Alors que les administrateurs judiciaires ont officiellement confirmé la fin du contrat liant la SCOP SeaFrance à Eurotunnel et estiment que la liquidation judiciaire de la société coopérative est inévitable, la situation est extrêmement tendue à Calais. Les représentants du Syndicat Maritime Nord à leur tête, les manifestants poursuivent le blocage du port. P&O Cruises déroute ses navires vers Boulogne alors que DFDS s’est replié sur Dunkerque. Un redéploiement complexe qui, cumulé à l’arrêt de la flotte de MyFerryLink, provoque une importante congestion du trafic à Calais comme à Douvres. Des milliers de vacanciers et de routiers se retrouvent ainsi bloqués dans l’attente d’une solution pour traverser le Détroit.
Dans la journée d’hier, les manifestants ont également bloqué le tunnel sous la Manche, après avoir tenté d’endommager les rails. Les trains ont pu repartir en milieu d’après-midi. Dans la matinée, les CRS avaient dû intervenir dans la gare TGV après que des migrants aient tentés de s’introduire dans le terminal ferroviaire.
Du côté de MyFerryLink, le Nord Pas de Calais, qui était immobilisé depuis lundi à Douvres, a finalement rallié Dunkerque hier. Les Rodin et Berlioz sont, quant à eux, bloqués à Calais et les deux navires, qui doivent théoriquement être transférés chez DFDS jeudi, sont incapables de prendre la mer. Des toboggans d’évacuation ont été percutés et les deux ferries auraient fait l’objet de dégradations.
Dans ces conditions, il est très difficile de prévoir la suite des évènements. Blocage ou non du port dans la durée, la liquidation judiciaire de la SCOP SeaFrance va entrainer le licenciement de ses 600 salariés. DFDS a proposé de reprendre un peu plus de 200 personnes pour les Berlioz et Rodin, si tant est bien sûr que l’armateur puisse exploiter ces bateaux. Une grosse centaine d’autres personnels seront nécessaires pour armer le Nord Pas de Calais, qu’Eurotunnel souhaite conserver pour une liaison maritime dédiée exclusivement au fret et qui conservera le nom MyFerryLink. Celle-ci pourrait, si le groupe ferroviaire obtient le feu vert des autorités de la concurrence, rapidement être renforcée avec un second navire, permettant logiquement de porter les effectifs à environ 200 personnes. Mais, en l’état actuel des choses, ce projet verra difficilement le jour avant la fin de l’été.