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Rita aime bien commencer son histoire par un coucher de soleil sur la mer de Barents. « C’était en février 1991, j’accompagnais mon père sur son bateau pour pêcher du capelan. J’étais encore adolescente, mais j’ai su, à ce moment-là, que je deviendrai marin-pêcheur moi-même ». 25 ans plus tard, Rita Saevik reçoit à bord du Christina E, un senneur de 80.40 mètres de long, amarré dans le port de Herøy  sur la côte ouest norvégienne. A ses côtés, Espen Ervik, patron et co-armateur du bateau.

 

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© MER ET MARINE - CAROLINE BRITZ

Rita Saevik et Espen Ervik (MER ET MARINE - CAROLINE BRITZ)

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© ERVIK & SAEVIK

(ERVIK&SAEVIK)

 

Ces deux-là se connaissent depuis l’école primaire. Elevés dans deux familles de pêcheurs, ils sont les héritiers de la tradition de ce coin du littoral norvégien où tout le monde part en mer ou construit des bateaux. Ils n’ont pas fait exception : brevets de capitaine en poche, ils embarquent tous deux sur les navires familiaux. « Nos pères ont tous les deux travaillé sur les pêcheries pélagiques : harengs, maquereaux, capelans et merlans bleus. Quand le dernier bateau de mon père, le Kings Cross, est sorti de flotte, nous avons décidé de reprendre ses droits de pêche et de créer notre propre société », raconte Rita.

La nouvelle génération fonde donc Ervik&Saevik en 2005, « avec l’envie de faire quelque chose de nouveau ». Rita et Espen ont grandi dans le Sunnmore, cette région norvégienne qui est devenue, en 40 ans, le temple de l’offshore. Leurs amis et leurs voisins travaillent tous dans des chantiers, des armements ou des équipementiers offshore.

 

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© ERVIK & SAEVIK

Entrée du Christina E dans le port de Fosnavag (ERVIK&SAEVIK)

 

« Nous avons commencé à imaginer un bateau de pêche qui sache faire autre chose. Quelque chose qui puisse l’occuper pendant que nous ne pêchons pas et qui nous permettent de pouvoir garder un équipage toute l’année ». Les espèces pêchées et les quotas norvégiens créent un important phénomène de saisonnalité, les bateaux de la région ne sortent que quatre à cinq mois par an. « Nous savions que le bateau pouvait être disponible plusieurs mois par an pour d’autres missions. Et qu’un navire robuste, manœuvrier et avec un équipage très qualifié pouvait être intéressant pour effectuer des missions en mer ».

 

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© MER ET MARINE - CAROLINE BRITZ

(MER ET MARINE - CAROLINE BRITZ)

 

Pas besoin d’aller très loin. Juste à côté des zones habituelles de pêche, l’Oil&Gas bat son plein. « Avec parfois des besoins ponctuels pour de la bathymétrie, des petites prospections sismiques, la mise à l’eau de robots sous-marins. Nous avons aussi pensé aux scientifiques qui peuvent avoir des besoins similaires ». Rita et Espen tentent alors un joli pari : construire un bateau qui combine les dernières avancées technologiques en matière de pêche et qui puisse devenir un petit laboratoire de prélèvement flottant. « Nous sommes allés voir Salt Ship Design qui nous a dessiné un bateau sur mesure, avec l’aide de l’institut de recherche marine Sintef et l’équipementier MMC ». Côté pêche, le Christina E bénéficie d’un système de chargement sous pression qui aspire le poisson dans le filet et l’envoie directement dans des cuves de 2000m2 où il est stocké dans de l’eau de mer à 1°. Côté scientifique, le bateau est équipé d’une fausse quille relevable qui peut recevoir du matériel subsea, d’un sonar HIPAP 500, de laboratoires secs et humides, d’un espace de stockage pour un ROV et pour 5 conteneurs de 20 pieds, de salles de travail et de conférence ainsi que de nombreuses cabines pouvant recevoir en tout 34 personnes. Il dispose d’un système DP1 et de communications sécurisées.

 

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© ERVIK & SAEVIK

En pêche (ERVIK & SAEVIK)

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(ERVIK & SAEVIK)

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En mission offshore (ERVIK & SAEVIK)

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© ERVIK & SAEVIK

ROV installé sur la plage avant (ERVIK & SAEVIK)

 

Le bateau sort des chantiers danois Karstensen fin 2010. Sitôt arrivé dans son port d’attache norvégien, il entame sa première campagne de hareng, suivie rapidement d’une mission scientifique. « Depuis l’été 2011, nous avons travaillé pour trois instituts de recherche et de nombreuses compagnies pétrolières. Le bateau a servi de base pour des campagnes de ROV, l’installation de modules subsea et des prospections sismiques ». Le Christina E a été plusieurs fois affrété par Statoil, « ce qui nous a permis de nous mettre à des standards très élevés ». En trois jours, le bateau peut passer de sa configuration de pêche à celle demandée pour ses missions offshore. « Nos marins sont des pêcheurs, ils ont l’habitude de s’adapter et de beaucoup travailler quand c’est nécessaire. Ce sont des qualités que nos clients semblent beaucoup apprécier ». Dans les coursives du bateau, où l’on est prié de retirer ses chaussures, l’ambiance est chaleureuse. Partout des tableaux, « nous aimons exposer des jeunes artistes norvégiens »,  des grandes cabines lumineuses et une table où l’on sert des plats dignes des grands restaurants. « C’est important pour nous d’avoir cette ambiance à bord. Pours les 18 marins de notre équipage d’abord, et pour nos clients qui doivent se sentir comme chez eux à bord ».

 

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© ERVIK & SAEVIK

(ERVIK & SAEVIK)

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© MER ET MARINE - CAROLINE BRITZ

Coursive du bateau illustré par Magne Furholmen, ancien membre du groupe A-Ha devenu peintre (MER ET MARINE - CAROLINE BRITZ)

 

Dans quelques jours, le Christina E va partir pour sa campagne de maquereau, la seule qui ne peut être interrompue. Espen va reprendre les commandes de son grand bateau avec un plaisir non feint, « pêcher c’est notre passion, mais rencontrer des gens de toutes les nationalités, participer à des missions variées et découvrir des tas de choses, cela ne fait qu’augmenter notre plaisir d’être en mer ».

 

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© ERVIK & SAEVIK

(ERVIK & SAEVIK)

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