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Fraîchement livré par SEAS, filiale vietnamienne de Piriou, le Morn Seselwa est arrivé mardi à Port Victoria, aux Seychelles, où il est immatriculé et a été officiellement dévoilé hier.  Premier d’une nouvelle série de deux thoniers-senneurs surgélateurs commandés fin 2013, ce navire mesure 79.5 mètres de long pour 14.2 mètres de large. Armé par 40 personnes et capable d’atteindre la vitesse de 15.5 nœuds, il est doté d’une propulsion diesel-électrique avec quatre groupes électrogènes de 1160 kW et un moteur de 2800 kW couplé à une ligne d’arbres avec hélice à pas fixe. La capacité d’emport en combustible est de 490 m3, ce qui lui offre une autonomie très importante. La cale de stockage à sec (-40°) du navire présente un volume de 1040 m3, alors que les cuves de stockage en saumure (-17°) font 490 m3.

 

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© PIRIOU

Le Morn Seselwa (© : PIRIOU)

 

Etrave inversée, déchargement facilité et plateforme hélicoptère

 

Le Morn Seselwa se distingue par son étrave inversée, design destiné à améliorer la tenue à la mer, les performances en termes de consommation, ainsi que le niveau de confort de l’équipage. Le nouveau thonier de SAPMER offre par ailleurs des possibilités de déchargement multiples, par manutention classique ou porte de bordé. Le transfert des poissons à terre se fera au moyen d’un tapis. On notera aussi la présence, au dessus de la passerelle, d’une plateforme. Celle-ci peut non seulement accueillir un hélicoptère, mais pourra également servir à la mise en œuvre d’un drone aérien, l’armement réunionnais envisageant de se servir d’engins sans pilote pour la recherche des mattes de thons. En dehors des missions de reconnaissance, le déploiement d’un moyen aérien permet également d’attirer les poissons, grâce à l’effet du rotor sur la surface de la mer.

 

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© SAPMER

Le Franche Terre, premier des 7 thoniers de 90 mètres (© : PIRIOU)

 

Améliorations par rapport aux 90 mètres

 

Alors que le sistership du Morn Seselwa est en achèvement chez SEAS en vue d’une livraison à SAPMER au premier trimestre 2015, ces nouveaux navires s’ajoutent aux sept unités de 90 mètres achevées par Piriou entre 2009 et 2013. Des thoniers qui sont exploités en océan Indien et dont le retour d’expérience a servi à la conception de leurs cadets. Ceux-ci reprennent notamment l’architecture propulsive des deux derniers 90 mètres, les Belle Rive et Belle Isle (voir notre reportage sur ce navire), qui avaient de ce point de vue été améliorés. La propulsion des cinq premiers thoniers reposait en effet sur une architecture assez complexe, avec quatre groupes électrogènes de 1300 kW et deux moteurs électriques de propulsion (un à vitesse fixe et l’autre à vitesse variable) de 1800 et 2000 kW, ainsi qu’un système d’embrayage sur une ligne d’arbres s’achevant par une hélice à pas variable.

Par rapport aux navires à bulbe, l’adoption de l’étrave inversée a également permis de gagner de l’espace et de réaménager les cales, qui ne sont plus qu’au nombre de trois sur le Morn Seselwa, contre six sur les 90 mètres. On notera par ailleurs que les nouveaux navires sont intégralement réalisés en acier, alors que le bloc passerelle de leurs prédécesseurs était en aluminium. L’alourdissement dans les hauts a été compensé par le rabaissement d’un pont de la timonerie.   

 

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© PIRIOU

Le Morn Seselwa (© : PIRIOU)

 

Des navires conçus pour la pêche dans le Pacifique

 

Cette nouvelle génération de thoniers va débuter sa carrière en océan Indien. Mais elle peut aussi, moyennant quelques adaptations, être déployée en Atlantique et dans le Pacifique. C’est d’ailleurs plus spécifiquement pour le Pacifique que le design a été optimisé. Sapmer souhaite en effet se développer dans cette région et a notamment obtenu des licences de pêche en Papouasie Nouvelle-Guinée. Or, si les licences d’exploitation délivrées dans l’océan Indien n’imposent pas de quotas, les droits de pêche dans le Pacifique se traduisent par l’attribution de jours de pêche, avec des autorisations variables suivant le gabarit des thoniers. Pour les unités de moins de 50 mètres, un jour autorisé équivaut à deux jours de pêche réelle, alors qu’au-delà de 80 mètres, un jour équivaut à une journée de pêche réelle. En revanche, entre 50 et 80 mètres, un jour de droit de pêche n’est comptabilisé que comme une demi-journée de pêche réelle. Cette dernière catégorie est donc celle offrant la plus grande durée d’exploitation. Sapmer a donc logiquement choisi de faire construire des navires à la limite haute de la taille prescrite pour bénéficier de la plus grande capacité possible.

Lors de la mise sur cale du Morn Seselwa, il y a un an, les dirigeants de l'armement réunionnais avaient indiqué leur souhait de réaliser une première campagne en 2015 afin de vérifier le potentiel de pêche au thon de cette zone. Une campagne qui devait plutôt être réalisée par le troisième thonier de 80 mètres (livraison initialement prévue en juin), qui faisait l’objet d’une option au contrat des deux premiers navires mais n’a pas été affermi. Du coup, il ne serait pas impossible que ce soit le sistership du Morn Seselwa qui s’y colle. 

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