Cinq capitaines de pêche marocains étaient en visite le mardi 18 novembre à Concarneau. Ils ont passé la matinée au centre de formation continue maritime (CEFCM) sur les bords du port, avant de se rendre à l'Ifremer. Le centre souhaite ainsi nouer de nouveaux partenariats à l'étranger. Les pêcheurs marocains sont notamment intéressés par des formations sur la sécurité à bord. « Vous pêchez à l'aspirateur ? », s'étonne, avec le sourire, Alain Pomes, le directeur du centre de formation continue maritime. « Non, non, nous pêchons d'abord puis une pompe hydraulique aspire les poissons dans le sac », précise Ahmed, un capitaine de pêche pélagique. En visite à Concarneau avec quatre autres capitaines marocains, son parcours retrace l'évolution récente de la pêche dans ce pays : « Pendant seize ans, j'étais sur un bateau de pêche de céphalopodes. La pêche pélagique était une spécialité nouvelle, venue des pays scandinaves. Nous avons commencé cette pêche en 2008 en apprenant à nous servir d'équipements sophistiqués pour la prospection notamment ». Autrement artisanale, la pêche pélagique est devenue une spécialité professionnelle en quelques années au Maroc. Une vingtaine de navires, d'une taille variant entre 50 et 60 mètres, d'une capacité de 500 tonnes reviennent les cales pleines en moins de trois jours au port de Dakhla (*).
« Découvrir »
Un développement amorcé et boosté par le plan Halieutis et la demande en matières premières des usines de transformation du port qui faisait face au manque d'apports de la pêche traditionnelle. « 90 % des sardines pêchées sont transformées en farine pour des thons élevés en cage en Turquie. L'huile de sardine est aussi utilisée pour les oméga 3 », ajoute le pêcheur. « Nous sommes là pour découvrir la France et Lorient, je veux dire la Bretagne », ajoute Hatim Laguir. Capitaine de pêche d'un céphalopodiers, il est le vice-président d'une association qui les regroupe. Avec Saïd Zarhoune, le président aussi du voyage, l'objectif de cette association des capitaines de céphalopodiers marocains est de « concrétiser l'organisation d'une fédération des capitaines de pêche ». La pêche de la crevette était aussi représentée par un capitaine présent à Concarneau. « Par spécialité, une association pour régler les problèmes de chaque filière. Une fédération pour s'occuper des problèmes que connaît la pêche au Maroc », résume Hatim Laguir. Une pêche marocaine qui partage certains défis identiques à ceux des pécheurs bretons que résume Alain Pomes : « Le gasoil et le manque de ressources ». Les capitaines marocains ont moins de difficultés à recruter des matelots, qui gagnent environ une fois et demie le Smic local. « Le gasoil est un problème mondial. Mais, pour ce qui est de la ressource, la richesse existe mais il faut agir maintenant pour bien la gérer avec des plans d'aménagement », estime le vice-président de l'association des céphalopodiers, dont les produits de la pêche sont destinés au marché japonais.
« Un tas de choses à apprendre de notre côté »
« Nous avons aussi un tas de choses à apprendre de notre côté. Pour ce qui est de la pratique de la pêche, nous n'avons rien de nouveau à vous proposer. Mais, nous pouvons vous aider pour tout ce qui est organisation et matériel sur les navires », avance Alain Pomes. Les capitaines marocains étaient ainsi très intéressés par les formations en sécurité que dispense le centre. Un partenariat pourrait voir le jour. De son côté, le centre cherche aussi de nouvelles innovations dans ces formations. « Il y a beaucoup d'informatique et de technologies dans les navires qu'il faut protéger pour la sûreté des navires et des ports », assure le directeur du CEFMC. Car la piraterie n'existe pas que sur mer, elle s'exerce aussi derrière un écran.
*Note : le port de Dakhla est situé sur la côte du Sahara Occidental, un territoire dont la souveraineté est revendiquée par le Maroc. Le pays administre d'ailleurs 80 % du territoire. Les 20 % restant, à l'écart des côtes, sont gérés par le Front Polisario, un mouvement indépendantiste. Une résolution de l'ONU prévoit un référendum dans ce pays, né en 1975 après la décolonisation espagnole, au nom du droit à l'autodétermination.
Un article de la rédaction du Télégramme