Fruit d’un programme lancé en novembre 2010, Ariane vient compléter le parc d’engins sous-marins de l’Ifremer. A la fois robot télé-opéré (ROV) et drone (AUV), cette machine bénéficie d’une conception hybride développée au sein du Centre Européen de Technologies Sous-Marines (CETSM) de l’Institut. Plusieurs industriels ont également été associés au projet, dont ECA Robotics en tant qu’architecte intégrateur et pour la télémanipulation électrique, SAFT pour les batteries, Prolexia et Robopec pour les logiciels et Osean pour l'appareil photo innovant.

(© IFREMER / OLIVIER DUGORNAY)
Un moyen souple et moins coûteux pour les opérations côtières
Capable d’évoluer jusqu’à 2500 mètres de profondeur, ce HROV (Hybrid Remotely Operated Vehicle) peut remplir des missions d’intervention, d'observation et de cartographie des fonds marins, y compris dans les reliefs difficiles de type canyons ou falaises. Pouvant être déployé à partir d’un navire de petite taille, Ariane a été imaginé comme un moyen souple, flexible et permettant des interventions plus rapides et moins onéreuses que les moyens classiques. « Il est complémentaire des engins d'intervention profonds existants (Nautile, Victor 6000…) mis en œuvre à partir de grands navires hauturiers, dont la programmation et les coûts ne correspondent pas aux nouvelles demandes d’interventions rapides dans le domaine côtier. Le HROV Ariane prend en compte les besoins émergents, notamment liés à la réglementation, par exemple la Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin (DCSMM), les Aires Marines Protégées (AMP), la Directive Cadre sur l'eau (DCE) mais aussi les observatoires sous-marins, les chantiers côtiers, l'exploration de la biodiversité à proximité de falaises, etc », explique l’Ifremer.

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Innovations
A la différence d’un ROV traditionnel, alimenté en énergie depuis le navire support, Ariane intègre 20kWh de batteries Lithium-ion, une technologie développée par SAFT qui permet à l’engin d’être autonome tout au long de la plongée. En mode télé-opéré, le HROV est piloté depuis la surface via une fibre optique. Il dispose d’un minitreuil « intelligent » pour gérer automatiquement la longueur de fibre optique filée. « Le HROV Ariane bénéficie d'une gestion innovante et brevetée de la fibre optique, permettant un déploiement à partir de navires de petite taille et sans capacité de positionnement dynamique. Ainsi, il peut être utilisé depuis une gamme plus large de navires, notamment la flotte côtière. L’objectif, à fonctions équivalentes et pour des opérations côtières, est de réduire le coût d’exploitation d’un facteur 2 à 3 par rapport à un sous-marin télé-opéré classique qui nécessite un navire capable de tenir un point fixe ».
Quand le HROV Ariane fonctionne en mode autonome, il n’y a pas de contrôle en temps réel par un opérateur en surface ; aucune liaison physique avec le navire n'est assurée. La communication est réalisée uniquement par acoustique, permettant d’assurer le suivi de la mission, la remontée de données scientifiques (en fonction du débit de la communication) ou encore une reconfiguration de la mission en cours.

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Très manoeuvrant grâce à ses propulseurs orientables et doté de capteurs de navigation pouvant fonctionner aussi bien sur fond plat que sur paroi verticale, Ariane est capable d’évoluer dans des zones très accidentées, comme les canyons méditerranéens.
D’important efforts ont été réalisés afin d’optimiser les performances des équipements (moteurs, caméras, sonars, bras manipulateurs ...) pour réduire leur consommation énergétique, leur poids et leur encombrement dans le but de disposer d’un engin compact offrant un fonctionnement autonome.

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Poursuite des essais en mer et projts de commercialisation
Les essais en mer d’Ariane, qui sera officiellement baptisé le 23 avril au centre Ifremer de La Seyne, vont se poursuivre tout au long de cette année, quatre campagnes étant prévues sur les navires océanographiques Le Suroît et L’Europe. L’objectif de l’Ifremer est d’aboutir à un système opérationnel capable d’assurer des campagnes scientifiques en 2016.
D’un coût de 8 millions d’euros, développement et essais compris, Ariane a été financé par l’Ifremer mais aussi l’Union européenne via le fonds Feder, la région Provence Alpes Côte d’Azur, le Département du Var et la Communauté d’agglomération de Toulon Provence Méditerranée. En plus de l'institut, concept de HROV a retenu l’attention de certains acteurs industriels, qui envisagent de recourir à de tels moyens pour des applications autres que scientifiques. Dans le cas d’une commercialisation, suivant les options et les configurations choisies, le coût de reproduction du véhicule varie entre 2 et 4 millions d’euros.