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Le projet s’appelle SamueLNG, du nom de la drague Samuel de Champlain qui travaille principalement en Loire, et parfois également en Seine. Un projet ambitieux puisqu’il vise, à travers la remotorisation au GNL du navire, à la mise en place d’une filière d’avitaillement en gaz sur la façade atlantique.

Le GIE Dragage Port, qui arme la Samuel de Champlain et six autres dragues dans les ports français, est porteur et coordinateur de ce projet qui compte pas moins de 12 partenaires regroupés au sein d'un consortium. A ses côtés, on y trouve cinq ports : les grands ports maritimes de Nantes Saint-Nazaire, du Havre et de Rouen; leurs homologues espagnols de Gijón et Vigo, deux entreprises d’ingénierie navale (Inova et Ghenova), deux fournisseurs d’énergie (Energias de Portugal et Gas Natural Fenosa), un opérateur « shortsea » (Suardiaz) et la fédération internationale du dragage. Des acteurs éclectiques que le GIE a eu l’idée d’aller mettre autour de la table pour monter un projet européen, visant à promouvoir le GNL sur l’ensemble de l’arc atlantique, au sens large.

Moins d'émissions pour la drague

« Cela faisait longtemps que nous réfléchissions à faire évoluer notre flotte vers une énergie plus propre. Nos bateaux travaillent environ 6000 heures par an et restent dans un périmètre de proximité immédiate des ports. Il nous paraissait important de réfléchir, en amont des règlementations, aux moyens de réduire nos émissions », explique Jean-Pierre Guellec, administrateur du GIE. Le GNL, qui permet de drastiquement réduire les émissions de SOx, NOx et même de CO2, est une solution évidente.

Mais quand le GNL est entré facilement dans les mœurs dans de nombreux pays d’Europe, la France est beaucoup plus lente au démarrage. « D’où notre idée de créer un précédent, de marquer les esprits. En remotorisant une drague au GNL, on va créer une filière : des camions vont venir nous avitailler à Saint-Nazaire, qui possède déjà une belle expertise en la matère avec le terminal méthanier de Montoir. On pourra alors montrer que c’est possible et peut-être donner envie à d’autres d’utiliser le GNL et même provoquer la mise en place d’infrastructures "en dur" de soutage », souligne Hubert Louys, chef du projet SamueLNG.

Un soutage GNL à Saint-Nazaire

En France, actuellement, seuls huit ports de la Manche ont fait l’objet d’une analyse de risques nécessaire à l’autorisation administrative pour mettre en place un avitaillement au GNL. Le Havre a ainsi pu en bénéficier et avitailler, avec des camions, le paquebot AidaPrima qui fait régulièrement escale dans le port normand depuis le printemps dernier. « Le processus de cette étude de dangers menés sur les ports de la Manche a été effectuée en 18 mois, entre 2014 et 2015, dans le cadre du projet européen SafeSECA. Grâce à ce retour d’expérience et à la bonne réception de ce projet pilote par les administrations et ministères, les prochaines enquêtes, comme par exemple pour Saint-Nazaire, seront plus rapides », estime Jean-Pierre Guellec.

La perspective des autoroutes de la mer

Et pourquoi les ports et entreprises espagnols et portugais ? « Nous voulions mettre en place un projet européen. Ces partenaires se connaissent déjà, notamment grâce aux projets labellisés Autoroutes de la Mer (Montoir-Gijon et Rouen-Le Havre-Vigo-Algeciras) et à l’opérateur Suardiaz qui relie déjà Montoir et Gijón. Il paraissait donc cohérent de les impliquer et d’agréger tous les projets qui peuvent renforcer les autoroutes de la mer, actuelles et futures, et tout ce qu’il y a autour », poursuit-il. Les différents acteurs se sont donc impliqués dans différents axes : formation des marins et officiers de port, mise en place d’engins d’avitaillement de soutage en Espagne, études d’impact dans les ports français… « Le budget de l’ensemble du projet est d’environ 20 millions d’euros, dont 10 millions sont apportés par les subventions du programme européen des Autoroutes de la Mer. Le GIE apporte 8 millions et les autres partenaires le reste », détaille Jean-Pierre Guellec. La remotorisation de la drague, une première européenne si ce n’est mondiale, représentera 90% de ce budget global.

L'appel à candidature est lancé

« Nous venons de lancer un appel à candidatures pour le chantier. Les dossiers devront être déposés le 17 février. Nous passerons ensuite à la phase de sélection et la notification du lauréat aura lieu tout début juillet », rapporte Hubert Louys. Les candidats devront faire une offre englobant, dans le budget, à la fois les études, les travaux, la livraison et les essais en mer avec cette nouvelle propulsion, qui sera duale (diesel-GNL). « L’objectif est une mise en service fin 2018 ».

 

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