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Pas de miracle, pas de surprise. Les chiffres 2013 du Grand Port Maritime de Nantes Saint-Nazaire affichent un recul important. Avec une baisse de 7.5%, la place ligérienne a traité un volume de 27.7 millions de tonnes, ce qui correspond au trafic d’il y a une dizaine d’années.

Principale raison, outre la conjoncture économique, l’important recul du trafic énergétique. Les énergies fossiles ont ainsi perdu 2.2 millions de tonnes l’an passé, notamment en raison de l’arrêt technique de la raffinerie de Donges. « Historiquement, la répartition du trafic Nantes Saint-Nazaire est de 70% sur le transport d’énergie (gaz naturel liquéfié, pétrole brut, charbon) et 30% sur d’autres trafics », détaille Francis Bertolotti, président réélu du Conseil de surveillance. Ce qui rend la place portuaire particulièrement sensible aux fluctuations de ces trafics mondialisés.

 

 

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© GPMNSN - ANDRE BOCQUEL

Le terminal méthanier exploité par Elengy (©  GPMNSN - ANDRE BOCQUEL)

 

 

L’effondrement du trafic GNL

 

 

A Nantes Saint-Nazaire le cas du GNL est particulièrement frappant. Il y a cinq ans, le trafic du terminal de Montoir atteignait les 5 millions de tonnes. L’an dernier, il s'est tout juste élevé à 1.2 millions de tonnes, enregistrant une baisse de 41.6% par rapport à 2012, déjà en repli de 43.3%. « Ces chiffres étaient attendus. Toutes les prévisions nous disent que cette chute va continuer jusqu’en 2017 », constate Jean-Pierre Chalus, président du Directoire du GPM. Une chute des trafics, sans préavis, en grande partie liée au fait que depuis quelques temps la demande asiatique a explosé et que les prix de rachat de la matière première sont beaucoup plus élevés qu’en Europe.

« Il n’y a pas grand chose que l'on ne puisse faire, cela nous dépasse. Pour autant, il faut souligner l’importance de conserver un terminal méthanier à Montoir, notamment pour la sécurisation, en complément avec Fos, des intérêts stratégiques. Mais également au niveau technique, puisque l’opérateur Elengy a réalisé des transbordements de navire à navire, une opération complexe qui démontre son savoir-faire », poursuit Jean-Pierre Chalus.

« Il faut que nous ayons une analyse beaucoup plus fine des impacts que les retournements de ces marchés énergétiques peuvent avoir sur nous. Des exemples récents de fermeture de raffineries ont eu lieu pas très loin d’ici. Sans être catastrophiste, il faut travailler sur des scénario-tests pour pouvoir mieux réagir en cas de coup dur ».

 

 

 

Un nouveau quai pour les conteneurs et les colis lourds

 

 

En attendant que le GNL reparte, le port mise sur ses autres trafics, moins volatils et qui, eux, ont affiché une hausse de 5% en 2013. Le conteneur a enregistré une baisse de 2.1%, lié à la forte réduction des importations métropolitaines de bananes antillaises, suite à la tempête tropicale de l’été dernier. Au-delà de cet aléa temporaire, c’est un marché qu’a choisi de développer le port. Après plusieurs années de procédure, l’autorisation préfectorale pour l’extension du terminal conteneurs a été signée en septembre. Ce quai, dont le linéaire continu sera porté à 350 mètres, devrait pouvoir accueillir des navires d'une capacité allant jusqu’à 8000 EVP mais également de la manutention pour les colis lourds, avec notamment les nacelles et les alternateurs d’éoliennes offshore que produiront les deux usines Alstom en cours de construction.  « Maintenant que toutes les spécifications liées au colis lourds ont été établies, les travaux vont pouvoir commencer », précise Jean-Pierre Chalus. Le nouveau quai, pour lequel le port investira 40 millions d’euros, va s’étendre sur l’actuel terminal roulier. Il devrait entrer en service mi-2017. Un nouveau poste roulier va être construit en aval, à l’emplacement du terminal sablier.

Toujours en matière d’éolien offshore, le GPM a été désigné en décembre dernier pour accueillir le hub logistique du consortium EMF, lauréat de l’appel d’offres pour le champ du banc de Guérande. Le futtur hub se situera à proximité de la forme Joubert, à Saint-Nazaire. « De bonnes perspectives s’annoncent également avec le projet du champs des deux Iles », ajoute le président du directoire, faisant référence au parc devant être installé en Vendée, entre Noirmoutier et l'île d'Yeu (l'appel d'offres est en cours). .

 

 

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Le port de Saint-Nazaire (©  GPMNSN - ANDRE BOCQUEL)

 

 

Une nouvelle autoroute de la mer ?

 

 

Et puis il y a le roulier et les autoroutes de la mer. Montoir est actuellement l'une des escales des rotations servant au transport des pièces Airbus, un service assuré par les navires de Fret Cetam (Ville de Bordeaux, City of Hamburg, Ciudad de Cadiz et Bore Sea). Une nouvelle rotation, le Milk Run Med, relie depuis le printemps Saint-Nazaire à l’Europe du Sud et au port marocain de Tanger, offrant, à en plus du fret d'Airbus, de nouvelles possibilités de transport et une ouverture vers le Sud. Il y a également la reprise par Suardiaz de la ligne régulière pour le transport automobile entre Montoir et Vigo.

Néanmoins, au chapitre des autoroutes de la mer, il y a plusieurs interrogations. « Nous sommes très attachés à notre ligne Montoir-Gijon qui a un beau taux de remplissage. Nous avons appris ce nouveau métier et sommes prêts à en faire davantage, notamment avec le deuxième projet Algeciras-Vigo-Montoir-Le Havre. Mais pour l’instant nous n’avons pas encore de calendrier, qui doit être fixé par les gouvernements français et espagnol », détaille Jean-Pierre Chalus. Pour la ligne actuelle, opérée par LDLines, la question de sa pérennité se pose après septembre 2014, date à laquelle les subventions vont être réduites. Pour compenser ces pertes financières, l'armateur a décidé de développer des lignes complémentaires vers l'Irlande et l'Angleterre, de manière à mieux rentabiliser son outil naval. 

 

 

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(©  GPMNSN - ANDRE BOCQUEL)

 

 

Le port de la transition énergétique

 

 

Pour stabiliser les activités portuaires, le GPM veut trouver de nouvelles pistes. « Il faut développer des alternatives. Nous avons des belles possibilités ici, au niveau régional en développant notre hinterland et en nous ouvrant davantage vers de nouveaux marchés, le sud de l’Europe ou la Chine ». Pour lutter contre le phénomène d’insularisation des côtes atlantiques, conséquence directe du déplacement du centre de gravité de l’Europe vers l’Est, il faut « jouer collectif ». Alors Nantes s’est rapproché de La Rochelle et les deux GPM ont choisi de travailler ensemble au sein de l’opérateur ferroviaire OFP Atlantique avec pour objectif, à plus long terme, de développer une offre de transport combiné. « Il faut reprendre notre destin en main ». Ne pas subir mais proposer des nouvelles possibilités : « il faut voir à plus long terme, à quoi ressemblera le port en 2050 et anticiper. Nantes Saint-Nazaire doit se projeter et pourrait devenir, notamment, le port de la transition énergétique ».

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