Cinéaste et explorateur en résidence du National Geographic Explorer, James Cameron a plongé avec succès vers le point le plus profond de l'océan. Cette prouesse a été réalisée lundi à bord du submersible Challenger Deep, lors de l'expédition Rolex Deepsea Challenge. Spécialement conçu, au terme de 7 ans de recherche, pour les plongées à très grande profondeur, l'engin a été mis à l'eau par le Mairmaid Sapphire dans l'océan Pacifique, à quelques 200 milles au sud-ouest de Guam. Le voyage dans les profondeurs abyssales a duré 2 heures et 36 minutes, le Challenger Deep, avec à son bord James Cameron, atteignant la profondeur de 10.898 mètres dans la fosse des Mariannes. Le submersible est resté stationné sur le fond environ trois heures afin de réaliser des prélèvements. Ces échantillons serviront à améliorer les connaissances dans les domaines de biologie marine, de la microbiologie, de l'astrobiologie, de la géologie et de la géophysique marines. James Cameron a également photographié et filmé cet univers jusque-là inconnu afin de documenter visuellement la fosse des Mariannes. (© : NATIONAL GEOGRAPHIC) (© : NATIONAL GEOGRAPHIC) (© : NATIONAL GEOGRAPHIC) (© : NATIONAL GEOGRAPHIC) (© : NATIONAL GEOGRAPHIC) (© : NATIONAL GEOGRAPHIC) Un submersible conçu pour des contraintes exceptionnelles Construit en Australie et testé en janvier dernier au large des chantiers navals de Sydney, le Challenger Deep est un engin de 11.8 tonnes mesurant 7.3 mètres de haut. Le poste de pilotage est logé dans une sphère de 1.1 mètre de diamètre, où une seule personne peut prendre place. Au niveau de la sphère, l'épaisseur de l'acier atteint 6.4 centimètres, afin de soutenir l'énorme pression auquel le submersible a été soumis. On rappellera que la forme sphérique est celle qui résiste le mieux à la pression et que, s'il s'agissait d'un cylindre, il faudrait une épaisseur trois fois plus importante. Testée dans une chambre de pression à l'université de Pennsylvanie, la structure en sphère a été conçue pour résister à une pression de 114.000 kilopascals. Déployé verticalement, le véhicule emporte 500 kilos de ballasts afin de plonger puis remonter. En cas de dysfonctionnement, la charge est automatiquement libérée au bout d'un certain temps, par corrosion des attaches avec l'eau de mer. Doté de batteries lithium-ion avec un système spécifique de résistance à la pression, le Challenger Deep est équipé d'un dispositif de contrôle permettant au pilote de manoeuvrer à sa convenance. Pour concevoir cet engin, amené à intervenir dans un environnement aux contraintes exceptionnelles, les ingénieurs ont redoublé d'ingéniosité afin de résoudre de nombreux problèmes. Avec l'impérieuse nécessité de penser à tout, y compris la vapeur d'eau générée par la respiration du pilote. Se condensant au contact du froid sur les parois en métal de la sphère, cette eau est, ainsi, aspirée dans des sacs plastiques et, en cas d'urgence, peut-être bue ! (© : NATIONAL GEOGRAPHIC) Une Rolex à près de 11.000 mètres de profondeur ! L'opération a été rendue possible grâce au soutien du National Geographic et de Rolex. Le célèbre horloger suisse a en effet une histoire avec les plongées abyssales puisqu'en 1960, la Rolex Deepsea Special, un prototype de montre, avait a été attachée à la coque du bathyscaphe Trieste et avait émergé en parfait état de fonctionnement après avoir supporté l'énorme pression exercée à près de 11 kilomètres sous la surface de l'océan. L'expérience a été renouvelée lundi puisqu'un nouveau modèle expérimental de montre, la Deepsea Challenge, a été attaché au bras articulé du sous-marin. Et, comme son aînée il y a plus de 50 ans, elle est remontée à la surface en parfait état. Le bathyscaphe Trieste (© : NATIONAL GEOGRAPHIC)
Première plongée en solitaire dans la fosse des Mariannes
Par
Vincent Groizeleau
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28/03/2012

© NATIONAL GEOGRAPHIC - MARC THIESSEN