Princess (désarmé) et CGG Symphony (désarmé). CGG dispose par ailleurs d'une flotte "norvégienne" affrétée à l'armement Eidesvik (les deux X-Bow Oceanic Sirius et Oceanic Vega, Viking Vision, Viking Vanquish, Viking, Viking II et Geowave Voyager) et à Volstad (Geo Caspian et Oceanic Endevaour).

 

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