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Militaires, judiciaires, secours, sécurité, assistance, immigration clandestine, trafics divers, atteintes à l'environnement, police des pêches...Pour mener à bien ses nombreuses missions la Gendarmerie maritime recevait en 2003 la première de ses 24 Vedettes Côtières de Surveillance Maritime (VCSM). Construite comme les bâtiments suivants à L'Herbaudière, en Vendée, la Penfeld mesure 20 mètres de long et présente un déplacement de 43 tonnes en charge. Capable d'atteindre la vitesse de plus de 25 noeuds, elle est armée par 5 à 8 gendarmes et peut mettre en oeuvre des mitrailleuses de 7.62mm, ainsi qu'une embarcation rapide au moyen d'une rampe arrière. Depuis 2007, la Penfeld patrouille avec l'un de ses sisterships, l'Aber-Wrach, dans les eaux Brestoises et environnantes (3ème catégorie marine marchande L'Aber-Wrach (© : FRANCOIS DIDIERJEAN) «Eco-responsabiliser» les amateurs de pêche en mer Suite au Grenelle Environnement et au Grenelle de la mer, la nécessité d'encadrer la pêche de loisir s'est imposée. Le 7 juillet 2010, la Charte de la Mer a été signée avec le Ministre de l'Ecologie et du Développement Durable, le Ministre de l'Agriculture et de la Pêche et les Usagers de la mer. Cette charte aborde trois points majeurs : - La gestion de la ressource avec l'évolution de la réglementation sur les tailles minimales de capture, les périodes de repos biologiques, la limitation de prises journalières pour certaines espèces en danger. - La lutte contre la fraude par le marquage des produits de la pêche maritime de loisir pour lutter conter la vente illégale des produits de la mer, le renforcement des contrôles et des sanctions juridiques et financières à l'encontre des braconniers et des receleurs. - La sensibilisation aux enjeux environnementaux grâce à la mise en place d'une déclaration préalable de l'activité de pêche de loisir. Dans un proche futur, elle devrait permettre à chaque usager de recevoir une information complète sur la réglementation, la sécurité et les bonnes pratiques. La Penfeld est propulsée par deux moteurs MAN de 1000 cv (© : FRANCOIS DIDIERJEAN) Plaisanciers et Professionnels D'après François Oléo, porte-parole du Collectif Bar Européen (CBE) : «chaque plaisancier prélève en moyenne 10 kilos de poissons par an... quand on multiplie par le nombre de pêcheurs, on arrive parfois au même niveau que ce qu'attrapent les professionnels». C'est le cas pour le bar (5600 tonnes/an en 2009 contre 5300 pêchées par les professionnels), le lieu jaune et dans une moindre mesure la dorade (*). Les pêcheurs plaisanciers prélèvent souvent des spécimens trop petits par méconnaissance. La seule limite quantitative fixée à ces pêcheurs est la notion d'alimentation de la table familiale qui autorise des interprétations à géométrie variable. Au mouillage à Trébeurden Une fois les 48 kilos de l'ancre et un «maillon» de chaines bien assurés, la drome est mise à l'eau (son emplacement est dans le radier incliné à l'arrière de la vedette). L'équipement de chaque gendarme est alors, en plus du gilet de sauvetage réglementaire, d'un pistolet automatique 9mm, d'une pochette «administrative» permettant de formaliser les contrôles. Les 70 chevaux nous propulsent vers différentes «cibles» dont le nombre s'explique par les vacances scolaires. La Penfeld est équipée d'un semi-rigide de 4.85 mètres pouvant accueillir 8 personnes (© : FRANCOIS DIDIERJEAN) Souvenirs d'Indochine Le vieux Monsieur qui nous reçoit à son bord évoque ses souvenirs de marin embarqué lors de la guerre d'Indochine ! Sa grande passion est de promener son bateau pour mouiller son unique casier au même endroit depuis 30 ans. Le bruit de son moteur et sa surdité certaine rendent épiques le contrôle et nous font estimer que la revente au noir du produit de sa pêche à des restaurateurs locaux n'est certainement pas une de ses pratiques. Nous visualisons le matériel obligatoire dont les Equipements