Vidéosurveillance, caméras sur drone, jumelles à vision nocturne, puces électroniques, patrouilles en chaland : peu avant les fêtes de fin d'année, les huîtres, proies tentantes pour les voleurs, sont surveillées de près dans les bassins de Marennes.
Avant le lever du jour, un chaland ostréicole quitte le petit port de La Tremblade (17), au coeur du bassin de Marennes Oléron, et prend la mer sans bruit, grâce à son moteur quatre temps. À bord : le chef des deux brigades nautiques de la gendarmerie de Charente-Maritime, l'adjudant-chef Christophe Laferrière, et trois de ses hommes, ainsi que deux kayaks et des jumelles à vision nocturne. Direction les parcs à huîtres. « On cherche des lumières qui se déplacent dans la zone ostréicole, qui pourraient être celles de voleurs », chuchote le sous-officier. C'est sur un pan important de l'économie de Charente-Maritime que veille la maréchaussée : l'ostréiculture y représente le tiers des expéditions nationales d'huîtres, soit environ 30.000 tonnes. Et les seules fêtes de fin d'année comptent pour la moitié du chiffre d'affaires des 960 exploitants locaux.
« Très compliqué »
Entre huit et treize tonnes ont déjà été volées cette année. Les « claires », bassins argileux peu profonds pour l'affinage des huîtres, sont régulièrement visées. « Elles sont faciles d'accès et le produit y est mûr, à portée de main », explique Sébastien Viollet, un ostréiculteur satisfait de l'action des militaires. « Lutter contre les vols est très compliqué, constate l'adjudant-chef. Rien ne permet de distinguer l'origine d'une huître, rien ne matérialise les parcs en mer pour savoir si chacun est bien sur sa concession, et les poches d'huîtres sont toutes les mêmes. Certains professionnels les ferment d'une façon identifiable mais très peu encore ont recours aux puces GPS cachées dans les coquillages. » Les gendarmes en sont convaincus, la plupart des vols seraient commis par des ostréiculteurs, même si le Comité régional de la conchyliculture pointe aussi les particuliers lorsqu'il s'agit de « petits vols ». Entre 2010 et 2017, huit personnes ont été interpellées pour un total de 28 tonnes d'huîtres subtilisées. « Six étaient des professionnels en activité ou à la retraite. » D'ailleurs, les rondes en mer se font à bord d'un chaland ostréicole saisi par la justice en 2011.
Un article de la rédaction du Télégramme