Suspecté par Greenpeace de transporter du bois illégal venant d’Afrique, le porte-conteneurs britannique Safmarine Sahara a fait l’objet, hier soir, d’une action de l’organisation de défense de l’environnement. Le navire a été intercepté par des semi-rigides alors qu’il devait rejoignait le terminal de La Pallice du Grand Port Maritime de La Rochelle. Selon les données AIS, le Safmarine Sahara a pénétré dans le port mais n'a pas pu accoster. Il est finalement ressorti et, à minuit, semblait rejoindre une position de mouillage dans le pertuis d'Antioche.

Les militants de Greenpeace ont empêché l'accostage (© GREENPEACE)
Le Safmarine Sahara, qui arrive de Matadi via Lagos et Lisbonne, transporterait 3000 m3 de bois sous forme de grumes en provenance de République Démocratique du Congo. « Une partie de cette cargaison de 3000 m3 de bois (bossé, sipo, sapelli, etc.) est illégale », affirme Greenpeace, qui réclame une inspection des autorités françaises: « Depuis l'entrée en vigueur du règlement sur le bois de l'Union européenne (RBUE) en mars 2013, Greenpeace a prévenu a plusieurs reprises le ministère français de l’Agriculture et de la Forêt de la présence de bois illégal ou soupçonné d’illégalité dans les ports français. Mais celui-ci n’a pris aucune mesure pour immobiliser les cargaisons et diligenter des enquêtes. Aujourd’hui, Greenpeace attend du gouvernement français qu’il ne laisse pas la cargaison du Safmarine Sahara pénétrer le marché français sans contrôle. La cargaison doit être saisie et inspectée. Une enquête approfondie sur l’origine du bois et le système de diligence raisonné mis en place par les importateurs doit avoir lieu ».

Le commando de Greenpeace partant au devant du Safmarine Sahara (© GREENPEACE)
Côté chiffres, Greenpeace cite un rapport du think tank britannique Chatham House. Datant de mars dernier, il estime notamment que 90% de l'exploitation industrielle de bois en RDC est illégale, alors que 40% du bois prélevé dans ce pays serait exportés vers l'Union européenne.
Côté grandes institutions, on peut trouver sur le site d'Interpol un rapport publié en 2012 et élaboré par l'organisation internationale de police criminelle avec le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE). Ce rapport évalue entre 30 et 100 milliards de dollars par an les profits tirés par les organisations criminelles du commerce de bois illégal. Selon ce document, l'exploitation illégale de bois représente entre 15 et 30% des volumes de bois commercialisés dans le monde, avec des conséquences catastrophiques sur le phénomène de déforestation.