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Un tramway français franchit le Rhin pour rejoindre l’Allemagne. La semaine dernière, Strasbourg a encore une fois construit et fêté l’Europe avec un nouveau pont sur le Rhin, fleuve frontière. Celui-ci a été construit pour accueillir une ligne de tram qui fait désormais le lien entre le centre-ville de la capitale alsacienne et celui de Kehl, la voisine allemande devenue faubourg. Une grande fête populaire, qui a réuni près de 10.000 personnes venant des deux côtés de la frontière, s’est tenue sur les rives du fleuve et, côté strasbourgeois, dans le quartier du Port du Rhin, en pleine mutation urbaine. L’occasion pour le Port Autonome de Strasbourg, deuxième port fluvial français après Paris, de communiquer auprès des habitants riverains qui ne le connaissent que très peu.

 

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© DROITS RESERVES

(DROITS RESERVES)

 

Pourtant, c’est autour du port que s’est articulée la ville, qui a fondé, depuis l’époque romaine, sa prospérité sur sa position centrale en Europe. La puissante confédération des bateliers de Strasbourg a bénéficié du monopole de navigation sur le Rhin, jusqu’à la ville de Mayence, de 1370 à 1681. La ville est très tôt connectée à la mer du Nord, et notamment à Anvers, où les Alsaciens ont toujours une présence très forte, et Rotterdam. En 1832, le Rhin est relié au Rhône, en 1853 à la Marne. La province, au gré des frontières qui ne cessent de se redessiner, exporte et importe sans relâche. La révolution industrielle bien implantée, un nouveau bassin hors du centre-ville ouvre en 1892, prémices du port moderne qui va voir, dès 1901, les premiers bassins ouverts directement sur le Rhin.

 

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© MER ET MARINE - CAROLINE BRITZ

Les malteries de Strasbourg (© MER ET MARINE - CAROLINE BRITZ)

 

L’établissement public du Port Autonome de Strasbourg, cogéré par la ville, est créé en 1924. Dès 1927, un port aux pétroles s’installe au nord de la ville. Après la guerre, qui a vu tous les ponts détruits, on reconstruit rapidement. En 1955, le trafic rhénan dépasse pour la première fois les 6 millions de tonnes. On ouvre des annexes au sud et au nord de Strasbourg, le premier portique à conteneurs est installé dès 1969. Le port continue à s’étendre, accompagnant la dynamique industrielle locale, un deuxième terminal conteneurs ouvre, un portique 460 tonnes pour les colis lourds est mis en place, les liaisons ferroviaires et routières s’organisent…

 

 

Avec un trafic annuel entre 7 à 8 millions de tonnes, le port de Strasbourg peut désormais s’aligner sur les chiffres de plusieurs grands ports maritimes français. Graviers, vracs liquides, conteneurs (417.048 EVP en 2016), céréales, turbines de General Electric en provenance de Belfort, boites de vitesses produites sur le port par Punch Powerglide pour ZF… le trafic est stable et diversifié. Et il y a aussi les passagers qui empruntent les bateaux de tourisme de Batorama, filiale du PAS (800.000 personnes en 2013) et le terminal croisière, qui accueille notamment les bateaux de la compagnie strasbourgeoise CroisiEurope et qui ne désemplit pas. Près de 320 entreprises, de la PME à la multinationale, sont installées sur les 1000 hectares de l’emprise portuaire, remplie à 98% de sa capacité. Avec près de 10.000 emplois en découlant, le port est la première zone d’activités de la région Alsace.

 

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© PORT AUTONOME DE STRASBOURG

(© PORT AUTONOME DE STRASBOURG)

 

Et pourtant, encore peu nombreux sont ceux qui s’aventurent le long des quais à conteneurs, devant les silos à malt ou les grands moulins de Strasbourg. Alors le PAS a décidé d’aller à la conquête de ce public, accompagnant par la même occasion le réaménagement du quartier baptisé « des Deux rives », au pied des ponts vers l’Allemagne. C’est en effet au cœur de ce dernier, dans les anciens hangars de la Coop, mythique chaîne coopérative de supermarchés alsaciens, que s’est installé l’Ososphère.  Ce dernier, festival réputé de musique électronique et de performances artistiques et numériques, a profité de l’ouverture de la nouvelle extension du tram pour investir les friches portuaires et y accueillir des milliers de visiteurs.

 

 

A côté des lieux de concerts et d’un parcours artistique d’une trentaine d’œuvres installées dans les anciens chais de la Coop, un « pop-up », constitué de dôme-barnums a accueilli les festivaliers et visiteurs à la journée pour les renseigner sur les évolutions à venir du quartier et notamment celui des friches. Parmi eux, un port center éphémère, hébergé dans des conteneurs abritant des photos, des vidéos et des explications sur le port et son histoire. Ce sont des bénévoles, personnels du PAS, qui ont renseigné les nombreux curieux qui s’y sont arrêtés ces derniers jours. Une manière de créer un nouveau lien entre le port et la ville, avant, peut-être, un Port center permanent.

 

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© MER ET MARINE - CAROLINE BRITZ

Port Center éphémère (© MER ET MARINE - CAROLINE BRITZ)

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© MER ET MARINE - CAROLINE BRITZ

Oeuvre du parcours artistique (© MER ET MARINE - CAROLINE BRITZ)

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© MER ET MARINE - CAROLINE BRITZ

(© MER ET MARINE - CAROLINE BRITZ)

 

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