Individuels de Flottabilité qui répondent depuis le 15 avril 2008 à des caractéristiques précises selon le type de navigation pratiqué (**). Quelques principes du règlement international pour prévenir les abordages en mer lui sont rappelés et nous l'encourageons «informellement» à acquérir un moyen de communication comme un téléphone portable. Entre notre présentation et la signature d'un constat, 45 minutes auront été nécessaires. Des explications sur la Charte de la Mer feront l'objet d'une prochaine information. Se faire comprendre dans toutes les situations (© : FRANCOIS DIDIERJEAN) Une question de centimètres Un demi-nautique plus loin, un plaisancier relève ses deux casiers. Le contrôle portera sur les engins de pêche autorisés (des lignes gréées d'un maximum de 12 hameçons, deux palangres munies chacune d'au plus 30 hameçons, deux casiers, une foëne, une épuisette, un trémail ou filet droit d'une longueur maximale de 50 mètres). Avec un pied à coulisse, nous contrôlons le maillage du casier dont la conception semble litigieuse. Notre «contrôlé» est donc tout prêt à écouter ses obligations de pêcheur récréatif. Bien informé, il nous précise que récemment (30 janvier 2011), le président de la FNPPSF (Fédération Nationale des Pêcheurs Plaisanciers et Sportifs de France) annonçait que les différents Comités et Groupes de travail étaient en place pour se mettre au travail (***). Là aussi, l'aspect pédagogique de nos explications prime. La crainte des plaisanciers entendus ce jour est l'instauration d'un permis de pêche comme pour les pêcheurs en eau douce. L'obligation prévue de marquer une nageoire des poissons à forte valeur marchande ne les effraie pas dès le moment où ces dispositions ne sont pas synonymes d'encadrement excessif et de taxation. Dans l'attente des homards... (© : FRANCOIS DIDIERJEAN) Le constat d'une infraction Que ce soit pour l'absence de cartes de navigation, le dépassement d'une date de validité, des engins de pêche inappropriés, la procédure est la même. Le gendarme établit un procès verbal constatant l'infraction. Il laisse le contrevenant s'expliquer sur les faits incriminés et note soigneusement sa déclaration qui est relue par ce dernier. Le document est signé par les deux parties. Deux exemplaires seront envoyés au Procureur de la République, un exemplaire à la Direction des Services du Territoire et de la Mer. Un document de régularisation est remis au «fautif» qui dispose de 3 jours ouvrables pour éclaircir sa situation. Il a donc la possibilité de présenter une facture d'achat ou le matériel conforme soit à la brigade maritime la plus proche, soit à une autre brigade de gendarmerie ou au commissariat de police de son choix. Il lui faudra alors retourner le document de régularisation visé à la brigade de gendarmerie maritime ayant établi le PV. Cette régularisation ne remet pas en cause l'éventuelle contravention de 5ème catégorie (jusqu'à 1500 euros) qui peut être décidée par le parquet. 2,5 millions de Français pratiquent la pêche Le gendarme maritime se doit de suivre en continu l'évolution de la réglementation. La gestion des ressources halieutiques est un sujet environnemental sensible qui peut opposer pêcheurs professionnels et pêcheurs plaisanciers. 2,5 millions de nos compatriotes pratiquent la pêche à pied, du rivage ou à bord d'un bateau comme activité «ludique». Ils peuvent tous faire potentiellement l'objet d'un contrôle. Véritable polyglotte, le gendarme doit savoir comprendre et se faire comprendre de ces pratiquants comme des autres usagers professionnels de la mer. Mission délicate que cet équipage de La Penfeld, sous le commandement de l'Adjudant chef Eric Laheurte, pratique avec succès quasiment au quotidien. François DIDIERJEAN (CF de réserve) ______________________________________________________(*) Le Monde, 30 juillet 2010 (**) www.developpement-durable.gouv.fr (***) www.fnppsf (30 janvier 2011).

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