Le constructeur cherbourgeois crée la surprise en se lançant sur le marché des bateaux de pêche hauturiers. Avec un design original de palangrier de 42 mètres, le Longliner 42, qui sera officiellement présenté la semaine prochaine au salon Euromaritime et que nous vous faisons découvrir dès aujourd’hui.
C’est en 2013 que CMN a signé son grand retour dans le secteur de la pêche, 26 ans après l’achèvement de son dernier chalutier. La nouvelle gamme développée par ses bureaux d’études a remporté son premier succès avec le Mozambique, qui a commandé 21 palangriers et 3 chalutiers de 24 mètres.

Palangriers de 24 mètres construits pour le Mozambique (© : CMN)
L’expérience des 24 bateaux mozambicains
Les cinq premiers palangriers, réalisés à Cherbourg, ont été livrés l’été dernier, alors que les chalutiers sont partis pour l’océan Indien en décembre. Les livraisons des autres bateaux, dont la construction a été sous-traitée au chantier roumain ATG, ont débuté en octobre et s’échelonnent jusqu’en avril. Conçus pour être endurants et économiques, avec une attention particulière pour la sécurité, l’ergonomie au travail, le confort et l’hygiène des produits pêchés, ces bateaux ont donné toute satisfaction durant leurs essais, notamment en termes de consommation. « Au moment de la commande, nous avions annoncé que les économies de carburant seraient de l’ordre de 20% par rapport aux bateaux de la génération précédente. Nous avons fait encore mieux puisqu’à l’issue d’une campagne de pêche dans les eaux françaises, nous avons atteint une réduction de 25% », se félicite-t-on chez CMN, où l’on précise que, lors des essais, « les pécheurs professionnels n’ont pas manqué de souligner les qualités de tenue à la mer des navires ».

Le Longliner 42 (© : CMN)
Moderniser et optimiser sans complexifier
Fort de ce succès, le constructeur normand a donc décidé de voir plus grand et de développer un nouveau concept, destiné cette fois à la pêche hauturière. Avec comme défi de bénéficier des évolutions techniques et d’innovations pour améliorer significativement les performances du bateau, tout en conservant une plateforme simple et une maintenance réduite. En somme, moderniser l’outil de pêche et réduire ses coûts d’exploitation, sans sacrifier sa simplicité de mise en œuvre. « CMN s’est attaché à concevoir un palangrier performant, économique, fiable, durable et facile d’utilisation comme d’entretien, en s’appuyant sur l’expertise de marins professionnels de la pêche », explique le chantier, qui assure que son bateau présente aussi « les meilleures garanties en termes de sécurité et d’ergonomie au travail ».
Forme d’étrave et carène optimisées
Capable d’atteindre des zones de pêche situées à 1500 milles de son port d’attache et offrant une autonomie de 45 jours, le palangrier de CMN mesure 42 mètres de long pour 9 mètres de large. Son tirant d’eau est de 3.8 mètres et son déplacement d’un peu plus de 500 tonnes. Disposant d’une coque en acier et de superstructures en aluminium, le Longliner 42 présente une allure originale, avec une haute timonerie bénéficiant d’une vue panoramique et une forme de proue peu conservatrice. Sans aller jusqu’à l’étrave inversée, qui malgré ses avantages suscite toujours la défiance de nombreux armateurs et pêcheurs, les ingénieurs de CMN ont imaginé un design permettant d’améliorer la tenue à la mer et de réduire la résistance à l’avancement. Une architecture sur laquelle le chantier travaille depuis un moment et dont les calculs de performances ont été validés, à la fois par différents bureaux d’études spécialisés dans l’optimisation des carènes, mais aussi en bassin d’essai.

