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L'Héliotrope, l'un des navires hauturiers de l'armement Scapêche (groupe Les Mousquetaires), est revenu à Lorient, après plus de dix mois dans un chantier espagnol : l'ancien chalutier de 33,80 m y a été remotorisé et entièrement transformé... en palangrier automatisé. Une refonte qui va permettre à l'armement des Mousquetaires d'expérimenter une nouvelle pêche dans les eaux européennes. L'Héliotrope va travailler dans le Golfe de Gascogne, les mers d'Ecosse et d'Irlande. Les espèces visées sont des poissons de grands fonds (sabre et lingue bleue) et de hauteur comme la julienne, le merlu ou le cabillaud. 2 millions d'euros ont été investis. La Scapêche a aussi obtenu un cofinancement de France Filière pêche : si la reconversion de l'Héliotrope donne satisfaction, d'autres armements et patrons de pêche pourraient être intéressés. 

 

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© LE TELEGRAMME

L'Heliotrope avant la refonte (© LE TELEGRAMME)

 

Refonte de la cale à la passerelle.

 

L'Héliotrope a complètement changé d'allure. A l'arrière notamment : portique, enrouleurs, treuils... Tout le matériel de chalutage a été enlevé et la zone a été fermée, assurant un espace de filage (mise à l'eau des lignes) abrité pour les marins. A l'avant, une grue de manutention a été installée et le tribord droit a été équipé d'un poste de virage (remontée des lignes). Les espaces de vie ont été agrandis. La passerelle a, elle aussi, complètement été refaite. Principale nouveauté : le patron y dispose de deux postes, l'un de navigation et l'autre de pêche. Ce dernier lui permet de surveiller le virage en direct et le filage, via des caméras.

 

Automatisme à tous les ponts.

 

L'innovation majeure à bord de l'Héliotrope, c'est l'automatisation. « Ce qui nécessite une vingtaine d'hommes habituellement va pouvoir être réalisé par douze marins à bord de l'Héliotrope », explique Romain Fageot, chargé de mission à la Scapêche. L'automatisation, c'est « un gain de temps, d'hommes mais aussi de sécurité ». Côté filage, la ligne mère - accrochée par ses hameçons sur un rack - est automatiquement appâtée avant d'être envoyée dans l'eau. Côté virage, les poissons sont automatiquement enlevés avec les hameçons de la ligne mère. Une fois les hameçons coupés, les poissons sont envoyés à l'usine. Là, la principale opération manuelle sera le vidage. Lavage - avec une ligne spéciale pour le merlu, plus fragile - et stockage dans les cales réfrigérées sont également automatisés.

 

Le coût de l'expérimentation.

 

Avec l'Héliotrope, c'est une nouvelle technique de pêche que l'armement des Mousquetaires va expérimenter. Les deux principales inconnues : « Notre capacité à pêcher et la façon dont le marché va réagir », résume Romain Fageot. Si le poisson pêché à la palangre est de meilleure qualité, il est en moins grande quantité. « Il va falloir que les prix suivent pour que la réussite soit complète ». Le palangrier automatisé va travailler dans le Golfe de Gascogne, les mers d'Écosse et d'Irlande. Les espèces visées sont des poissons de grands fonds (sabre et lingue bleue) et de hauteur comme la julienne, le merlu ou le cabillaud. La Scapêche travaille déjà à la palangre pour la légine aux Kerguélen, mais ce qui va se faire avec l'Héliotrope, « c'est une vraie expérience pour nous, sur un métier qu'on ne connaît pas », explique Fabien Dulon, directeur général de l'armement des Mousquetaires. 2 M€ ont été investis pour la refonte du bateau.

 

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(© LE TELEGRAMME)

 

Partage de savoir-faire.

 

Pour pallier le déficit d'exploitation inhérent au temps de l'expérimentation - « nous nous donnons deux ans » - un dossier de financement a été déposé auprès de France Filière pêche. « Un accord de principe a été donné ». Et ce, au nom du partage d'expérience : si la reconversion de l'Héliotrope donne satisfaction, d'autres armements et patrons de pêche pourraient être intéressés. « C'est une piste à la fois de diversification d'activité et de renouvellement des flottes ». L'équipage de l'Héliotrope a été recruté sur des compétences de pêche et techniques très précises. Le navire fera sa première marée avec des Espagnols - spécialistes du merlu - et des Norvégiens - spécialistes de la palangre automatique. « Nous allons croiser les savoir-faire de chacun ». Départ prévu dans une dizaine de jours.

Un article de la rédaction du Télégramme

 

 

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