Il ne devrait pas quitter tout de suite le port de Cherbourg, où il est retenu au quai de France. Long de 141 mètres, le chalutier Maartje Theadora, appartenant à l’armement allemand Westbank Hochseefischerei GmbH et géré par la société néerlandaise Parlevliet & Van Der Plas B.V, a été contrôlé au large du cap d’Antifer, mercredi dernier, avec à son bord près de 4000 tonnes de poisson. Les agents du patrouilleur des Affaires maritimes Thémis, qui ont procédé au contrôle ont constaté trois infractions au droit européen de la pêche, portant notamment sur la taille et le maillage des engins de pêche ainsi que sur la tenue du log-book électronique, le journal de pêche obligatoire pour les bateaux européens. Un juge des libertés devrait statuer dans les jours à venir sur le sort du bateau, sur le montant du cautionnement, la confiscation de la marchandise - évaluée à au moins deux millions d'euros - ou du bateau
2000 tonnes de poissons en cause
Le chalutier est soupçonné d'avoir commencé à pêcher du maquereau, comme il l'avait déclaré, puis de s'être mis à pêcher du chinchard, une espèce largement utilisée pour le nourrissage des poissons d’aquaculture, sans déclarer ce changement. Les enquêteurs, diligentés par le parquet, cherchent la raison de cette dissimulation présumée. Celle-ci pourrait porter sur près de 2000 tonnes de poisson. Il est en outre reproché au Maartje Theadora d'avoir combiné deux engins de pêche pour augmenter ses prises.
Il pourrait s’agir de la plus grosse infraction en matière de réglementation de la pêche constatée au large des côtes françaises. L’armateur, interrogé par l’Agence France Presse, a rejeté ces accusations et a précisé que pour l'instant, il ne dispose pas d'informations relatives à une infraction significative du droit de pêche. Selon lui, l'enquête a lieu en raison d'une faute dans le journal de bord sur la taille des mailles du filet de pêche utilisé par le chalutier. Les filets utilisés sur le Maartje Theodora correspondent aux règles internationales sur les filets de pêche, a poursuivi l'armateur, assurant coopérer avec les autorités françaises.
La mauvaise réputation du Maartje Theadora
Le navire traîne une mauvaise réputation, rappelée par les organisations non gouvernementales, nombreuses à réagir suite à ce déroutement. Greenpeace, qui étudie la possibilité de porter plainte pour pêche illégale, rappelle ainsi que ses membres avaient perturbé la pêche de ce navire, alors qu'il travaillait dans les eaux mauritaniennes, pour dénoncer les activités de pêche surdimensionnées de la flotte européenne au large de la Mauritanie et son impact sur les moyens de subsistance des populations locales. Robin des Bois note pour sa part que « désormais, les chalutiers océaniques européens pillent les poissons au large de la baie de Seine comme ils le font depuis longtemps au large de l'Afrique ». Le comité régional des pêches de Basse Normandie a décidé de se porter partie civile. Les pêcheurs professionnels normands, excédés par les pratiques du chalutier industriel, ont envisagés des actions pour empêcher le départ du bateau.
A quelques jours du Conseil pêche de l'Union européenne
Le tout alors que, dans quelques jours, le conseil des ministres de l’Union européenne va siéger pour fixer les quotas de pêches 2013. Dans un communiqué, Alain Cadec, député européen et vice-président de la commission pêche du Parlement européen, s’insurge et estime qu’« il faut en finir avec les voyous qui pratiquent la pêche illégale. Les pratiques du Maartje Theodora sont inadmissibles. Nous sommes face à des voyous qui pillent sans scrupules nos océans et violent ouvertement les règles européennes. Par ailleurs, ce genre de pratiques salit une profession dont les efforts en matière de durabilité sont reconnus. Cette affaire très grave en cache certainement d'autres malheureusement non contrôlées faute de moyens suffisants ».