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La crise du raffinage se poursuit en Europe, victime d’une surcapacité dans ce secteur d’activité. Malgré la fermeture de quatre raffineries dans l’Hexagone depuis 2009 (il en reste huit), la situation ne s’améliore pas et les opérateurs peaufinent des plans d’action. Total, qui exploite les raffineries de Donges (Loire-Atlantique), Feyzin (Rhône), La Mède (Bouches-du-Rhône), ainsi que Grandpuits et Gonfreville-l'Orcher en Seine-Maritime, représentant près de 4000 emplois, prépare ainsi une nouvelle restructuration de son outil de raffinage tricolore. En février, le groupe français n’avait pas caché que La Mède et Donges étaient en difficulté. « En France, deux de nos raffineries sur cinq perdent de l'argent, dont l'une lourdement. Nous réfléchissons à la transformation des activités pour avoir des sites durables », avait indiqué Patrick Pouyanné. Le directeur général de Total parlait de « décisions au printemps », excluant néanmoins des fermetures de sites et des licenciements. L’un des enjeux devrait être, notamment, d’augmenter la production de gasoil face à l’essence. Mais aussi, dans le cas de Donges, solutionner les problèmes liés au passage d’une voie ferrée (avec notamment le TGV Paris-Saint-Nazaire-La Baule) au beau milieu d’installations classées.

Les élus locaux se mobilisent

Alors que l'échéance des décisions approche, les collectivités locales s’inquiètent. C’est le cas notamment des Ligériens qui ont rencontré le 6 mars, à Paris, Patrick Pouyanné.  « Élément structurant de l'emploi local, la deuxième raffinerie de France emploie 700 personnes dans 40 métiers différents. 1 500 emplois induits sont également concernés par son activité », ont rappelé les élus de la région des Pays de la Loire, du département de la Loire-Atlantique, de la Communauté urbaine de Nantes et de la Communauté d’agglomération de Nantes Saint-Nazaire. Suite à ce rendez vous, ils ont demandé à l’Etat « de relancer au plus vite la concertation sur le contournement ferroviaire de la raffinerie afin de réunir toutes les conditions pour la pérennisation et le développement du site industriel sur le bassin nazairien ». Les collectivités se sont également déclarées prêtes « à étudier toutes les solutions permettant à la raffinerie de Donges de garantir sa place dans le Grand Port Maritime de Nantes Saint-Nazaire ».

Premier client du port de Nantes Saint-Nazaire

A GPMNSN, quatrième grand port généraliste français, on s’inquiète vivement de l’avenir de la raffinerie et, plus généralement, de la baisse significative des trafics énergétiques, qui représentent les deux tiers du volume traité par Nantes Saint-Nazaire. « Le port est en croissance sur les activités de diversification mais cela ne compense pas la baisse des trafics énergétiques. En 5 ans, nous avons perdu 6 millions de tonnes, dont 4 sur le gaz naturel liquéfié et plus de 1 million sur le pétrole », explique la direction du port. Alors qu’une amélioration semble poindre à l’horizon pour le GNL, l’avenir de la raffinerie de Donges est considéré comme crucial. Mais, explique-t-on au GPMNSN, les trafics ont évolué et la production du site n’est plus adaptée. « Donges surproduit de l’essence, qui était exportée il y a quelques années vers les Etats-Unis, ce qui n’est plus le cas. Aujourd’hui, cette essence part sur la façade atlantique, où d’autres capacités se sont développées, notamment à La Rochelle ». Avec un trafic de 14 millions de tonnes, soit désormais plus de la moitié des volumes traités par le port ligérien (26 millions de tonnes en 2014), le pétrole et donc la raffinerie de Donges sont le principal client du GPMNSN, non seulement en volumes, mais aussi financièrement. La pérennité et la relance de cette activité est donc considérée comme stratégique car, sans elle, Nantes Saint-Nazaire n’aurait plus de grand port maritime que le nom. 

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