Fin du suspense. Depuis le mois de février, la rumeur d'un rachat total ou partiel de l'armement Dhellemmes (Concarneau) par la Scapêche (Lorient, groupe Intermarché) bruissait dans les ports bretons. Les deux parties ont signé un accord hier, à Paris. Il entérine la cession par Dhellemmes de quatre des neuf navires de sa flottille. Il s'agit des chalutiers Corail, Roselend, Saint-Gothard et Iroise. Des unités de 32 à 35 m, croisant en mer Celtique, toutes construites aux chantiers Piriou de Concarneau entre 1989 et 1998.
Comme l'a précisé l'armement des Mousquetaires, nouveau propriétaire de ces navires, le rachat s'accompagne « de la reprise du personnel navigant ». Un nombre de salariés non détaillé mais qui devrait être de l'ordre de six à sept personnes par chalutier.
« La cession de ces quatre chalutiers s'inscrit dans une logique économique et sociale (...) et, par-dessus tout, nous sommes parvenus à un accord qui préserve l'emploi des marins-pêcheurs. Cela a énormément compté dans notre choix » a commenté, dans un communiqué, Antoine Dhellemmes au nom du groupe néerlandais Cornelis Vrolijk, actionnaire majoritaire de l'armement concarnois.
Deux chalutiers vers Lorient
« Deux de ces navires, le Corail et le Roselend pourraient être appelés à débarquer à Lorient, une réflexion en ce sens sera lancée » a précisé Ronan Le Flécher, en charge de la communication de la Scapêche. Qui, en ce qui concerne le Saint-Gothard et l'Iroise, annonce « une poursuite des débarquements à Roscoff et Douarnenez ».
« Le point essentiel, c'est que ces navires restent propriété française, et continuent de travailler dans les ports bretons. Car le risque était de voir 4.000 à 5.000 tonnes de poissons partir ailleurs, ce qui aurait été catastrophique pour la filière », commentait hier Maurice Benoish, président de la Sem Keroman, gestionnaire du port de pêche de Lorient. « D'autant qu'on est sûr que la Scapêche sera capable de renouveler la flotte si besoin. »
Amertume à Concarneau
Même si la reprise des équipages constitue le point positif de cet accord, la confirmation du rachat par Scapêche était mal vécue, hier, par les Concarnois. Beaucoup y voient le début d'une série de départs de navires de Dhellemmes. Pour André Fidelin, le maire qui le juge « très regrettable », ce rachat « aura pour conséquence des pertes d'emplois directs mais aussi indirects, c'est un pan de l'économie locale qui risque de disparaître ».
L'armement, créé dans les années cinquante, est confronté à des difficultés. Le week-end dernier, les équipages de ses trois chalutiers senneurs, Larche, Galibier et Tourmalet ont fixé un ultimatum à la direction afin d'obtenir leurs bulletins de salaire, des pièces qui ne leur sont plus délivrées depuis le mois de janvier.
Un article de la rédaction du Télégramme