Le Longliner 42 (© : CMN)
La consommation de gasoil réduite de 25%
Ces nouvelles lignes contribuent donc à améliorer la tenue à la mer mais aussi à économiser du carburant. Car c’est l’une des grandes attentes des professionnels et l’un des grands points forts de ce nouveau palangrier. « Par rapport à la flotte en service, nous annonçons une économie de 25% sur la consommation en gasoil. Tout comme ce fut le cas pour les palangriers et chalutiers de 24 mètres, c’est un chiffre mesuré et garanti ».
Propulsion hybride
Pour parvenir à ce résultat, CMN a opté pour une propulsion hybride. Lors des phases de transit, avec une vitesse pouvant atteindre 12 nœuds, le Longliner 42 s’appuie sur un moteur diesel de 820 kW. Puis, lorsqu’il est en opération de pêche, l’appareil propulsif, doté d’une seule ligne d’arbres, bascule sur un moteur électrique attelé à deux générateurs de 250 kW. « Le problème des gros moteurs diesels est qu’ils s’encrassent lorsqu’ils sont en sous-régime, ce qui est le cas quand le bateau est en pêche et évolue alors à faible vitesse. Les moteurs électriques, qui ont des rendements adaptés, répondent à cette problématique ».

Le Longliner 42 (© : CMN)
Conçu pour naviguer 270 jours par an
Les pêcheurs y gagneront donc sur la consommation mais aussi sur la maintenance, d’autant que CMN a choisi des moteurs dont la durée de vie est de 30 ans. Ces choix contribuent à atteindre un taux d'utilisation élevé, soit 270 jours de mer par an. « La robustesse et la fiabilité sont fondamentales car ce type de bateau est amené à naviguer dans des conditions difficiles, sur de longues périodes et dans des régions où les infrastructures techniques peuvent manquer ». Sans compter le fait que les équipages ont autrechose à faire, pendant les campagnes, que de passer leur temps à entretenir les machines. Il faut donc du solide, du simple, du rustique, des matériels qui durent et bien sûr une plateforme économique. « Le concept est axé sur ces caractéristiques, qui répondent aux besoins des acteurs du secteur ».
Capacité de stockage de 100 tonnes
En matière d’équipements, le chantier indique avoir choisi uniquement « des fournisseurs européens de renom ». Le palangrier dispose notamment d’un treuil hydraulique avec 75 km de ligne (4mm) et un système surgélation à -60°C permettant de traiter 1.5 tonne en 6 heures. Les capacités de stockage sont de 100 tonnes, dans une cale à -40°C située sous la zone de tri. « L’aménagement du navire a été étudié en profondeur avec une chaîne du traitement du produit pêché optimisée tant d’un point de vue de l’hygiène que de l’ergonomie au travail et la sécurité de l’équipage. Ainsi le tri du poisson peut être opéré à l’abri et à une hauteur ergonomique ».
On notera par ailleurs que le Longliner 42 peut aussi être gréé en canneur avec l’ajout d’apparaux de pêche à la canne.
Des locaux vie plus confortables et une sécurité accrue
Un équipage de 11 marins est prévu pour ce palangier de nouvelle génération, qui dispose d’une cabine privative permettant d’embarquer un observateur. Les locaux vie sont regroupés et leur disposition a été conçue pour améliorer sensiblement le confort de l’équipage. Dotés d’un sas d’entrée, ils sont situés au même niveau que le pont de pêche, l’objectif étant de réduire les risques pour les marins en cas d’avarie grave, voire d’évacuation d’urgence.

Le Longliner 42 (© : CMN)
Système d’aide à la pêche
En complément d’un équipement complet de navigation et de communication, le Longliner 42 peut être équipé d’un système d’aide à la pêche. « Ce système permet de reconstituer une image 3D des fonds et des ressources de pêche et de constituer une base de données des prises effectuées en fonction des informations du sondeur et de la position géographique du navire », explique CMN, qui précise que « l’utilisation de ce système contribue à une diminution des coûts en carburant et génère une meilleure gestion des ressources ».
Marché français et international
En matière de débouchés commerciaux, CMN indique qu’il vise l’international, mais aussi le marché français. Même s’il ne s’étend pas au sujet de ses clients potentiels, on peut par exemple imaginer que le chantier cherbourgeois propose son nouveau palangrier aux armateurs de pêche à la légine qui opèrent depuis La Réunion. Ces derniers travaillent en effet sur le renouvellement de la flottille et la possibilité, pour réduire les coûts, de mener un programme commun de constructions neuves.