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La structure des trafics du Grand Port Maritime de Nantes Saint-Nazaire comprend une majorité de flux énergétiques. Face à la transition énergétique, le port ligérien mise notamment sur le développement de l’éolien en mer, en particulier l’éolien flottant. Un article de la rédaction de Ports et Corridors.

Le trafic du GPM de Nantes Saint-Nazaire a connu en 2021 une année compliquée. L’arrêt la raffinerie de Donges a pesé lourdement sur les trafics énergétiques du port, qui termine l’année à 19 millions de tonnes traitées, soit une baisse de trafic de 32% par rapport à 2020 (28 Mt).

Chute des hydrocarbures et du GNL, léger regain sur le charbon

La principale cause de ce retrait tient à la baisse de 62% des importations d’hydrocarbures. En cause, des arrivées de pétrole brut stoppées en raison de l’arrêt d’activité de la raffinerie de Donges. Quant au terminal méthanier, il s’inscrit dans la même veine avec une baisse de 40% des entrée de GNL. La reprise économique en Asie, les fortes tensions sur le marché international du gaz liquéfié ont amené les opérateurs à expédier leurs cargaisons vers d’autres pays consommateurs. Et pour clore ce chapitre des trafics énergétiques, le charbon a connu un regain. La sollicitation de la centrale de Cordemais a amené à multiplier le trafic par quatre à 800 000 t.

Alors que Nantes Saint-Nazaire avait repassé en 2019 la barre des 30 millions de tonnes, cette structure de trafic est trop dépendante des matières énergétiques et de leurs fluctuations, surtout à l’époque des politiques de décarbonation et de verdissement des activités. Ce qui amène le port ligérien à devoir repenser son avenir. Dans cette perspective, président du directoire du GPM, a présenté aux instances portuaires un projet stratégique autour de trois axes principaux.

Un développement sur un triptyque

« Notre développement se conçoit sur un triptyque qui repose sur le développement de l’activité de port de commerce, d’une part, sur la valorisation domaniale, d’autre part et, enfin, sur l’éolien offshore flottant. » En premier lieu, l’activité de port de commerce doit subsister, explique Olivier Trétout. « Les industriels du Grand ouest ont besoin de services portuaires pour développer leur activité. Nous devons répondre présent ». Si aujourd’hui, le trafic accuse une baisse, le président du directoire rappelle que le port joue un rôle majeur, notamment pour la filière de l’alimentation animale. Selon l’autorité portuaire, le GPM de Nantes Saint-Nazaire réceptionne environ 50% des importations destinées à la production d’aliments pour bétail.

Bâtir une offre pour du transfert modal

Pour le président du directoire, le GPM dispose d’une marge de progression importante sur des produits comme ceux destinés à la filière du BTP. De plus, après enquête auprès de sociétés de l’ouest français, il est ressorti qu’un potentiel de produits venant du sud et du nord de l’Europe en camions pourraient se réaliser par voie maritime. « Nous réfléchissons à développer une offre pour attirer de nouveaux flux par des rouliers depuis ces origines », indique Olivier Trétout.

Les limites de la réforme de 2008

Cet état de fait démontre les limites de la réforme de l’organisation portuaire de 2008. En reprenant les terminaux, les manutentionnaires ont pris le rôle de force commerciale des ports. Or, la situation du trafic conteneurisé par exemple (- 8.7% en 2021 à 145 000 EPV) démontrerait que, dans certains cas, le commercial n’est pas développé comme aurait pu le faire le port. Pour la direction du GPM, cette question est avant tout politique et ne relève pas de son rôle.

Entrer dans une réflexion de feeder vers le sud

Parallèlement, l’offre maritime s’est réduite sur le port passant d’une dizaine d’escales il y a dix ans, à la moitié aujourd’hui. Pour Olivier Trétout, il faut entrer dans une réflexion pour s’orienter vers une offre conteneurs qui serait tournée vers le sud de l’Europe, le détroit de Gibraltar. L’idée est de disposer d’une ligne feeder ouverte à tous.

