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Une maison sous la mer. Jacques-Yves Cousteau l’avait imaginée et concrétisée, dès le début des années 60, lors des expérimentations Précontinent I, II et III, près de Marseille et en Mer Rouge.

Les plongeurs qui participent à l’aventure d’Under the Pôle, qui va débuter sur l’île de Moorea en Polynésie, le 6 septembre, connaîtront des conditions de vie bien plus rustiques que celle des marins de Cousteau.

Trois jours dans une capsule immergée

« La capsule, maintenue à 15 mètres de fond par deux gros ballasts, n’est pas très grande (3,6 m 3) et ouverte sur l’eau, du fait de son puits d’accès. L’atmosphère sera saturée d’humidité avec une température de l’eau de 25 à 27 degrés », précise François Guerrero, enseignant chercheur à l’UBO au sein du laboratoire Orphy qui s’intéresse à la physiologie de la plongée. Le laboratoire a notamment coordonné un projet européen baptisé Phypode, sur les accidents de décompression des plongeurs.

Les deux premiers volets d’Under the Pôle mettaient en lumière la biologie marine en Arctique et en Antarctique ; ce troisième volet élargit le champ de réflexion. Les plongeurs vont vivre et dormir dans la capsule, avec une à deux excursions par jour, mais sans descendre trop profond, pas plus de 30 mètres. « La capsule relève plus du refuge de montagne utilisé pour de courtes périodes. La durée du séjour fixée par les médecins de l’expérience, dont Bernard Gardette, ancien directeur scientifique de la Comex, et Jean-Eric Blatteau, médecin militaire, a été de trois jours. On ne sait pas trop comment ils vont supporter le confinement et les sorties en plongée ».

Le corps du plongeur respirant de l’air comprimé se sature en azote, le composant principal de l’air que l’on respire. Cette saturation peut entraîner des accidents de décompression si le plongeur remonte trop vite sans respecter des paliers, qui peuvent être très longs selon le temps sous l’eau et la profondeur. Trois équipes de trois plongeurs vont se relayer tous les trois jours jusqu’à la fin de l’expérience prévue mi-novembre.

Des mesures toutes les 24 heures

« La capsule permet de faire de la saturation low-cost, accessible aux laboratoires, parce que la plongée industrielle est trop coûteuse, et cela permet aux biologistes marins de rester dans leur milieu pour faire des observations 24 h sur 24. Une maison sous la mer serait hors de prix pour des laboratoires ». Les plongeurs feront leurs sorties en recycleur, une technique qui à l’avantage de ne pas faire de bulles, le plongeur respire un mélange gazeux recyclé en permanence. La capsule utilise la même technologie. François Guerrero rejoindra la capsule régulièrement pour étudier comment les plongeurs supportent l’expérience et réaliser différents tests, comme la mesure des bulles d’azote circulantes. « Mon idée est de faire des mesures toutes les 24 heures, avant l’entrée dans la capsule et après, mais pas de prise de sang, rien d’invasif. On va récupérer des cellules de leurs joues, de l’urine et des fèces, pour s’intéresser à l’évolution du microbiote. Les dernières mesures seront faites 24 heures après la sortie, pour voir comment ils ont récupéré. Il y aura aussi des tests psychologiques ». Le programme pourra évoluer selon l’état de fatigue des plongeurs.

En Polynésie, François Guerrero sera accompagné par Emmanuel Dugrenot, doctorant dans le laboratoire Orphy et président de Tek Diving, une start-up qui propose une application pour planifier ses plongées et bientôt une seconde pour personnaliser sa décompression selon son profil.

Un article de la rédaction du Télégramme

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