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Dans un entretien, les consultants de Drewry ont expliqué que la crise de la conteneurisation ne devrait pas connaître d’issue avant 2023. Tous les facteurs d’origine de cette crise demeurent. Un article d'Hervé Deiss de Ports et Corridors

Le bout du tunnel n’est pas encore en vue dans la crise de la conteneurisation. Dans son analyse trimestrielle, le consultant britannique Drewry assoupli ses prévisions faites il y a trois mois.

Croissance du trafic portuaire de 8,2%

Pour le consultant britannique, le trafic portuaire conteneurisé mondial devrait croître de 8,2% cette année. Un tassement par rapport aux prévisions d’avant l’été. En effet, Drewry prévoyait une hausse de 10,1% de ce trafic. Ce tassement est lié à la situation actuelle. Pour les responsables de Drewry, la situation sanitaire en Chine n’est pas encore sûre. « Nous avons vu des terminaux fermer leurs portes au premier cas de Covid. Or, nous voyons des cas du variant Delta survenir dans certaines régions chinoises. La politique de zéro risque du gouvernement chinois peut encore causer des interruptions de trafic », indique Drewry.

Le risque reste élevé

La conclusion de Drewry est sans appel : les pays avec un fort taux de vaccination vont pouvoir s’en sortir le plus rapidement possible. Néanmoins, le risque reste élevé pour toutes les opérations qui impliquent une interaction entre pays à hauts risques et ceux à faibles risques.

Congestion portuaire: un léger mieux en Europe

Dans sa dernière newsletter, Ovrsea indique que la congestion portuaire n’est pas résolue. En Europe, Rotterdam voit son taux de congestion s’améliorer pour perdre 0,8% à 18,6% sur la moyenne des sept derniers mois. Anvers est sur la même tendance avec une baisse de la congestion de 1,6% à 21,4%. Cela signifie pour le port belge que six navires sont actuellement en attente d’entrée dans le port.

Port de Savannah: 88% de congestion

La situation est toute autre en Amérique du Nord. Dans le port de Los Angeles, Ovrsea a dénombré 38 navires en attente devant le port. Un chiffre qui a augmenté de 4,5% sur les derniers jours. Le plus grand nombre de navires en attente se retrouve dans le port de Hong Kong qui enregistre 67 navires en attente. La congestion explose aussi à Ho Chi Minh de 37,9% ainsi qu’à Singapour. Ces ports souffrent de la période des cyclones qui grippent parfois les opérations portuaires.

La côte est des États-Unis n’est pas épargnée. Le port de Savannah affiche un taux de congestion de 88%. « CMA CGM et Hapag-Lloyd ont d’ailleurs récemment annoncé sauter l’escale », confirme Ovrsea.

Une bonne visibilité sur le maritime

Quant à la situation maritime, Drewry estime que les perspectives restent bonnes. « Nous avons une bonne visibilité de ce qu’il se passe pour le maritime. Toute la difficulté de cette crise repose sur la partie terrestre de la chaîne logistique ». Les courbes entre demande mondiale et flotte maritime sont encore éloignées l’une de l’autre en 2021 et 2022. Cet état de fait devrait permettre aux compagnies maritimes de conserver un poids face aux chargeurs.

Une baisse de la demande fin 2022

Cette situation ne devrait pas durer. Pour Drewry, la demande pourrait enregistrer une baisse dès la fin de l’année prochaine, en 2022. Or, au même moment en 2023, les navires commandés par les armateurs devraient entrer en flotte. « Alors, ce retournement de situation présente un risque pour les armateurs dès 2023 avec une surcapacité », expliquent les responsables de Drewry.

Taux de fret: hausse de 126% en 2021

Quant aux taux de fret, ils devraient rester élevés dans les prochains mois. Dans ses précédentes prévisions, le consultant britannique attendait un tassement des taux de fret FAK et des contrats. « Nous attendons une hausse de 126% des taux de fret, intégrant les surcharges fuel, pour 2021 », indique Drewry. En 2022, les taux de fret pour les contrats, qui se négocient actuellement, compensera les taux de fret spot. Au global Drewry s’attend à une hausse de 6% des taux sur l’année prochaine.

Des bénéfices de 150 Md$

Compte tenu de cette situation, plus que profitable, pour les compagnies maritimes, Drewry analyse la situation financière des armateurs comme meilleure au second semestre qu’elle ne l’a été au cours du premier semestre de cette année. Les bénéfices des compagnies maritimes devraient atteindre 150 Md$ pour cette année. Des chiffres qui surpassent les résultats des compagnies maritimes au cours des 20 dernières années, qui ont été de 109 Md$. « Malgré la hausse des coûts opérationnels et l’engorgement des chaînes logistiques, les compagnies maritimes devraient afficher les mêmes résultats en 2022 », indique Drewry. Ces sommes, les armateurs les consacrent à l’achat de navires et d’équipements. De plus, une tendance à voir les compagnies maritimes prendre des positions dans les terminaux refait surface.

Anticiper le Nouvel an chinois

Cette analyse est appuyée par Ovrsea en imaginant une nouvelle hausse des taux de fret fin novembre et début décembre. La haute saison devrait démarrer plus tôt que les années précédentes. En effet, avec les retards constatés aujourd’hui, les transitaires et les acheteurs anticipent leurs besoins face à un Nouvel an chinois qui sera avancé de 10 jours en 2022, au 1er février.

© Un article de la rédaction de Ports et Corridors. Reproduction interdite sans consentement du ou des auteurs.