Le Havre, Rouen, Paris… La fusion des trois entités du plus grand espace portuaire français est en marche, avec comme objectif d’aboutir en 2021. Hier, le premier ministre a dévoilé le nom de la « préfiguratrice », en charge de cette mission. Il s’agit de Catherine Rivoallon, présidente du Conseil d’administration du Port autonome de Paris.
En 2018, les ports du Havre, Rouen et Paris, réunis depuis 2012 sous la bannière Haropa, ont enregistré une croissance globale de leur trafic, de 2% sur le secteur maritime avec 94.74 millions de tonnes et de 4.5% avec 22.1 millions de tonnes sur le segment fluvial.
L'article d’Hervé Deiss, du nouveau site Ports et Corridors, sur la nomination de Catherine Rivoallon :
Depuis la fin du mois de décembre, l’ensemble des acteurs de la chaîne logistique séquanaise attendait avec impatience le nom du préfigurateur d’Haropa. En définitive, et contre toute attente, il s’agira d’une préfiguratrice en la personne de Catherine Rivoallon. Actuellement présidente du conseil d’administration du Port autonome de Paris, Catherine Rivoallon a fait ses armes dans le transport fluvial. Elle est à l’origine du basculement d’une partie de la logistique vers le fluvial du groupe Monoprix vers ce mode de transport. Elle a aussi beaucoup agit au Port autonome de Paris pour son développement.

Christine Rivoallon (© : HAROPA)
La tâche qui attend Catherine Rivoallon pourrait être difficile. Elle devra concilier les intérêts généraux de la vallée de la Seine sans froisser les aspirations de chaque place portuaire. Faire d’un ensemble cohérent les trois ports de la vallée de Seine qui ont parfois du mal à se comprendre. « Elle devra mener le dialogue avec les élus locaux, les partenaires économiques et sociaux », a précisé hier le premier ministre, lors du colloque sur la Vallée de la Seine. Des partenaires sociaux qu’Édouard Philippe « veut rassurer ». Dès l’annonce faite lors du Comité interministériel de la mer (Cimer) du mois de novembre 2018 de la fusion des trois ports, la CGT FNPD, syndicat majoritaire sur les quais, s’inquiétait de ce projet. « Dans le système capitaliste 1+1+1 n’a jamais fait trois socialement », nous confiait un responsable syndical. Alors pour aider Catherine Rivoallon, le premier ministre a annoncé la création d’un comité qui comprendra les deux présidents des conseils de surveillance du Havre et de Rouen, et notamment Valérie Fourneyron, des experts techniques et de droit social. Un point qui laisse présager des débats complexes avec les partenaires sociaux.
« Elle sera en charge, a précisé Édouard Philippe, de créer les conditions pour qu’Haropa ne forme qu’un seul établissement avant le 1er janvier 2021. Si elle y arrive avant ce sera très bien ». Pas de pause pour Catherine Rivoallon qui va devoir s’atteler à sa nouvelle tâche rapidement. Outre la mise en place du nouvel établissement, elle devra aussi bâtir un projet stratégique commun. « Je souhaite qu’elle construise un projet qui soit ambitieux et qui ne soit pas la somme des demandes d’investissement des trois ports », a précisé le chef du gouvernement. Une façon de jeter les bases de ce que les programmes d’investissement des ports de la Seine seront. Elle devra s’armer de son sécateur pour faire des coupes dans les budgets.
Même si aujourd’hui Catherine Rivoallon est identifiée comme une main de fer dans un gant de velours, « elle est face à un grand défi », nous a indiqué un proche du dossier.