Éolien offshore flottant : la complémentarité portuaire

Dans ce contexte de transformation structurelle des trafics, le GPM de Nantes Saint-Nazaire envisage son avenir sous le vent de l’éolien flottant. « Cette filière de l’éolien flottant, avec tous les services qu’elle nécessite, passera par une complémentarité entre deux ou trois ports. Nous voulons positionner Nantes Saint-Nazaire comme un hub de consolidation de cette filière », souligne Olivier Trétout. Un appel à travailler de concert avec les autres ports.

Un projet pour répondre à la croissance de la demande en électricité

Déjà, en France, plusieurs établissements se positionnent sur l’éolien offshore posé. Le projet du port ligérien, qui en fait partie avec son hub logistique servant actuellement à stocker les machines du futur parc de Saint-Nazaire, est de se positionner maintenant sur l’éolien flottant. Cette filière permet de disposer de la production d’électricité verte de façon plus constante. « Plus les éoliennes s’éloignent de la côte, plus les vents sont constants. En France, la croissance de la demande en électricité va progresser de 40% d’ici 2050. Il faut nous préparer à offrir une énergie verte. C’est dans cette optique que nous plaçons notre projet ».

Produire 40 à 60 GW supplémentaires

Pour répondre, la perspective de déploiement sur l’éolien offshore nécessitera de disposer entre 40 GW à 60 GW supplémentaires à l’horizon 2050. « Le plateau continental atlantique dispose d’atouts pour ces développements », continue le président du directoire. Et Nantes propose des atouts pour développer cette filière. Pour cela, il faut avoir un quai avec une portance de 35t/m2 à certains endroits, un poste roulier et un quai d’environ 600 m de long. « Nous avons déjà cet outil qu’il faudra adapter vers le pont de Saint-Nazaire ».

Co-investir dans une grue spéciale

Ensuite, pour pouvoir constituer l’éolienne en mer, il sera nécessaire de disposer d’une grue spéciale pour hisser les turbines à 100 m de haut, au sommet des mâts. Cette grue n’existe pas à l’heure actuelle sauf sur la planche à dessin. Et le port envisage même de co-investir avec des partenaires dans cet outil. « Cet outil servira lors de la pose des éoliennes, mais aussi pour les opérations de maintenance et en fin de vie des éoliennes. Au total, sur les 20 à 25 prochaines années, elle sera utilisée ».

La pose se réalisera d’avril à octobre

Dans le projet gouvernemental, l’éolien flottant peut représenter la mise en place d’un champ par an, soit une production annuelle supplémentaire d’environ 500 MW. Si l’assemblage de ces éoliennes peut se réaliser sur toute l’année, la pose de ces engins ne pourra se faire qu’entre avril et octobre en raison des conditions météorologiques. « Il faudra, en amont de la pose, organiser toute la logistique de préparation et de consolidation. C’est là que Nantes peut jouer un rôle majeur ».

Premiers chargements en 2026

Quant au calendrier, il commence à se faire jour. Les premières études se réaliseront en 2022. Les procédures d’autorisation se dérouleront en 2023. Les travaux nécessaires sur les quais et le terminal s’étendront sur les années 2024 et 2025. Les premiers chargements pourront se faire dès 2026.

Renforcer le domanial dans les revenus du port

Cette stratégie permet aussi au port ligérien de revoir sa structure financière. En étant dépendant des approvisionnements en énergie fossile, le port est à la merci de décisions prises à Paris voire dans d’autres capitales du monde. L’orientation stratégique du port vers l’éolien flottant est aussi une façon de pérenniser les services portuaires mais aussi d’offrir aux salariés de la place portuaire un avenir vers de nouveaux métiers.

L’implantation d’une filière pour l’éolien offshore flottant sera aussi un moyen de restructurer les revenus du port. Aujourd’hui, la part du domanial entre pour 30% dans les recettes du port. « Nous sommes en retard », indique Olivier Trétout qui souhaite voir la part du domanial prendre plus d’importance dans les prochaines années.

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