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Des défenseurs de l’environnement testant de la vaisselle jetable, fut-elle compostable ? Pas si simple. La chercheuse Isabelle Lacourt, venue à Port-La-Forêt la semaine passée constater la dégradation d’assiettes et gobelets biodégradables, explique l’enjeu.

Du magma boueux, Marie-Pierre Nicolas extrait un gobelet en « plastique ». Le reste est en compote. Sur le ponton où la prof du Likès a ouvert le sac immergé depuis plus d’un an, Isabelle Lacourt a un œil expert. La scientifique s’est déplacée de sa Savoie pour assister au bilan de l’opération compostage de vaisselle lancée un an auparavant par une petite équipe de Cornouaillais. Marie-Pierre Nicolas et Pierre Mollo, spécialiste du plancton, ont décidé de tester le temps de dégradation de la matière dans l’eau de mer dans le cadre du projet Erasmus « Nourrir les hommes en 2050 ». C’est Isabelle Lacourt qui a fourni la matière première. L’ingénieure agronome savoyarde s’est lancée depuis quelques mois dans la commercialisation de vaisselle compostable en fibre végétale et bioplastique, l’occasion de mettre concrètement la main à la pâte. Le contexte s’y prête. Un décret paru au Journal officiel le 27 décembre dernier, interdit depuis le 1er janvier la vaisselle plastique vendue en grande surface (verres, gobelets, assiettes), les cotons-tiges, les bouteilles d’eau plate dans les cantines scolaires. Les emballages plastiques à usage unique seront totalement interdits en 2040.

Pas d’effet mer

À Port-La-Forêt, le sac de vaisselle a été immergé en juillet 2018. Il contenait des assiettes en pulpe de cellulose, des gobelets en bioplastique. « Ce sont des couverts certifiés compostables fabriqués en Italie, précise Isabelle Lacourt. Certifié signifie qu’il n’y aura pas de résidus toxiques (hydrocarbures, métaux lourds), alors que la simple mention de biodégradable ne le garantit pas. En Italie, cette vaisselle est d’usage courant. Beaucoup de cantines scolaires utilisent la vaisselle jetable car elles ne sont pas équipées pour le nettoyage des couverts. En France, cela n’aurait pas de sens car les écoles sont bien équipées et la filière de gestion des bio déchets est embryonnaire ». « J’ai donc décidé de travailler sur la restauration événementielle, comme les courses de montagne où rien ne sert d’apporter de la vaisselle à ramener. Mais le principe du jetable doit rester ponctuel. Aucune production de masse n’est vertueuse ». Pour la chercheuse la vaisselle compostable peut être valorisée pour donner un fertilisant naturel, bon pour les plantes, les micro-organismes et la structure du sol, apte à substituer les engrais chimiques.

Isabelle Lacourt passe donc son temps à tester ces vaisselles compostables pour vérifier leur évolution dans le temps. Dans la mer, l’expérience a confirmé les tendances, si l’assiette en fibre de cellulose a disparu, le gobelet en bioplastique a plus résisté. Le constat découle. Il n’y a pas d’effet mer pour le compostage.

Un article de la rédaction du Télégramme

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Science et Environnement