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Impressionnantes images que celles du Célacante, encastré depuis vendredi sur les Pierres Noires, en face du Conquet. Le chalutier de l’armement costarmoricain Jean Porcher s’est échoué à l’issue d’une opération d’assistance qui a mal tourné. Tout a commencé jeudi dernier lorsque le Nénette, un voilier de 13 mètres avec deux personnes à son bord, a signalé une avarie de barre alors qu’il se trouvait à 80 milles à l’ouest de Brest. Les réparations ne pouvant être effectuées sur place, le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage de Corsen a coordonné une opération d’assistance, suite à la demande formulée à 15 heures par le Nénette. Présents dans la zone, le Célacante et ses six membres d’équipage, après avoir répondu à l’appel radio du CROSS, ont pris le voilier en remorque vers 16 heures. Le convoi a mis le cap vers le port du Conquet, qu’il devait atteindre après quelques heures de navigation.

 

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© MICHEL FLOCH

Le Célacante (© MICHEL FLOCH)

 

La remorque se rompt à proximité des rochers

Ce ne sera malheureusement pas le cas puisqu’à 22h45, alors que le Célacante et le Nénette se trouvent à proximité des Pierres Noires, la remorque casse. Les deux bateaux se trouvent à moins de 2 milles des rochers. Le chalutier tente de repasser une remorque, mais celle-ci se prend dans son hélice et les pêcheurs ne parviennent pas à la dégager. Alerté, le CROSS ordonne à 23h17 l’appareillage de la vedette La Louve de la station SNSM du Conquet. Les sauveteurs ne peuvent toutefois arriver à temps, le Célacante, ingouvernable, annonçant qu’il s’est échoué à 23h26. Alors que l’équipage évacue sur le radeau de survie du chalutier, le CROSS dépêche sur zone des moyens aériens. Un hélicoptère Lynx de la Marine nationale, alors en mission dans la baie de Douarnenez, est dérouté et, après avoir récupéré un plongeur à Lanvéoc-Poulmic, redécolle à 23h45 et file vers les Pierres Noires. Un Caïman de la base d’aéronautique navale est également mobilisé, avec à son bord une équipe médicale du service de santé des armées.

 

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© SNSM

La vedette La Louve (© SNSM)

 

La marine et la SNSM sauvent tous les marins

Le Lynx commence l’hélitreuillage des naufragés à 00h05, embarquant quatre marins, qu’il dépose sur la pointe Saint-Mathieu, où ils sont pris en charge par les pompiers. Les deux autres pêcheurs sont récupérés par les sauveteurs de La Louve et pris médicalement en charge à leur arrivée au Conquet. La Caïman a, pour sa part, servi à évaluer la situation du Célacante.

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

Hélicoptère Lynx (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

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© MARINE NATIONALE

Le Célacante dans la nuit de jeudi à vendredi (© MARINE NATIONALE)

 

Quant au Nénette, parti à la dérive suite à la rupture de la remorque, ses deux membres d’équipage parviennent à le stabiliser en mouillant l’ancre. Le voilier est finalement assisté par la vedette Jean Cam de la station SNSM de Molène, qui récupère les plaisanciers et prend le bateau en remorque pour l’amener au Conquet.

Pas de pollution

Au terme de cette incroyable nuit, tous les marins s’en sortent indemnes. Mais le chalutier est en très mauvaise posture, couché sur tribord, à 100 mètres du phare des Pierres Noires. Vendredi soir, une équipe composée du patron du Célacante, son chef mécanicien ainsi que des experts de la Marine nationale a pu pénétrer dans le bateau et constater que les cuves à combustible étaient étanches, écartant provisoirement tout  risque de pollution. Une surveillance est néanmoins maintenue sur zone, d’abord avec le bâtiment d’expérimentation Thétis la première nuit puis, entre autres, une vedette de la Gendarmerie maritime.

 

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© MARINE NATIONALE

La Thétis surveillant le Célacante (© MARINE NATIONALE)

 

Du temps pour préparer l’opération d’enlèvement

Comme le veut la procédure en pareil cas, la préfecture maritime de l’Atlantique a mis en demeure l’armement Porcher d’évacuer son bateau. Le délai initialement fixé à hier soir a été prolongé, du fait notamment des bonnes conditions météo, qui permettent de prendre un peu plus de temps pour mieux préparer l’opération d’enlèvement du Célacante. D’autant que des incertitudes demeurent quant à l’état du bateau. Aucune brèche apparente n’a été repérée samedi, notamment à l’issue d’une inspection sous-marine. Mais certaines parties étaient inaccessibles et ne pouvaient donc être contrôlées.

 

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© MICHEL FLOCH

Le Célacante échoué sur les roches des Pierres Noires (© MICHEL FLOCH)

 

Irrécupérable ?

La question est désormais de savoir si la coque, qui repose sur les rochers, a souffert ou va souffrir avec le mouvement des marées. Les coefficients plus forts attendus à partir de ce lundi devraient, en tous cas, faciliter une éventuelle opération de déséchouement.

Néanmoins, si le bateau est récupéré, il ne pourra pas forcément être sauvé, certains experts anticipant déjà qu’il sera probablement déclaré en perte totale. Une possibilité d’autant plus malheureuse que ce bateau de 25 mètres est récent, ayant été livré par le chantier Socarenam de Boulogne-sur-Mer en 2008, année où son armateur avait perdu La P’tite Julie. 

 

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© MICHEL FLOCH

Le Célacante (© MICHEL FLOCH)

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