La Chambre de Commerce et d’Industrie de Bayonne Pays Basque, gestionnaire du port, a levé le voile sur la nouvelle drague commandée le 31 janvier aux chantiers espagnols Astilleros de Murueta. Un navire qui sera réalisé sur mesure afin de tenir compte des contraintes locales. La première réside dans la capacité du bateau à utiliser les infrastructures portuaires et, notamment, la forme de radoub où seront réalisés ses arrêts techniques. Située sur la zone de Blancpignon, à Anglet, cette cale sèche mesure 94 mètres de long, avec une entrée permettant le passage de navires de 15 mètres de large et 4.3 mètres maximum de tirant d’eau.
Un navire à benne et à élinde
Au final, la nouvelle drague aura un tirant d’eau de 4.2 mètres pour une longueur de 62.3 mètres et une largeur de 12.8 mètres. Pour répondre aux besoins en dragages d’entretien du port de Bayonne, ce navire mixte mettra en œuvre deux techniques pour aspirer ou extraire les sédiments. Il utilisera une élinde trainante à l’embouchure (fosse de garde/chenal) et dans le chenal intérieur jusqu’au pont Grenet, y compris la zone d’évitage et la zone d’approche de Saint Bernard. Le dragage des souilles des différents quais du port se fera, quant à lui, au moyen d’une benne.
D’un coût de 13.8 millions d’euros, soit 11.3 millions financés par la CCI au moyen d’un emprunt sur 20 ans et 2.5 millions d’euros provenant du Conseil régional d’Aquitaine, la nouvelle drague verra sa construction débuter au mois de mai chez Murueta. La sortie du chantier est prévue à l’été 2015. Le navire gagnera ensuite Bayonne pour y effectuer ses tests de dragage avant sa mise en service.


(© ASTILLEROS DE MURUETA)
Un moyen indispensable à la compétitivité du port
« L’accessibilité du port est certainement l’élément le plus contraignant et le plus structurant dans la détermination des performances d’un port de commerce. Il est le premier critère de sélection d’un port par les armateurs, au même titre que les coûts d’escale, lorsqu’un choix doit être opéré entre plusieurs ports de commerce. La profondeur et l’entretien des accès et des souilles déterminent la nature du type de navires que le port peut accueillir et des services qu’il peut rendre », rappelle la CCI. Jusqu’ici, l’entretien des accès maritimes et souilles du port basque était réalisé avec des moyens extérieurs, au travers de prestations contactées auprès de sociétés spécialisées. Celles-ci venaient (et viendront jusqu’en 2015) réaliser des campagnes de dragage deux fois par an. Une solution peu flexible qui exclut les imprévus, et donc parfois certaines opportunités d’accueillir des trafics ponctuels, sans oublier que la météo peut perturber le planning prévu pour les opérations. Disposer d’une drague à demeure permettra donc au port de gérer au mieux son accessibilité aux navires, qui pourront être accueilli toute l’année sur l’ensemble de la zone portuaire. De cette manière, la CCI entend favoriser le développement du trafic. « A ce titre, le Plan de Développement Stratégique annexé à la Convention de délégation de service public du port de commerce de Bayonne précise bien toute l’importance qu’il y a à améliorer l’accessibilité maritime pour accueillir des bateaux de 20.000 tonnes et présente le dragage du port comme un élément critique tant du point de vue de l’exploitation que du point de vue financier qui nécessite des décisions innovantes pour en améliorer l’efficacité ». D’où la décision de réaliser et d’armer une drague à Bayonne.
Si l’investissement est conséquent, on notera qu’il sera partiellement compensé par l’économie réalisée suite à l’arrêt des campagnes confiées à des prestataires extérieurs (2 millions d’euros par an). L’arrivée de la nouvelle drague, destinée à opérer 200 jours par an, va également générer la création de 10 emplois directs pour l’équipage, auxquels il convient d’ajouter les opérations de maintenance sur site, qui seront assurées par des entreprises locales.

(© PRO-ANGLET-TOURISME.COM)
Contribuer au maintien du trait de côte
L’arrivée de ce nouveau navire doit, par ailleurs, contribuer à limiter l’érosion du littoral d’Anglet. Naturellement soumis à un déficit sédimentaire, celui-ci subit en effet un recul préoccupant du trait de côte. Cela, malgré la reprise en septembre 2010 des clapages, c'est-à-dire le dépôt du sable dragué, devant les plages. En augmentant le rythme des dragages, et donc des apports devant Anglet, les acteurs locaux espèrent endiguer le recul du trait de côte. « La drague affectée au port de Bayonne permettra d’optimiser les clapages côtiers qui ont repris depuis septembre 2010 et qui représentent une vraie alternative pour maintenir le trait de côte. La présence permanente de ce navire permettra une meilleure adéquation entre les interventions de dragage des sables de l’embouchure et la météo afin d’augmenter les volumes clapés au droit des plages. L’objectif partagé avec nos partenaires, le Conseil régional d’Aquitaine, l’agglomération Côte Basque Adour et la ville d’Anglet, est d’arriver à claper 100% des sables dragués à l’embouchure », explique la CCI. La drague devrait, ainsi, acheminer 400.000 m3 de sable par an afin de ré-engraisser les plages d’Anglet. A cet effet, le navire sera adapté au clapage côtier : d’une grande maniabilité, sa taille lui permettra d’aller au plus près des plages pour y déposer le sable récupéré à l’embouchure de l’Adour.

(© PORT DE BAYONNE)
Un pôle économique important
Premier port concédé français de marchandises en 2013, cinquième port national pour le trafic ferroviaire, le port de Bayonne accueille 1000 navires par an et a traité 2.62 millions de tonnes de marchandises l’an dernier. Premier port français triplement certifié Qualité Sécurité Environnement, sa concession par la CCI Bayonne Pays Basque a été renouvelée par le Conseil régional d’Aquitaine jusqu’en 2023. Alors que 56 entreprises sont installées sur la zone portuaire, 3500 emplois directs et indirects dépendent de son activité économique. Le port de Bayonne génère 530 millions d’euros de revenus distribués sur le territoire.