En Allemagne, le port de Duisbourg, premier port fluvial européen, enregistre une baisse de son trafic. Le port fait face à un changement notable dans ses flux. Un article d'Hervé Deiss de Ports et Corridors.
Le port de Duisbourg (Duisport), situé sur le Rhin du côté allemand, s’impose comme le premier port fluvial d’Europe. Avec un trafic de plus de 60 Mt, il peut s’apparenter au trafic de ports maritimes comme Le Havre.
En 2019, Duisbourg a malgré tout enregistré une baisse de son trafic. Avec 61,1 Mt, le port de la Ruhr accuse un repli de 6,4%. Une diminution des volumes qui tient principalement à un changement radical dans les flux. Autrefois port de la Ruhr pour les industries sidérurgiques, Duisbourg évolue avec la baisse de l’activité sidérurgique pour devenir une plate-forme logistique. Et l’importance des flux conteneurisés n’a cessé de s’accroître ces dernières années encore confirmée.
En 2019, le trafic des différents sites du port de Duisbourg s’est élevé à 4 MEVP, soit une baisse de 2,4% par rapport à 2018. « Après les années record du trafic conteneurs en 2017 et 2018, le volume de Duisbourg se stabilise avec une diminution de 2,4%. Les conditions économiques difficiles ont pesé sur les résultats de cette filière », indique l’autorité portuaire.
Axe sino-allemand dans la route de la Soie
L’an dernier, le port de Duisbourg s’est rendu en Chine pour rencontrer les dirigeants de Cosco et d’autres groupes logistiques chinois. Il est prévu que Cosco investisse environ 100 M€ pour la construction d’un nouveau terminal à conteneurs dans le port de la Ruhr. Pour celui-ci, l’opportunité de voir le groupe chinois investir sur ses terrains s’inscrit dans sa stratégie de report modal des trafics en provenance d’Europe de l’est pour passer de la route vers le ferroviaire.
Duisbourg dispose déjà d’un avantage important dans le système ferroviaire. Il s’est imposé ces dernières années comme le hub des trafics en provenance de la Chine par le train. Il est la plate-forme d’éclatement des trafics avant qu’ils rejoignent leurs destinations finales en France, en Italie, Royaume-Uni et Belgique. Cette position stratégique dans le système des Nouvelles Routes de la Soie lui a donner un avantage dans la négociation avec le groupe logistique chinois.
Demande industrielle réduite et sortie du charbon
Cet investissement intervient alors que le port a donc vu ses trafics se réduire en 2019. Deux éléments expliquent cette baisse selon l’autorité portuaire. Une demande industrielle réduite en Allemagne et les effets de la sortie du charbon, décidée par le gouvernement de Berlin. Autrefois prépondérant dans cette plate-forme le charbon et l’acier ne représentent plus que 20% des trafics dans ce port. De plus, la fermeture pendant quelques semaines du pont de l’Öresund, qui relie le Danemark et la Suède, a pesé sur la demande en produits chimiques de base. Les trafics avec la Scandinavie ont dû revoir leurs schémas logistiques abandonnant quelque peu les quais de Duisbourg.
« Nous sommes bien armés pour faire face à ces défis »
Le port allemand vit depuis quelques années une mutation de ses courants. Il doit relever de nouveaux défis pour s’adapter aux opérations logistiques d’aujourd’hui. « La sortie du charbon, la crise chronique de l’acier en Europe, les incertitudes politiques et la transformation énergétique, le défi de la digitalisation et la récession économique sont autant de défis que nous devons relever pour conserver notre place », indique le président de la société du port de Duisbourg, Erich Staake. Après avoir pris un premier virage vers la logistique tout en conservant en partie ses trafics traditionnels, le port de Duisbourg doit opérer un nouveau tournant pour relever tous ces défis. « Nous sommes bien armés pour faire face à ces défis. Nous avons su nous équiper mais nous ne pouvons pas aller à l’encontre d’une détérioration de l’économie sur le long terme », continue le président de Duisport.