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Tous les pélagiques du golfe de Gascogne vont être équipés de pingers, des boîtiers émettant des sons qui éloignent momentanément les dauphins de leur zone de pêche. Les professionnels veulent éviter les captures accidentelles de cétacés alors qu’ils ciblent le merlu. Les tests réalisés cette année par trois paires de chalutiers pélagiques de l’organisation professionnelle Les Pêcheurs de Bretagne (LPDB) sont des réussites incontestables. En alternant les traits de chalut avec et sans les répulsifs acoustiques, les pêcheurs et l’observateur scientifique embarqué ont pu constater une diminution 65 % des captures non désirées de dauphins.

Pour que le dispositif soit probant, il faut trois pingers par chalut. Ces boîtiers orange d’un kg émettent des sons qui font fuir les dauphins. Ils sont installés sur les pointes d’ailes et la corde de dos du chalut. L’investissement est grosso modo de 1 200 € par bateau.

« Personne n’a envie de capturer des dauphins », explique Thomas Rimaud. Chargé de mission à LPDB, il a piloté le projet de recherche Pic (*)

« On estime qu’il y a 200 000 adultes dauphins sur le plateau continental du Golfe de Gascogne. Depuis longtemps, les pêcheurs cherchent des solutions pour les préserver. Des trappes d’échappement et des systèmes de grands élastiques ont déjà été testés sans être probants. De précédents pingers aussi mais… Ils n’étaient pas disponibles à la vente. Ce qui n’est pas le cas cette fois-ci ». Fabriqué en Italie et commercialisé à Concarneau (29), le DDD03H va équiper tous les chalutiers pélagiques français qui pêchent dans le golfe de Gascogne. D’autres pêcheurs et organisations professionnelles ont choisi de suivre l’exemple des premiers bateaux de Lorient et La Turballe, dès le 1er décembre.

Les chalutiers pélagiques équipés pour éloigner les dauphins
(Photo Flore Limantour)

Quelle responsabilité dans les échouages de dauphins ?

En collaboration avec les scientifiques, les pêcheurs souhaitent par ailleurs avoir une meilleure connaissance de leur rôle dans les échouages de carcasses de dauphins sur la côte. Ils ont choisi de marquer chaque dauphin pêché accidentellement, avant de le rejeter à la mer. L’objectif est d’évaluer leur part de responsabilité. Au cours des dernières années, les pêcheurs ont été montrés du doigt après d’impressionnants échouages de dauphins. Pour mener à bien ce prolongement du projet Pic, le nombre d’observateurs scientifiques est augmenté. D’ores et déjà, les premières observations tendraient à minorer la part des pêcheurs…

Un nouveau projet de recherche (Licado) va aussi travailler sur l’amélioration des systèmes acoustiques. Des nouveaux pingers pourraient équiper à l’avenir les filets comme les chaluts. Ils devaient être davantage directionnels et se déclencher seulement au passage des dauphins, afin d’économiser leur batterie. L’autonomie énergétique des boîtiers devrait quoi qu’il en soit être améliorée. « De nouvelles solutions, autres que les pingers, seront aussi développées pour les filets », annonce Thomas Rimaud.

* Le projet Pic mené, en partenariat avec Ifremer et l’observatoire Pélagis, est financé par France Filière Pêche.Un article de la rédaction du Télégramme

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