Presque 60 ans après sa mise en service au sein de la Marine nationale, l’ancien porte-avions Foch, transféré en 2000 à la marine brésilienne qui l’avait renommé São Paulo, a été sabordé le 3 février dans l’Atlantique. L’occasion d’ouvrir les archives depuis la construction de ce bâtiment qui, avec son jumeau le Clemenceau, furent les premiers porte-avions français nativement construits pour cette fonction.
Mis en service en 1961 et 1963, les Clemenceau et Foch furent les sixième et septième « ponts plats » de la flotte française. Ils ont surtout été les premiers construits en France en étant conçus dès l’origine comme des porte-avions. Leurs prédécesseurs avaient soit été refondus, soit prêtés ou vendus par des marines alliées après la seconde guerre mondiale.
Entré en service en 1928, le Béarn, premier porte-avions français, était au départ un cuirassé de la classe Normandie, mis sur cale en 1914 et transformé après la première guerre mondiale pour expérimenter l’aviation embarquée. Ce bâtiment de 183 mètres et 25.000 tonnes de déplacement en charge, capable d’embarquer une quarantaine d’avions, est désarmé en 1945.
Après le Béarn, qui malgré sa faible vitesse (21 nœuds) ne lui permettant pas de suivre les nouveaux bâtiments de ligne permet aux marins français d’acquérir une précieuse expérience, la France décide de mettre en chantier ses deux premiers porte-avions en 1938. Le Joffre est mis sur cale à Brest alors que le Painlevé doit voir le jour à Saint-Nazaire. Mais la construction de ces unités de 236 mètres et 40 avions est abandonnée à cause de la guerre.
En 1945, la Marine nationale, qui ne dispose plus que du vieux Béarn, complètement périmé, n’a pas les moyens financiers de lancer un programme de nouveaux porte-avions. Alors que la conversion du cuirassé Jean-Bart est abandonnée, car trop coûteuse, la flotte française doit dans un premier temps se contenter de bâtiments transférés par les Américains et les Britanniques.

Le Dixmude, ici en 1964.
Il y a d’abord le petit porte-avions d’escorte Dixmude (ex-HMS Biter britannique), ancien cargo transformé aux Etats-Unis et mis en service en 1942 au sein de la Royal Navy. Long de 150 mètres et pouvant embarquer une quinzaine d’appareils, il rejoint la Marine nationale en avril 1946. Mais, du fait de ses capacités opérationnelles très limitées, est déclassé en simple transport d’aviation dès 1948 et désarmé en 1960. Le Royaume-Uni transfère également, en août 1946, le HMS Colossus, pour le coup un véritable porte-avions. Long de 211 mètres et pouvant embarquer 24 avions, ce bâtiment moderne, opérationnel depuis la fin 1944, est renommé Arromanches. Il est définitivement acheté en 1951 et servira jusqu’en 1974. L'Arromanche sera démoli à La Seyne-sur-Mer en 1978-79.

L'Arromanches en 1972.
Entretemps, les Etats-Unis ont également prêté deux porte-avions à la France, les USS Langley et USS Belleau Wood, unités de 186 mètres et une quarantaine d’aéronefs datant de 1943. Ils sont renommés La Fayette et Bois Belleau, servant respectivement sous pavillon tricolore de 1951 à 1963 et de 1953 à 1960, avant d’être restitués à la marine américaine.

Le Bois Belleau en 1959.
En parallèle, les