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Le Chili prévoit de produire et d’exporter de l’hydrogène et de l’ammoniac verts dans un futur proche. De premiers contacts ont également été pris avec le port de Rotterdam pour l’acheminer en Europe. Un article de Ports et Corridors.

Une géographie propice aux énergies renouvelables

Dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, l’hydrogène s’impose comme une solution d’avenir pour la production d’électricité. Et intéresse tout particulièrement le Chili, qui manque cruellement d’énergies fossiles et, bien que ses besoins soient limités en raison d’une population réduite, doit jusqu’ici importer ses sources d’énergie. Mais le pays a un atout majeur : son potentiel de production d’énergies renouvelables grâce à sa géographie : le soleil dans les zones désertiques, le vent qui balaye sa longue côte ou encore l’eau qui ruisselle de ses immenses chaînes montagneuses.

Produire l’hydrogène vert le meilleur marché

« Le Chili est petit par nature et contribue à hauteur de 0,3% aux émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Nous avons un rôle à jouer dans le changement climatique », indique le ministre de l’Energie du Chili, Juan Carlos Jobet. Par sa géographie, le Chili estime disposer des ressources naturelles nécessaires pour produire plus de 1800 GW d’énergie renouvelable, soit 75 fois les besoins du pays pour sa consommation interne. Pour accompagner ce potentiel d’exportation, le pays a lancé en 2020 la Stratégie Nationale d’Hydrogène Vert, une feuille de route qui lui fixe l’objectif, à l’horizon 2030, d’être le leader mondial de la production d’H2 par électrolyse et de produire l’hydrogène vert le moins cher au monde avec un prix inférieur à 1,5 dollar par kilo d’hydrogène.

Produire pour les industries locales

Le déploiement de la stratégie d’hydrogène vert se fera en trois phases. La première qui s’étalera de 2023 à 2028 prévoit la mise en chantier de sites de production d’hydrogène et d’ammoniac verts pour une utilisation domestique. « Pour y parvenir, nous avons besoin de technologies que les Européens maîtrisent. Nous sommes actuellement en discussion avec des entreprises européennes pour développer la production », continue Ignacio Morandé, responsable de ProChile en France.

D’abord, exporter l’ammoniac

De plus, la production d’ammoniac vert peut se réaliser avec de l’hydrogène vert. Dès 2025, le Chili souhaite exporter une partie de sa production. Selon les prévisions du gouvernement, ces exportations pèseraient environ 400 M$ par an dont une partie sera dirigée vers l’Europe.

Démarrer les exportations d’hydrogène vert en 2030

La deuxième phase s’étendra de 2028 à 2030. Elle prévoit le démarrage des exportations d’hydrogène vert et la poursuite des expéditions d’ammoniac vert. « Nous pensons que le Chili peut devenir un acteur majeur des exportations d’hydrogène et ammoniac verts ». Au cours de ces années, les exportations se développeront. Des premiers contacts sont pris avec les Pays-Bas et l’Allemagne.

Rotterdam se place sur ce marché

Le port de Rotterdam a déjà fait montre d’intérêt pour recevoir la production chilienne. Il dispose d’installations qu’il souhaite modifier pour entrer dans la transition énergétique. « La stratégie néerlandaise sur l’hydrogène prend en compte les importations. C’est pour cette raison que nous travaillons dans le développement d’une infrastructure pour la réception et la distribution des énergies propres dans toute l’Europe », indique Monica Swanson, directrice de Hydrogen International du port de Rotterdam.

Alimenter les trains à hydrogène d’Allemagne

Ces flux se feront sous la forme d’ammoniac vert produit à partir d’hydrogène. Ils seront transportés par voie maritime jusqu’en Europe. Localement, l’ammoniac pourra servir dans des industries comme les engrais et être transformé en hydrogène pour produire de l’énergie. « En Allemagne, les premiers trains à hydrogène ont fait leur apparition. Disposer d’énergie propre pour faire circuler ces trains intéresse au plus haut point les autorités allemandes », nous a indiqué Ignacio Morandé

Verdir toute la chaîne logistique

L’enjeu actuel vise à regrouper les technologies existantes et à mener une réflexion sur les conditions de transport et de stockage de cette énergie. En devenant une source de propulsion, l’hydrogène peut aussi « verdir » une partie de la flotte maritime et créer une chaîne logistique pour une énergie verte de bout en bout. Quant au stockage, l’hydrogène peut être compressé ou liquéfié, le Chili explore aujourd’hui toutes les possibilités pour l’entreposer dans les ports.

© Un article de la rédaction de Ports et Corridors. Reproduction interdite sans consentement du ou des auteurs.

 

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