Il y a 23.000 ans, le cap Corse culminait 120 mètres plus haut qu’actuellement et était prolongé d’une soixantaine de kilomètres d’un grand plateau à fleur d’eau sans doute composé de lagunes. Un paysage englouti depuis mais dont on est en train de découvrir la richesse et la mystérieuse beauté. Des grands anneaux, parfaitement circulaires, d’une trentaine de centimètres de diamètre, découverts en 2011 par des chercheurs de l’Ifremer à environ 25 km du cap.
L’an dernier, le plongeur Laurent Ballesta effectue une plongée sur le site et, intrigué par ces atolls sous-marins, décide d’en faire l’objet de sa prochaine expédition. Baptisée Gombessa 6, cette dernière a démarré début juillet et doit se terminer en ce début de semaine. Notamment réalisée au profit du tout jeune parc marin du Cap Corse et Agriate, elle a vu la mobilisation, autour d’Andromède Océanologie (la société de Laurent Ballesta), de nombreux partenaires scientifiques et mécènes.
Pour mener à bien cette exploration, l’équipe de Gombessa 6 a mobilisé une station de plongée bathyale, pressurisée pour reproduire les conditions à 120 mètres de profondeur (soit 13 fois la pression à la surface). Un tout petit lieu de vie, 5 m2, dans lequel quatre plongeurs, dont Laurent Ballesta, se sont installés depuis le 1er juillet et à partir duquel ils effectuent leurs plongées quotidiennes. La station est reliée à une barge technique de l’INPP (institut national de plongée professionnelle), elle-même remorquée par le navire de soutien Pionnier de Sea Owl. C’est ce dernier, affrété par la Marine nationale à Toulon, qui met en œuvre les outils nécessaires aux expériences scientifiques, comme par exemple le carrotage ou la pose d’hydrophones. A la surface, ce sont 45 personnes qui travaillent sur le projet.
Malgré des conditions météo parfois chahutées, l’équipe de Laurent Ballesta a pu effectuer la majeure partie des observations et expériences sur ces étranges structures, constituées de gorgones, des coraux « mous ». Les premiers résultats des observations et des prélèvements devraient être connus d’ici la fin de l’année. L’équipe s’attend même à avoir découvert des espèces jusqu’ici inconnues.

Laurent Ballesta et Thomas Pesquet (LES GENS BIEN PRODUCTION/ANDROMEDE OCEANOLOGIE/ARTE/CNES/ESA/NASA/MARLINK)
Le 10 juillet dernier, grâce aux moyens de connexion satellite mises en œuvre par Marlink, Laurent Ballesta a pu échanger, depuis sa station bathyale, avec le spationaute Thomas Pesquet, actuellement en mission sur l’ISS. L’occasion de comparer sur ces deux milieux confinés dans lesquels chacun doit effectuer des expériences scientifiques dans des conditions très particulières d’isolation et de sorties dans un environnement hostile. Thomas Pesquet a notamment rappelé que, dans le cadre de sa préparation spatiale, il avait effectué une mission en saturation de 9 jours.
Le 16 juillet, les plongeurs vont commencer leur décompression qui s’achèvera le 20 à Monaco, après que le Pionnier y ait remorqué la barge et la station bathyale.
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