C'est fort d'une enveloppe de 588 millions d’euros de crédits européens - « pas parfaite mais inédite » - pour la période 2014-2020 que Frédéric Cuvillier a répondu aux questions des professionnels de la filière, mardi à Lorient, dans le cadre des Assises de la pêche. Et s'il n'a pas répondu à toutes les attentes, le secrétaire d'État a fait quelques annonces.
« Ce que voudrait la profession, c'est un schéma national de développement de la pêche. » Olivier Le Nezet, président du comité régional des pêches, n'y est pas allé par quatre chemins en interpellant Frédéric Cuvillier, hier matin, au cours d'une rencontre avec des pêcheurs bretons, à l'occasion des Assises de la pêche organisées à Lorient. « Un bateau de pêche est une entreprise à part entière. Nous avons besoin de visibilité et de stabilité pluriannuelle », a plaidé Olivier Le Nezet. Ce schéma national pourrait aussi favoriser le renouvellement des hommes et la modernisation des flottilles. « Pour devenir patron de pêche, il faut être très bien formé mais aussi disposer de bateaux récents, performants, sûrs, économes et en cohérence avec les exigences européennes d'une pêche durable et responsable », résumait Olivier Le Nezet. « Je suis favorable pour y travailler rapidement », a répondu le secrétaire d'État aux Transports, à la Mer et à la Pêche. Qui préfère définir les actions à mener « dans le cadre d'un schéma national qu'au coup par coup. Nous pourrions prendre appui sur les grands thèmes du Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (Feamp) et les compléter par une stratégie nationale », a annoncé Frédéric Cuvillier, qui rencontrera les régions le 22 juillet pour élaborer le programme opérationnel de la mise en oeuvre de la nouvelle politique commune des pêches.
Des dispositifs eurocompatibles pour le renouvellement des flottilles
« J'ai cherché un bateau plus moderne. On m'en demande 900.000 €, et le moteur est à changer. Ce n'est pas abordable pour le métier qu'on fait ici », témoignait ce jeune patron pêcheur. Guy Le Moigne, vice-président du Comité des pêches du Finistère, mettait, lui, l'accent sur l'exigence des banques. « On leur demande entre 30 et 50 % d'apport personnel. Comment voulez-vous qu'il fasse ? On a une flottille vieillissante et des hommes qui partent. Et si on perd des bateaux, on perd des quotas. C'est toute l'économie d'une région qui est touchée. » « Le problème aujourd'hui, ce n'est plus la ressource. C'est le renouvellement des outils et des hommes », appuyait Olivier Le Nezet, appelant à « la mise en place d'un fonds d'investissement national » pour aider les jeunes à acquérir un bateau. « Je refuse de m'engager sur des aides et des dispositifs qui ne soient pas eurocompatibles et que les bénéficiaires se verraient obligés de rembourser ultérieurement », répondait Frédéric Cuvillier. Il annonçait cependant la remise, fin juillet, de « deux rapports que j'ai demandés à la direction générale des Finances publique et à celle des Affaires maritimes, qui doivent esquisser des pistes d'aides nationales eurocompatibles ».
Simplification administrative et pause environnementale
Reconnaissant que « c'est long, dur et compliqué », en réponse à la demande générale de « simplification administrative », Frédéric Cuvillier a annoncé qu'il appuierait la nomination d'un délégué pour « s'atteler à cette tâche ». Et en ce qui concerne le « re'zo re environnemental » des professionnels de la pêche - « certaines mesures ne sont pas encore appliquées qu'on nous annonce déjà un complément. Nous demandons une pause » - Frédéric Cuvillier a promis de transmettre la demande à Ségolène Royal.
Un article de la rédaction du Télégramme