Un navire comme point de lancement de ballons stratosphériques : l’idée a été mise en pratique en début de semaine au large de Marseille. A l’origine de cette opération, baptisée C-Launch 1, il y a la rencontre de Comex, société française spécialisée dans les solutions techniques pour les opérations maritimes et sous-marines, avec Zero 2 Infinity, une entreprise barcelonaise qui travaille sur l’accès à l’espace, notamment via l’élévation de charges lourdes par des ballons stratosphériques. Elle est actuellement en train de développer un lanceur de microsatellites qui pourrait opérer à partir de la stratosphère.
Les ingénieurs du département spatial de la Comex ont l’habitude de travailler dans les problématiques liées aux technologies spatiales pour lesquelles ils ont notamment adapté le savoir-faire de la plongée profonde. Ils ont par exemple développé un simulateur de scaphandre qui permet de reproduire les contraintes dans l’espace et collaborent régulièrement avec le centre d’entraînement des astronautes de Cologne.

(© IMAGES D'AZUR)
Pour C-Launch 1, les ingénieurs ont imaginé cette nouvelle solution de lancement en mer, parce qu’ils y ont vu des avantages : d’abord la possibilité d’être facilement éloigné de toute présence humaine pour la sécurité du décollage comme la redescente du ballon et celle de compenser la vitesse du vent avec celle du navire, tout en s’affranchissant de certaines contraintes météorologiques.
L’expérience, menée mardi depuis le pont de Janus II, un des navires de la Comex, s’est déroulée en deux temps. Un premier ballon de 15 mètres de diamètre en polyuréthane a été déployé sur un dispositif de lancement de 40 mètres avec une charge utile de 4 kg. Après qu’il ait été ramené à bord sans encombre, un second ballon en latex a été lancé pour atteindre une altitude de 32 km. Après un vol de 2 heures, il a été retrouvé avec une très bonne précision.

(© ERIC BARNABE)
Menée sur fonds propres, cette opération est la première étape d’une coopération plus importante entre les deux entreprises. Au-delà de tester des équipements dans les conditions spatiales, de tels ballons peuvent aussi être utilisés pour l’observation de la Terre et des océans. Zero 2 Infinity et COMEX ont comme objectif de développer une méthode permettant la surveillance de zones spécifiques sur l’océan depuis des ballons. Ce système pourrait être utilisé dans le cas d’une pollution ou d’un trafic maritime particulier. Ce projet, baptisé Triton, est financé par la Commission Européenne au travers de l’appel d’offres Neptune via le Pôle Mer Méditerranée et Eurecat. Il sera finalisé à l’été 2018 après une nouvelle campagne de lancement.